Les Kurdes sous extrême pression à la veille des élections en Turquie
Mardi, la police a procédé à l’arrestation de plus d’une centaine de personnes, en majorité des intellectuels, dans 21 provinces, dont celle de Diyarbakir à majorité kurde. Selon l’Association du barreau de Diyarbakir contacté par l’AFP, “le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150”, dont au moins “une vingtaine d’avocats, cinq journalistes, trois acteurs de théâtre et un politicien”. Selon la télévision publique TRT, ils sont accusés d’avoir financé le PKK en faisant des versements à partir de sociétés basées dans des municipalités gérées par le HDP.
Parmi les personnes inculpées, se trouve notamment le journaliste Hakki Boltan, dont le domicile et sa maison d’édition ont été perquisitionnés, les policiers emportant livres, ordinateurs et clés USB. Il avait été condamné en 2021 à deux ans de prison pour avoir “insulté” le président Erdogan et l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu.
Troisième force politique du pays
Le HDP est la troisième force politique du pays. Sous la menace d’une interdiction à la veille des élections présidentielle et législatives du 14 mai, il compte se présenter sous la bannière d’un petit parti de gauche écologiste. Mais il fait campagne actuellement sous son nom.
Crédité d’un peu plus de 10 % des voix dans les sondages, derrière l’alliance menée par Erdogan et celle de l’opposition (la table des Six), le HDP pourrait jouer un rôle de faiseur de rois lors du scrutin. Son cofondateur Selahattin Demirtas est en prison depuis 2016 pour “propagande terroriste” tandis qu’en 2019, des dizaines de maires élus HDP avaient été écartés pour “terrorisme”.
A un mois d’un scrutin historique, la fébrilité règne en Turquie
Les frappes de drone se multiplient en Syrie et en Irak
Parallèlement à cette opération à l’intérieur du pays, l’armée et le service de renseignement (MIT) turcs ont accentué leurs opérations dans le nord de la Syrie et de l’Irak avec pour objectif de “neutraliser” un maximum de responsables des milices proches idéologiquement du PKK. L’armée a tué 21 militants en quatre jours, a annoncé le 22 avril le ministre turc de la Défense. “L’organisation terroriste PKK est un outil utilisé contre la Turquie. Nous sommes déterminés à la détruire. Nous irons jusqu’au bout”, déclare Hulusi Akar.
Parmi ces combattants se trouvent des membres des Unités de protection du Peuple (YPG) qui sont, au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), étroits partenaires des États-Unis dans la lutte contre Daech. Le général américain Matthew McFarlane, commandant de l’opération, a salué leur travail lundi lors d’un briefing téléphonique avec la presse. Le MIT a annoncé mardi avoir tué l’un des dirigeants des YPG, Mehmet Sari, le 14 avril à Qamishli. Le commandant, décédé après un tir de drone, est présenté par la Turquie comme un “terroriste” mais les Kurdes affirment qu’il a participé à toutes les grandes batailles contre l’État islamique de Kobane jusqu’à Raqqa. Il était originaire de la ville turque de Mardin, frontalière avec la Syrie.
Turquie : vague d’arrestation à l’approche des élections