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La droite finlandaise évince du pouvoir Sanna Marin, l’étoile sociale-démocrate

En dépit d’un sondage montrant que 64 % des Finlandais estiment que Sanna Marin, inexpérimentée en politique, a fait “du bon travail” depuis son élection en 2019 à l’âge de 34 ans, les électeurs lui ont néanmoins tourné le dos, portant leurs voix sur le centre-droit et l’extrême droite.

Le parti social-démocrate de Sanna Marin est arrivé en troisième position du scrutin avec 19,9 % des voix. Il est en hausse de 2,2 %, mais devancé par les Vrais Finlandais (extrême droite) avec 20,1 % et la Coalition nationale (centre-droit) qui remporte l’élection avec 20,8 % des voix.

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Un vote pour le changement, mais avec quelle coalition ?

C’est un désaveu de la politique de Sanna Marin et de sa coalition de centre-gauche, qui a négligé l’économie durant son mandat, s’occupant plus de questions internationales comme l’adhésion à l’Otan et de la Russie que de questions intérieures selon ses détracteurs. L’opposition n’a pas ménagé ses critiques contre le gouvernement de Mme Marin accusé d’avoir dépensé beaucoup trop d’argent, creusant le déficit budgétaire et aggravant la dette du pays, passant de 67 % du PIB en 2019 à 73 % en 2023. “Les Finlandais ont voté pour le changement. Ils nous ont donné mandat pour redresser l’économie”, a ainsi clamé Petteri Orpo, le président de la Coalition nationale, le premier parti du Parlement, qui sera appelé à former un nouveau gouvernement.

Son objectif est de “réduire la dette, les dépenses publiques et relancer la croissance et l’emploi” en élaborant un programme d’austérité bien accueilli par les Vrais Finlandais. M. Orpo s’est déclaré “prêt à négocier avec tous les partis, y compris avec les Vrais Finlandais”, un parti “respectable” selon lui et qui “n’est pas un parti d’extrême droite” contrairement à ce que considère Sanna Marin qui le qualifie de “raciste”.

”Nous avons beaucoup de points communs”, a assuré M. Petteri durant un débat électoral, en dépit de “nos divergences sur l’immigration, l’UE et les questions climatiques”. Les négociations risquent néanmoins d’être longues et compliquées pour rallier une majorité au Parlement pour le futur Premier ministre. Même l’éventualité d’une coalition avec les sociaux-démocrates “n’est pas exclue” selon M. Orpo.

Sanna Marin ne regrette rien

Évincée, Sanna Marin, s’est néanmoins déclarée “réjouie par le bon résultat obtenu” par son parti. Mais la “rock star” politique adulée par ses fans, a payé aussi le prix de son comportement dans sa vie privée. Des vidéos diffusées en boucle sur les réseaux sociaux la montraient danser et chanter avec des amis dans une boîte de nuit en pleine pandémie du Covid alors qu’elle était en contact avec le ministre des Affaires étrangères qui était testé positif au coronavirus ou encore la publication d’une photo de deux femmes aux seins nus s’embrassant dans une fête organisée dans la résidence de la Première ministre ont fini par choquer une opinion prude et réservée.

Ses excuses répétées, ses pleurs devant les caméras n’ont pas suffi à restaurer pleinement la confiance de l’électorat pourtant reconnaissant envers sa bonne gestion de la crise du Covid, et ses efforts pour faire entrer son pays dans l’Otan, mettant fin à “la politique de non-alignement historique de la Finlande” et garantir ainsi sa sécurité face à un voisin russe imprévisible.

Mais elle ne regrette rien. Dans une émission télévisée 60 minutes, elle explique que “ce qui dérangeait et causé tant de bruit était ma façon de danser, de m’amuser parce que certaines personnes pensaient que ce n’était pas approprié pour une Première ministre”. “Car il existe malheureusement encore certaines règles non écrites pour les femmes en particulier dans ce type de poste”, constate-t-elle.

Elle persiste et signe : “Je me fiche de ces règles. Je suis moi. Je vis ma vie et continue de danser, de boire de temps en temps, de voir mes amis et de faire des choses normales pour mon groupe d’âge. Je ne pense pas qu’il faille laisser place à ce sexisme ou à cette misogynie”.