France

Loin de la Tour Eiffel et de Montmartre, l’Île-de-France aussi fait son cinéma

Paris et le cinéma, une véritable « Love story ». Depuis de nombreuses années, la ville est peut-être la capitale internationale des tournages de film. Seule New York semble en mesure de la concurrencer. Si la Tour Eiffel, Montmartre ou encore la Seine attire les réalisateurs, c’est toute la région qui est plébiscitée par le cinéma.

Les professionnels sont unanimes : additionnez « Ville lumière », aéroports internationaux, studios en tout genre, et vous obtenez le cocktail parfait pour des conditions de tournage. Mais ce ne sont pas les seuls atouts : « La région dispose de magnifiques paysages, explique Fabien Pondevaux, repéreur professionnel de décors naturels, à l’exception de la mer et de la montagne, on retrouve tous les paysages de France. On peut même y recréer des paysages étrangers. »

Et certains décors valent un petit tour de la région. Pour preuve, 20 Minutes a sélectionné quatre lieux franciliens méconnus et pourtant stars du grand écran.

Abbaye Notre-Dame du Val (95)

René Clément ne s’y est pas trompé en tournant la fin de son cultissime « Jeux interdits » dans le Val-d’Oise. Située sur la commune de Mériel, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, cette abbaye cistercienne a été bâtie en 1125, ce qui en fait l’une des plus anciennes d’Île-de-France.

Une photo aérienne de l'Abbaye Notre-Dame du Val.
Une photo aérienne de l’Abbaye Notre-Dame du Val. – Eric Feferberg / AFP

Si elle a perdu sa vocation monastique pendant la Révolution française et qu’une partie a été détruite dans le courant du 19e siècle, le bâtiment des moines et la galerie du cloître sont toujours debout et ont même été classés monuments historiques en 1947. Seulement six ans avant le tournage du film qui a révélé Brigitte Fossey. En 1953, l’abbaye a également accueilli le tournage de « Cet homme est dangereux » de Jean Sacha, celui de « Nos plus belles vacances » en 1996 ou encore une partie du tournage des « Rois maudits » de Josée Dayan en 2005.

Le cinéma n’est pas le seul à avoir succombé aux charmes de l’abbaye puis plusieurs clips musicaux ont aussi posé leurs caméras dont Mylène Farmer pour sa chanson « Je te rends ton amour » en 1999.

Lieu privé, l’Abbaye ne se visite que lors des journées du patrimoine. Mais elle n’a toujours pas fermé ses portes au cinéma. Dernièrement, c’est le dernier blockbuster français de Martin Bourboulon « Les trois mousquetaires : D’Artagnan » avec François Civil, Pio Marmaï, Romain Duris et Vincent Cassel qui y a fait une escale pour quelques scènes.

Pas encore sorti sur les écrans, un spin-off de la série « The Walking Dead » y a été tourné très récemment.

Les espaces d’Abraxas (93)

La ville de Noisy-le-Grand et la Seine-Saint-Denis se sont fait une place dans le cœur des cinéastes depuis plusieurs décennies. Et les espaces d’Abraxas n’y sont pas pour rien. Inauguré en 1983 dans le quartier du Mont Est par l’architecte Ricardo Boffil, cet ensemble monumental composé de trois bâtiments ne peut laisser insensible. Baptisés le Théâtre, l’Arc et le Palacio, ils semblent tout droit sortis d’un film dystopique.

Terry Gilliam, membre des Monty Python devenu génial réalisateur, y a trouvé le décor parfait pour les scènes urbaines de son film de science-fiction « Brazil » (1985). Il faut dire que les tours ocre du complexe ne ressemblent à rien d’autre… À part peut-être le palais de Ceausescu à Bucarest.

