Suisse

Le Centre: priorité aux questions sociales

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Pour offrir aux Suisses de l’étranger la possibilité de s’engager en politique, Le Centre mise sur un réseau international plutôt que sur une section. Maxime Marteil, porte-parole pour la Suisse romande, souligne l’importance des questions sociales pour son parti.

Ce contenu a été publié le 10 août 2023 – 12:02




intergroupe parlementaireLien externe «Suisses de l’étranger», qui discute au début de chaque session du Parlement des interventions politiques inscrites à l’ordre du jour et qui pourraient avoir des effets sur la diaspora. Sur ses 80 membres, 15 sont affilié-es au Centre.

Maxime Marteil indique que Le Centre soutient l’idée d’une représentation directe de la Cinquième Suisse au Parlement fédéral, comme il en existe par exemple en France et en Italie. Selon lui, il est important, pour y parvenir, que des Suisses de l’étranger puissent figurer sur les listes électorales.

La possibilité leur est d’ailleurs offerte de se présenter sur des listes «Le Centre international» pour les élections fédérales à l’automne 2023.

Des garanties sociales

Le Centre met l’accent sur trois thématiques: la protection sociale, le droit de vote et l’accès au système bancaire.

En matière d’assurance maladie et de versement des rentes AVS, «nous soutenons la garantie d’une protection sociale efficace, quel que soit le lieu de résidence des Suisses qui en bénéficient», dit le porte-parole du parti. Il admet que des règles très restrictives pour l’obtention d’une assurance facultative demeurent, en particulier pour les personnes résidant en dehors de l’Union européenne. «Nous serions favorables à leur assouplissement».

Ainsi, Le Centre a lancé plusieurs initiatives dans ce domaine. Deux initiatives populaires, intitulées «OuiLien externe à des rentes AVS équitables» et «Oui à des impôts équitables», concernent les couples mariés et demandent l’abolition de critères jugés discriminatoires. La conseillère nationale centriste Elisabeth Schneider-Schneiter a également déposé un postulatLien externe pour permettre de maintenir l’affiliation à l’assurance maladie suisse, même en cas d’expatriation.

Droit de vote

«La Cinquième Suisse représente plus de 10% de la population helvétique. Elle est une réalité de notre pays et doit pouvoir faire entendre sa voix au sein de la démocratie directe», d’après Maxime Marteil. Pour le parti, le droit de vote des Suisses de l’étranger est un élément important de la cohésion sociale. En outre, il ne remet pas en question la transmission de la nationalité au-delà de plusieurs générations à l’étranger.

Le Centre est en faveur du retour du vote électronique, mais «la sécurité doit primer sur la rapidité». Le gouvernement doit mettre en place des mesures qui garantissent l’intégrité et la protection des données afin que les citoyennes et citoyennes fassent confiance au système: «Un système n’est bon que s’il est utilisé, et il ne le sera que si les gens ont confiance».

Pour le parti, certains publics doivent avoir accès en priorité au vote électronique, comme les Suisses de l’étranger et les personnes en situation de handicap. Il soutient également le choix de La Poste en tant que fournisseur du système.

Bilan de la législature: les tops

Une fusion réussie: au début, il ne paraissait pas évident que la fusion entre le PDC et le PBD puisse se faire; dans certains cantons, les différences semblaient insurmontables. Mais la direction du parti y est parvenue. Une atmosphère de renouveau règne au sein du parti. 

Tendance négative stoppée: pendant des années, le PDC et, depuis 2020, Le Centre ont perdu des sièges lors des élections cantonales. Cette année, le parti a toutefois gagné des sièges à Zurich et dans le canton de Bâle-Campagne. Le parti est donc plus confiant pour les élections nationales. 

La présidence de la CEP: Le Centre a réussi à pourvoir un poste prestigieux qui était également convoité par les autres partis. La conseillère aux États fribourgeoise Isabelle Chassot dirige la commission d’enquête parlementaire (CEP) chargée de faire la lumière sur la débâcle de Credit Suisse.

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Bilan de la législature: les flops

Bilan de législature médiocre: Traditionnellement, Le Centre a un taux de réussite élevé lors des votations populaires, car il s’associe soit à la gauche, soit à la droite, pour créer des majorités. Mais dans la législature actuelle, il présente toutefois un bilan moins bon. Celui-ci est d’un peu plus de 70%.

