Belgique

Denis Ducarme (MR): “Magnette n’a pas intégré que le PS n’a plus le droit de vie et de mort sur les autres partis”

L’interview de Paul Magnette sur le féminisme.

Député fédéral et rival politique de Paul Magnette à Charleroi, Denis Ducarme a souhaité réagir à ces propos. “Les attaques à répétition de Paul Magnette contre le MR laissent des traces dans nos rangs, explique-t-il. Quand il nous dépeint comme la droite arrogante et sans cœur, oui, ça laisse des traces. Il n’arrête pas de repasser ce disque… Il mène aussi des attaques personnelles contre le président du MR sur la façon de faire de la politique ou contre des parlementaires. Tout cela conduit la politique au niveau des caniveaux. On pourrait espérer plus de nuance d’un président de parti ou, en tout cas, un peu plus d’humilité de sa part, lui qui a ridiculisé les Wallons après ses traits d’humour dans la presse flamande (Paul Magnette avait notamment évoqué, sur le ton de la plaisanterie, l’amour de la vie des Wallons par rapport au côté besogneux des Flamands, NdlR), ou après l’échec du dossier Legoland à Charleroi.”

guillement

Quand Paul Magnette nous dépeint comme la droite arrogante et sans cœur, oui, ça laisse des traces.« 

Denis Ducarme se montre très critique au sujet des décisions récentes de Paul Magnette. Il pointe sa réaction dans l’épineux dossier des masters en médecine à Mons et à Namur. Pour rappel, le MR avait refusé les demandes de création de nouveaux cursus provenant de l’UMons et de l’UNamur. Le ton était immédiatement monté avec les socialistes. Au plus fort de cette crise au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le président du PS avait annoncé qu’il était prêt à éjecter le MR de la majorité et à le remplacer par Les Engagés.

Dans le dossier « masters en médecine », le PS s’était préparé à une majorité alternative sans le MR mais avec Les Engagés.

Un compromis avait finalement pu être dégagé, mais cet épisode reste en travers de quelques gorges libérales. “L’agressivité permanente du président du PS s’est concrétisée par de la déstabilisation dans un dossier qui aurait pu être réglé beaucoup plus calmement. La bonne volonté du MR avait été démontrée, mais il n’a pas hésité à préparer ce qui aurait pu être la chute du gouvernement Jeholet. C’est quoi la prochaine étape ? La chute de la Vivaldi ?, s’agace Denis Ducarme. Si Paul Magnette reproduit cela, ces attaques, il y aura des conséquences. À un moment donné, on ne peut pas tout se permettre en politique. À l’inverse de cette fébrilité, je sens au niveau du MR la volonté pour l’année qui vient d’être un socle de stabilité, de ne pas gaspiller d’énergie dans un climat préélectoral.

guillement

Si Paul Magnette reproduit cela, ces attaques, il y aura des conséquences.« 

Par ailleurs, le député libéral s’inquiète d’une dérive idéologique qui toucherait les socialistes francophones : le PS serait contaminé par la radicalisation d’une partie de la gauche française. “Paul Magnette se comporte comme à la fin des années 80, lorsque le PS était à 40 % ! Mais il n’a pas intégré que le PS n’a plus le droit de vie et de mort sur les autres partis. Le PS n’est plus ce qu’il était et cela le rend fébrile. D’autant plus que le PTB progresse dans les sondages. Cela pousse Magnette à prendre des airs de mélenchoniste à la sauce wallonne. Le syndrome de la Nupes (l’alliance parlementaire des formations de gauche en France, NdlR) frappe aussi le PS belge et provoque la rupture avec la sociale-démocratie, l’engagement dans un socialisme d’un autre âge.

guillement

Le PTB progresse dans les sondages. Cela pousse Magnette à prendre des airs de mélenchoniste à la sauce wallonne.« 

Et les accusations de sexisme à l’encontre de la ministre Dedonder ? Denis Ducarme les réfute. “C’est désagréable de voir un président de parti en arriver là. Surtout quand on est féministe comme je le suis. Je trouve que c’est une très bonne chose d’avoir des femmes qui occupent des compétences régaliennes. Mais, ce que Paul Magnette doit comprendre, c’est que ce n’est pas parce qu’un ministre est une femme et est socialiste que cela lui confère un totem d’immunité. Sur la gestion de Madame Dedonder, j’ai en effet des questions… Par exemple, elle ne veut pas lâcher TikTok alors que cette application chinoise est interdite à l’ensemble des militaires… Il faut être en Belgique pour voir ça.

L’application TikTok a été conservée par plusieurs mandataires politiques.

Denis Ducarme n’en démord pas: la Ville de Charleroi doit faire mieux en matière de sécurité publique.
Denis Ducarme lance un avertissement à Paul Magnette : si le président du PS continue d’attaquer le MR, il y aura des conséquences. ©ÉdA – 60255397150 

Des violences verbales et morales contre Karine Lalieux ?

Dans l’entretien que le président socialiste nous avait accordé, une petite phrase a suscité de très nombreux commentaires. Il dénonçait “des violences verbales et morales” que Karine Lalieux (PS), ministre des Pensions, aurait subies en tant que femme durant le récent conclave budgétaire au fédéral. Interrogée à ce sujet par la chaîne RTL-TVI, la socialiste n’a toutefois pas confirmé le climat sexiste dont elle aurait été victime. “Tout le monde élève la voix à un moment donné. Je ne veux pas être une victime”, a-t-elle déclaré, avant de mettre fin à l’interview. Dès samedi, sur les réseaux sociaux, Alexia Bertrand (Open VLD), la secrétaire d’État au Budget, avait publié un message affirmant qu’il n’y avait pas eu d’attaque contre Karine Lalieux en tant que femme. D’autres sources, y compris dans l’entourage du Premier ministre, confirment cette lecture.