Maroc

Réduction critique des apports en eau aux barrages : Le Maroc accablé par une sécheresse exceptionnelle

Le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde et se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue en eau fixé à 500 m3 par personne et par an.

Stress hydrique : Le Maroc fait face à une sécheresse exceptionnelle. Les précipitations durant les trois derniers mois n’ont pas dépassé la moyenne de 21 mm. Le Royaume a atteint une phase critique de sécheresse.

La sécheresse observée cette année au Maroc est exceptionnelle par son intensité, son ampleur mais aussi sa durée. La pluviométrie est à son plus bas niveau.
Récemment, le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, avait indiqué que le Maroc se situe dans une phase critique après trois années de sécheresse successives.
Les précipitations durant les trois derniers mois n’ont pas dépassé la moyenne de 21 mm, soit une régression de 67% par rapport au volume des précipitations durant la même période d’une année normale. Cette baisse significative des précipitations a entraîné une réduction critique des apports en eau aux barrages, les entrées d’eau au niveau des barrages au cours des trois derniers mois n’ont pas dépassé 519 millions de m3, alors que la même période de l’année dernière a enregistré l’entrée de 1,5 milliard de m3, soit une baisse de deux tiers. Le ministre avait également fait savoir que les entrées d’eau aux barrages ont considérablement diminué, notamment au Loukous (la moyenne annuelle est de 282 millions m3, contre 23 millions de m3 cette année), à Moulouya (311 millions de m3 l’année dernière, contre 121 millions m3 pour l’année en cours), Sebou (758 millions de m3, contre 90 millions de m3 cette année), Bouregreg (147 millions de m3, contre 14 millions de m3 cette année), Oum Rabia (694 millions de m3, contre 195 millions de m3), et Tensift (890 millions de m3, contre 141 millions de m3). Cette situation a affecté le taux de remplissage des barrages, qui ne dépasse pas actuellement 23,5%, contre 31% à la même période de l’année dernière, soit un recul de 7%.

Le Maroc parmi les pays les plus pauvres en eau au monde

Dans son rapport sur le climat et le développement, la Banque mondiale avait indiqué que le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde et se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue en eau fixé à 500 m3 par personne et par an.
Ce seuil pourrait être atteint avant même la fin de la décennie. Entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables est passée de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le Maroc en situation de stress hydrique structurel (moins de 1.000 m3).
On estime qu’une région est en stress hydrique lorsqu’elle passe sous la barre symbolique des 1.000 mètres cubes d’eau douce par habitant sur une période d’un an. Le World Resources Institute a publié une carte montrant les pays qui souffriront le plus du manque d’eau d’ici 2040.
Cette carte a été élaborée en se basant sur les projections climatiques, l’augmentation de la population, le niveau de développement, l’urbanisation, ainsi que l’élévation du niveau de la mer qui va rendre insalubres certaines ressources.
L’Institut a placé en risque «extrêmement élevé» de pénurie d’eau 17 pays, parmi lesquels figurent le Maroc, l’Espagne, l’Algérie, la Tunisie, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, la Palestine, Israël, Oman, le Liban, l’Irak, la Syrie, la Jordanie ou encore le Pakistan. Les projections du World Resources Institute pour 2040 révèlent que la raréfaction des ressources en eau est amenée à s’aggraver. En effet, face à une demande en eau sans cesse croissante, les ressources restent de plus en plus limitées. L’augmentation de la demande en eau s’explique par l’accélération de l’urbanisation, l’essor de la démographie mondiale et les besoins croissants en eau dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie.

Les mesures pour limiter le stress hydrique

Pour limiter l’impact de cette situation, le gouvernement a pris plusieurs mesures importantes, notamment la connexion d’eau entre Sebou et Bouregeg ainsi que l’accélération du rythme de réalisation des projets relatifs aux stations de dessalement de l’eau de mer. Il est important de noter que le Maroc compte 152 grands barrages, 18 barrages sont en cours de construction. Ils permettront de porter la capacité de stockage des ressources en eau à plus de 27 milliards de mètres cubes. Dans le cadre de la politique de l’eau adoptée par le Royaume, la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles se fait à travers des projets de dessalement de l’eau de mer, dont le plus important est celui mené dans la région de Casablanca-Settat. La réutilisation des eaux usées représente aussi l’un des axes majeurs du Plan national de l’eau, ainsi que le programme national d’assainissement liquide.
La capacité globale installée de 12 stations existantes de dessalement de l’eau de mer s’élève à 179 millions de m3 par an, auxquels s’ajoutent quelque 37 millions de m3 issus du dessalement des eaux saumâtres. Cette capacité de production sera renforcée par 110 millions de m3 à la faveur des apports de deux stations de Safi et Jorf Lasfar réalisées par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) en vue d’approvisionner les villes de Safi et d’El Jadida en eaux potable et industrielle. Selon le ministre, cette capacité se développera durant les prochaines années avec des projets en cours de lancement ou de mise en service, notamment à Sidi Ifni, Tarfaya, Dakhla et Casablanca.