Manque de cohésion: Le Centre ne peut que rêver d’un comportement de vote uniforme de son propre groupe parlementaire. À plusieurs reprises, les conseillères et conseillers aux États du Centre ont renversé des décisions de leurs collègues au Conseil national. Cela est arrivé récemment sur la compensation du renchérissement pour les rentes AVS ou pour l’achat prévu de conteneurs pour les centres d’hébergement des personnes qui demandent l’asile.

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Des conditions raisonnables

Conscient des défis représentés par des relations bancaires depuis l’étranger, Maxime Marteil plaide pour que les Suisses établis dans le monde puissent ouvrir un compte bancaire et le conserver à des conditions raisonnables.

«La motionLien externe lancée par Filippo Lombardi en 2017, bien que refusée, a eu un impact positif et a notamment permis à l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) de signer des accords stratégiques avec certaines banques», indique le porte-parole. L’ancien sénateur centriste voulait alors imposer aux grandes banques de garantir un compte aux Suisses de l’étranger. Malgré des progrès, le parti n’écarte pas la possibilité de refaire une proposition similaire.

Le Centre aimerait une solution plus pérenne, aussi dans les relations de la Suisse avec l’UE: «Nous voulons poursuivre sur la voie bilatérale, qui est celle que le peuple a choisie à plusieurs reprises.» Ces relations devraient toutefois fournir des garanties en matière de salaires et de protection sociale. Selon Maxime Marteil, «le parti est ouvert à une reprise du droit européen de manière sectorielle, qui soit dans l’intérêt de la Suisse.»

Rayonnement culturel

La formation politique se prononce en faveur des médias dédiés aux Suisses de l’étranger: «Ils sont indispensables pour la formation de l’opinion et l’exercice des droits politiques. Nous soutenons ce type de service public». Il en va de même pour les réseaux suisses à l’étranger (swissnex, écoles suisses). «S’ils devaient être menacés faute de financement, nous serions prêts à examiner un renforcement de leur position».

Thèmes de campagne et objectifs

La lutte contre la hausse des primes d’assurance maladie: Avec son initiative pour un frein aux coûts, le centre veut endiguer la hausse des coûts de la santé et ainsi stopper l’augmentation des primes d’assurance maladie. Le texte exige que le Conseil fédéral, le Parlement et les cantons interviennent lorsque les coûts de la santé augmentent trop fortement. 

La lutte contre la pénalisation du mariage: Les personnes mariées sont plus lourdement imposées et reçoivent une rente de l’Assurance vieillesse et survivants (AVS) par tête plus basse que les couples non mariés. Avec ses deux initiatives populaires «Oui à des impôts équitables» et «Oui à des rentes AVS équitables», Le Centre veut «lutter contre cette injustice» et alléger la charge fiscale des personnes mariées. 

Le combat pour une Suisse sûre: Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, Le Centre met à nouveau l’accent sur la politique de sécurité. Il s’oppose au pacifisme de la gauche et à l’isolationnisme de la droite. Il s’engage en revanche pour une coopération internationale en matière de politique de défense.

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Situation et perspectives du parti

Pour le parti centriste, ces élections fédérales sont particulières, car ce sont les premières élections après la fusion de 2020 entre le Parti démocrate-chrétien (PDC) et le Parti bourgeois-démocratique (PBD) pour former Le Centre. Il s’agit donc de tester si l’opération a porté ses fruits. En principe, Le Centre devrait au moins être capable d’atteindre les parts électorales des deux anciens partis, soit 13,8%.

L’objectif du président du parti, Gerhard Pfister, est toutefois de faire croître Le Centre. Il sera intéressant de voir si le parti peut effectivement progresser dans les zones urbaines (où il n’a jamais pu jouer un grand rôle) tout en maintenant ses parts électorales dans ses bastions traditionnels, c’est-à-dire dans les régions à dominante catholique (Haut-Valais, Fribourg, Suisse centrale).

Le Centre a également un rôle particulier à jouer au Conseil des États, où il est le groupe parlementaire le plus fort avec 14 sièges. Il s’agit de défendre ces sièges pour que le parti puisse continuer à occuper une position centrale dans la politique suisse.

>> Le graphique suivant montre l’évolution de la force des partis depuis 1979:

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