Suisse

Paix, crises, Trump vs Biden: ce qui attend la Genève internationale en 2024

Les appels répétés depuis Genève des agences humanitaires à un cessez-le-feu à Gaza n’ont pour le moment eu pour écho qu’une pause humanitaire de six jours fin novembre. Obs/handicap International

Les incertitudes du futur planent sur les organisations internationales de Genève. 2024 pourrait voir naître des espoirs de paix, mais aussi de nouveaux conflits, ou encore un retour de Donald Trump au pouvoir. Analyse.

Ce contenu a été publié le 29 décembre 2023 – 11:00




Frieden, Krisen, Trump vs. Biden: Was das internationale Genf im Jahr 2024 erwartet

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  • Une année de plus marquée par un empilement de crises. Voici à quoi pourrait se résumer 2023 du point de vue des organisations de la Genève internationale. L’année 2024 s’annonce tout aussi compliquée.

    Ukraine: la diplomatie s’active

    Le 14 janvier, la paix en Ukraine ne se discutera pas à Genève, mais dans les Alpes suisses, à Davos, où aura lieu une ronde de discussions sur le plan de paix du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

    La Russie n’a pas participé aux trois étapes précédentes, à Djeddah, Copenhague et Malte, et rien n’indique qu’elle le fera cette fois.

    Il ne s’agit donc pas de négociations. Et l’espoir de voir la paix s’installer en Ukraine en 2024 reste éloigné. The EconomistLien externe le souligne dans un éditorial récent: «Pour l’Ukraine, il est inacceptable de permettre à la Russie de conserver le territoire qu’elle occupe, notamment en raison de l’impact économique de la perte d’une partie de son accès à la mer. Pour la Russie, l’invasion ressemble encore à un échec, car elle ne contrôle pas pleinement les quatre provinces annexées en 2022.»

    L’un des rares points sur lesquels l’Ukraine et la Russie avaient pu s’entendre, l’accord sur les céréales en mer Noire, négocié par l’ONU et la Turquie, a expiré à la suite du retrait de Moscou en juillet 2023. Il avait permis une reprise des exportations ukrainiennes et une baisse du prix des céréales, contribuant à prévenir une crise alimentaire mondiale. Questionnée par Geneva SolutionsLien externe, une haute responsable onusienne révèle toutefois que des discussions visant à le ressusciter sont en cours.

    L’une des discrètes ONG de médiation genevoises, le HD Centre, avait joué un rôle clé dans la mise sur pied de cet accord, comme l’a dévoilé une enquête du média DevexLien externe. Une diplomatie parallèle qui permet, à l’heure ou une médiation de la Suisse officielle semble impossible, un dialogue indirect entre Russes et Ukrainiens. En 2024, elle continuera vraisemblablement son activité, à l’abri des regards.

    Proche-Orient: escalade ou paix durable?

    À la mi-décembre, l’issue de la guerre au Proche-Orient demeure incertaine. Les appels répétés depuis Genève des agences humanitaires à un cessez-le-feu n’ont pour le moment eu pour écho qu’une pause humanitaire d’une semaine fin novembre.

    Durant celle-ci, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a joué un rôle clé, facilitant notamment le transfert de 80 otages israéliens contre 240 prisonniers palestiniens.

    Les humanitaires sont aujourd’hui à court d’adjectifs pour décrire la souffrance de la population civile à Gaza. L’an prochain, une question les tourmentera: la guerre va-t-elle mener à une escalade régionale, un conflit qui s’ancre dans le temps, ou une paix durable?

    Un système humanitaire à bout de souffle

    2023 aura été difficile pour les agences humanitaires de Genève. Les conflits existants ne se sont pas résorbés, alors que de nouvelles crises ont éclaté au Soudan et au Proche-Orient. Des crises auxquelles sont venues s’ajouter des catastrophes naturelles, parfois dans des zones déjà fragilisées: tremblements de terre en Syrie, en Afghanistan, ou encore inondations en Libye.

    L’ONU s’attend à ce que les besoins humanitaires atteignent 46 milliards de dollars en 2024. Une estimation qui se veut réaliste, en prenant en compte les sources de financement limitées. Alors que la fin de l’année approche, les agences humanitaires onusiennes n’ont reçu que 37% des 57 milliards de dollars dont elles avaient besoin.

    La difficulté restera – alors que les guerres au Proche-Orient et en Ukraine dominent les médias occidentaux – d’attirer l’attention des pays donateurs sur les crises oubliées: de Haïti à l’Afghanistan en passant par la République démocratique du Congo, le Yémen et la Syrie.

    2023 fut aussi une année de crise pour le CICR, qui a été confronté à un important déficit de financement. Accusée de trop s’éparpiller et de dérive budgétaire, l’organisation genevoise a indiqué qu’elle allait se recentrer sur ce qui fait sa spécificité: les visites aux prisonniers de guerre, les échanges de détenus, le rétablissement des liens familiaux.

    Le CICR a déjà réduit son budget et a annoncé la suppression de quelque 1800 emplois. Avec une neutralité souvent mal comprise, l’organisation devra prouver qu’elle peut encore faire la différence. Un défi de taille pour le futur directeur général, Pierre Krähenbühl, qui prendra ses fonctions au mois d’avril.

    Une présidentielle à haut risque

    En novembre, les yeux de la Genève internationale se tourneront vers les États-Unis, où auront lieu les élections présidentielles. Un possible «rematch» dans lequel s’affronteraient à nouveau le président sortant, Joe Biden, et son prédécesseur, Donald Trump. Une élection qui, comme le rappelle The EconomistLien externe dans un autre éditorial, devrait se jouer aux votes de quelques «dizaines de milliers d’électeurs dans une poignée d’États».

    Durant son mandat (2016-2020), le milliardaire américain avait clairement affiché son mépris pour le multilatéralisme, jetant ainsi un froid au sein des organisations internationales de Genève. Sous son impulsion, les États-Unis s’étaient retirés de plusieurs instances, dont le Conseil des droits de l’homme et l’Organisation mondiale de la santé.

    Avec pour conséquences, une montée en puissance de la Chine, bien décidée à profiter du vide laissé par Washington pour marquer de sa griffe le système des droits humains.

    Le retour du protectionnisme économique du républicain serait certainement aussi une mauvaise nouvelle pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont le système d’arbitrage reste paralysé depuis l’administration Trump.

    Accord sur les pandémies

    En 2024, un traité sur les pandémies devrait être adopté à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le futur accord, en chantier depuis 2021, doit permettre à l’OMS et ses 194 États membres de prévenir plus efficacement et de mieux lutter contre la prochaine pandémie.

    Les négociations avancent, mais des divergences subsistent entre les pays du Sud et ceux du Nord. L’un des principaux points de friction: la protection des brevets pour les vaccins et les médicaments. Les pays aux industries pharmaceutiques fortes, dont la Suisse, estiment qu’un assouplissement du droit en la matière serait un frein à l’innovation.

    Si le texte final est adopté comme prévu lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé, fin mai 2024, il sera un rare exemple actuel de collaboration multilatérale réussie à l’échelle mondiale.

    Conseil de sécurité: deuxième tour de piste pour la Suisse

    Les décisions politiques de l’ONU se prennent à New York. Mais elles ont des conséquences sur l’activité de son siège européen, à Genève, depuis lequel est notamment coordonnée l’action humanitaire.

    En 2024, pour sa deuxième et dernière année en tant que membre non permanent du puissant (bien que souvent paralysé) Conseil de sécurité, la Suisse aura l’occasion de porter ses valeurs au plus haut niveau.

    Texte relu et vérifié par Virginie Mangin

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