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Sécurité, budget, prix des places… Les JO de Paris sous le feu des critiques

“Cesser les conflits internes”

De quoi faire éclater au grand jour la crise qui couve depuis plus d’un an au sein de cette instance clef. Une crise ponctuée de conflits internes et de batailles rangées, où chacun a attaqué l’autre en justice : Brigitte Henriques, élue à ce poste en juin 2021, et Didier Séminet, son ancien bras droit évincé en septembre 2022, ont en effet porté plainte l’un contre l’autre. Lui pour “dénonciation calomnieuse” et “abus de confiance”, elle pour “violences psychologiques”. Et Denis Massiglia, l’ancien président du CNOSF, a porté plainte contre Brigitte Henriques devant le Parquet national financier pour “abus de bien social”. Ambiance…

En octobre 2022, la présidente avait déjà annoncé publiquement qu’elle se mettait en retrait. “Je suis épuisée par les quinze mois que je viens de vivre”, expliquait-elle. Las, à son retour, le panier de crabes a repris du service. Son avocate assure qu’elle “n’a cessé d’être harcelée et diffamée durant son mandat”. Toujours est-il que le Comité international olympique (CIO), d’ordinaire peu bavard, a officiellement demandé au mouvement olympique français de “se focaliser” sur les JO de Paris et de “cesser les conflits internes”. Un rappel à l’ordre dont l’instance internationale basée à Lausanne est peu coutumière. Président de Paris 2021, le champion Tony Estanguet (triple médaillé d’or en canoë monoplace) a lui aussi appelé à “la responsabilité collective” et à “l’apaisement et à la stabilité” en vue de “la réussite” des Jeux.

Sur le papier et aux yeux du monde, la réussite de ces Jeux Olympiques ne fait guère de doute. Cérémonie d’ouverture sur les bords de la Seine, flamme olympique potentiellement allumée sur la Tour Eiffel, épreuves équestres organisées dans le parc du château de Versailles, compétitions de voile sur la Méditerranée et de surf à Tahiti… Les JO seront l’occasion d’envoyer de splendides cartes postales aux téléspectateurs du monde entier. Mais pour l’heure, les polémiques s’accumulent et des inquiétudes demeurent, obligeant les autorités sportives à rassurer et à calmer les esprits.

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Des Jeux “accessibles à tous”, vraiment ?

Sur la question des prix des billets, tout d’abord. L’organisation avait vanté des “Jeux populaires, accessibles à tous”. Las, le prix des tickets – entre 24 et 980€ – apparaît comme prohibitif aux yeux de beaucoup. À ce jour, 6,8 millions de billets ont néanmoins été achetés sur un total de 10 millions, les deux tiers par des Français, le reste par des étrangers issus de 178 pays. Face à la polémique, le comité Paris 2024 précise que 40 % des billets vendus l’ont été à moins de 50 € et que les places à plus de 200€ concentrent moins de 10 % des billets vendus. Soit. Il omet malgré tout de préciser que la moitié du million de tickets vendus à 24 euros n’est pas directement mise en vente car réservée pour être distribuée à des jeunes, des personnes en situation de handicap et des bénévoles.

L’épineuse question du budget crée elle aussi des remous. En janvier dernier, la Cour des Comptes a estimé dans son rapport “ne pas être en mesure à ce stade d’établir le coût global des Jeux et son impact total sur les finances publiques”. Si personne n’imagine que le budget de 6,9 milliards d’euros avancé en phase de candidature sera respecté, il est plus ennuyeux de ne même pas savoir à combien risque de s’élever la facture finale. Certains évoquent la note de 8,8 milliards d’euros (hors coûts liés à la sécurité), financée à hauteur de 3 milliards par les contribuables, assez loin de l’objectif d’organiser “des jeux sobres aux coûts maîtrisés pour les finances publiques”.

Migrants et étudiants priés de partir

La sécurité, voilà bien un autre sujet épineux. Après le fiasco lors de la finale de la Ligue des champions au stade de France en mai 2022 – les images de supporters gazés ou restés coincés aux grilles sont encore dans toutes les têtes -, les autorités veulent sécuriser les JO à tout prix : 30 000 policiers et gendarmes seront déployés chaque jour, soit 12 % des effectifs globaux, aux côtés de 10 000 militaires et 22 000 agents de sécurité privée. Encore faut-il que les entreprises du secteur parviennent à recruter, ce qui s’avère plus compliqué que prévu.

Une autre polémique naît ces jours-ci : des milliers de sans-abri, principalement des migrants, seraient “incités” à quitter la région parisienne à l’approche des Jeux Olympiques. De fait, dix régions vont accueillir des sans-abri venus d’Ile-de-France dans des lieux d’hébergement temporaire, avant qu’ils ne soient répartis dans d’autres départements. Certains y voient une opération de “nettoyage” destinée à redorer l’image de la capitale émaillée de campements sauvages, d’autres un simple dispositif visant à une meilleure répartition des migrants en France… Une chose est sûre : de nombreux hôteliers ne souhaitent plus accueillir ces publics précaires car ils attendent un afflux de clientèle lors des JO en 2024, comme l’a observé début mai à l’Assemblée nationale le ministre du Logement.

Parallèlement, les syndicats étudiants s’insurgent contre le fait que 3 200 logements du Crous (un réseau d’établissements publics au service des étudiants) vont être réquisitionnés à l’été 2024 pour loger les volontaires et travailleurs des Jeux olympiques. Les étudiants priés de libérer les lieux pourront être relogés dans les environs et cela ne concerne que 7 % des logements, argumente le Crous. Décidément, rien ne doit entacher la magie des JO…

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