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Série « Souvenir d’un Futur »
Joseph, 88 ans, Les Espaces d’Abraxas, Noisy-le-Grand, 2014 – Laurent Kronental/BNF

Un petit côté soviétique qui a aussi inspiré Yves Boisset dès 1983 pour son « Prix du danger », un œuvre d’anticipation franco-yougoslave avec Patrick Deweare. Dès l’année suivante, c’est Jean-Pierre Mocky qui est venu y filmer des scènes de son mythique « A mort l’arbitre ».

Si le cinéma a ensuite laissé les lieux tranquilles pendant quelques années, les espaces d’Abraxas ont quand même résisté à l’ « Ouragan » de Stéphanie de Monaco (1986), avant d’accueillir Michel Berger pour son clip « Ça ne tient pas debout » (1990) et Cheb Mami pour « Parisien du Nord » (1998).

Après une renaissance cinématographique initiée Par Kad Merad et Olivier Baroux dans leur « Mais qui a tué Pamela Rose ? » en 2003, l’ensemble a connu une pige hollywoodienne avec le tournage de scènes du blockbuster américain « Hunger Games : La Révolte, partie 2 » (2015) de Francis Lawrence avec l’oscarisée Jennifer Lawrence. Sacré CV.

« Les Etoiles » de Jean Renaudie (94)

Le dernier volet de la saga Hunger Games ne s’est pas contenté de ne visiter qu’un site francilien puisqu’une partie des scènes a également été tournée à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Cet ensemble immobilier surréaliste a attiré l’œil des repéreurs du film.

Les Espaces Renaudie accueille plus de 1.000 logements, une école et un centre commercial.
Les Espaces Renaudie accueille plus de 1.000 logements, une école et un centre commercial. – DAVID MERLE

Car l’œuvre architecturale réalisée par Renée Gailhoustet et Jean Renaudie, Le quartier « Les Etoiles » souvent renommé « Les Étoiles de Renaudie » ou les « Étoiles d’Ivry » ne passe pas inaperçu dans le paysage urbain. En forme d’étoiles (forcément…), les tours modernistes et anguleuses offrent une grande diversité de logements par le décalage de ses étages, avec de nombreuses vues panoramiques, et grâce aux dizaines de terrasses végétalisées.

Outre ses mille logements, le quartier abrite aussi une école et un centre commercial.

Hippodrome d’Evry-Courcouronnes, Ris-Orangis, Bondoufle (91)

Sans doute le plus sauvage de la liste. Et pourtant, il n’y était pas destiné. Autrefois haut lieu du galop francilien, l’hippodrome d’Evry est devenu un poids lourd du cinéma. Situé sur les communes d’Evry-Courcouronnes, de Bondoufle et Ris-Orangis, cette gigantesque structure a longtemps fait le bonheur des turfeurs et autres fans de chevaux.

Construit entre 1970 et 1972, il connut ses heures de gloires pendant deux décennies jusqu’à être victime d’un plan de restructuration du galop français et pour accueillir sa dernière course en 1996. Depuis, avec plusieurs échecs de reconversion, dont celui du grand stade national de Rugby l’ensemble est laissé à l’abandon.

L'hippodrome offre un cadre idéal pour les productions post-apocalyptiques.
L’hippodrome offre un cadre idéal pour les productions post-apocalyptiques. – Grand Paris Sud

Enfin façon de parler. Car aujourd’hui géré par la collectivité Grand Paris Sud, le lieu continue de vivre malgré les apparences. Shooting photos, publicités, clips de musique, le lieu reste à la disposition des imaginations les plus fertiles. Une aubaine pour de nombreux cinéastes qui ont profité de ses décors très « rétros » avec ses couleurs vintage et « flashy », son bar et ses escalators défraîchis. Surtout, avec la végétation qui a repris ses droits, le lieu s’avère idéal pour les films de zombies post-apocalyptiques.

C’est d’ailleurs l’endroit choisi par Michel Hazanavicius pour tourner 80 % son loufoque « Coupez ! » sorti en 2022. Avant lui, de nombreuses productions ont aussi profité des lieux. On peut citer de manière non exhaustive : « Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal », La série « Profilage » de TF1, ou encore « Balthazar » ou « Clem ».