France

L’ado reclus à Rennes n’était ni caché, ni malnutri, assurent les avocats

Au lendemain de la révélation de poursuites engagées contre une Rennaise de 48 ans pour des motifs de « soustraction à ses obligations légales » et « privation de soins » vis-à-vis de son fils âgé de 14 ans, les avocats de la mère de famille contestent les accusations de maltraitance. L’adolescent, qui vivait seul avec sa mère, a été retiré à cette dernière en juillet 2022 et placé auprès de l’aide sociale à l’enfance depuis un signalement médical à la suite d’une consultation à l’hôpital en raison d’un malaise. L’enfant présentait une maigreur importante et des difficultés de communication. Le quotidien Ouest-France, qui a révélé l’affaire, rapporte que l’ado était caché depuis sa naissance et vivait reclus.

« Il n’était pas caché, ni enfermé, assure Emmanuel Ludot, avocat. Il sortait, il allait à la bibliothèque, il allait au musée, il n’était pas en dehors du monde. » « Il avait une vie sociale, il jouait, il était passionné d’Histoire. Il était connu des amis de sa mère. C’est aberrant de dire qu’il est caché », insiste Thomas Koukézian, autre avocat de la famille. L’adolescent n’allait pas à l’école, il suivait l’instruction à domicile.

« Un décalage entre ce qui a été dit et la réalité »

« Lui et sa mère avaient une vie tout à fait normale sauf qu’ils étaient constamment l’un avec l’autre, indique Emmanuel Ludot. Ils avaient un mode de fonctionnement et un mode de vie qui étaient fusionnels. Ça peut être bien mais ça peut aussi être délétère puisque arrivé à l’adolescence les enfants ont besoin de prendre leur autonomie. C’est là où, effectivement, la justice a considéré que mener cette relation fusionnelle, ne pas être scolarisé, c’était une forme de maltraitance. Mais ça ne colle pas. »

Les deux avocats récusent aussi le fait que l’enfant, qui n’était pas vacciné, soit malnutri et pesait 25 kg en juillet 2022. « Il pesait 33 kg pour 1,47 m, affirme Emmanuel Ludot. Il y a des tas de jeunes qui ont 14 ans et qui grandissent plus tard, qui prennent du poids plus tard. Il n’était pas malnutri, c’est juste qu’il faisait ce qu’il voulait : j’ai envie d’une pizza, je mange une pizza, j’ai envie de viande, je ne mange que de la viande. » « C’est un enfant mince. Il n’est ni maladif, ni squelettique, ni anorexique », rapporte Thomas Koukézian, lequel reconnaît toutefois ne pas avoir eu accès au dossier médical. « Je suis très surpris par l’emballement médiatique autour de cette affaire, ajoute Me Koukézian. Pour moi c’est un dossier banal. Il y a un décalage important entre ce qui a été dit et la réalité. »

« Il vivait avec des règles différentes »

Issue d’un « milieu aisé », diplômée en architecture et histoire de l’art, la mère de famille avait accouché aux Philippines. La naissance avait été déclarée à l’ambassade de France. La Française avait ensuite vécu avec son fils à Paris avant de rejoindre Rennes en 2020.

« C’est un dossier très atypique, considère Emmanuel Ludot. Le niveau social et culturel de la maman n’est pas le niveau social habituel en matière de maltraitance. Ce n’est pas un enfant carencé au niveau affectif comme on trouve dans tous les dossiers de maltraitance, c’est un enfant qui a été trop aimé. Il vivait avec des règles différentes mais il n’était pas en souffrance. La justice de Rennes n’a pas compris que ce dossier devait se gérer comme un dossier atypique et on a eu un pourrissement de la situation : l’enfant est placé dans un service social, la maman s’est trouvée stigmatisée et blâmée comme une mauvaise mère et comme elle résiste et ne rentre pas dans le format qui lui est imposé on la renvoie maintenant en correctionnelle. C’est excessif. Il ne fallait pas retirer l’enfant brutalement à la mère. Il fallait le laisser au domicile en imposant un éducateur qui, par le dialogue, aurait amené à rétablir les choses pour qu’elle adopte un autre mode de vie. »

Après l’ouverture d’une enquête préliminaire, la mère a été placée en garde à vue puis déférée mardi au parquet. Elle sera jugée le 5 octobre devant le tribunal correctionnel.