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Macron promulgue sa réforme des retraites sans attendre, mais la colère populaire ne devrait pas s’éteindre

Quelques heures plus tard, vendredi en fin de journée, le Conseil constitutionnel validait le texte, permettant de reculer de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite. Dans la soirée, sans attendre comme le demandait l’intersyndical, le président de la République a promulgué cette loi sur la réforme des retraites qui, depuis trois mois, enflamme toute la France.

Regarder vers d’autres horizons

Le Conseil constitutionnel qui a validé le texte, a quand même censuré quelques points de la loi, comme l’index et le CDI seniors prévus pour aider les plus âgés à rester sur le marché du travail. Surtout il a retoqué le référendum d’initiative partagée (RIP), sur lequel comptait la gauche pour contrer la réforme grâce au vote citoyen.

Du côté de Matignon, la Première ministre donne dans l’analyse froide : “Cette décision marque la fin du cheminement institutionnel et démocratique de cette réforme” et anticipe déjà “système de retraites à l’équilibre en 2030”. La volonté est claire, tourner la page de ces tensions le plus rapidement possible, regarder vers d’autres horizons.

Du côté de l’opposition, politique et syndicale, c’est la soupe à la grimace. Groggy mais pas KO, préviennent plusieurs cadors qui annoncent déjà qu’ils ne se démobiliseront pas.

”Gâchis collectif”, “désastre”, “victoire à la Pyrrhus” : la presse française déplore la validation de la réforme des retraites

Le président Macron, lui non plus n’entend pas “démobiliser”, il recevra ses principaux ministres Bruno Le Maire, Olivier Dussopt, Gabriel Attal, Gérald Darmanin et les cadres de la majorité ce lundi matin pour évoquer le “nouveau souffle” pour son quinquennat. Les grandes lignes doivent être les grands débats qui passionnent les Français comme l’école, la santé, l’écologie… Certains évoquent aussi le thème de la justice fiscale qui pourrait se traduire par une hausse d’impôt, sujet pourtant tabou pour un Président de la République qui pourrait infléchir un peu sa position. Mais le centre de la nouvelle quête macronienne sera sans conteste le “nouveau rapport” au travail né de la crise du covid 19. Le chef de l’État avait évoqué la question lors de son passage télévisé au JT de 13 heures de TF1 et de France 2, le 22 mars dernier.

Un peu plus de trois semaines plus tard, le maître des horloges a annoncé qu’il serait de nouveau face aux Français, dès ce lundi soir pour tenter de clore le dossier, de donner un nouveau cap, de nouvelles perspectives.

Mais, en face, la gauche et les syndicats n’entendent pas refermer le débat. Ils savent que la colère populaire est toujours de mise dans la rue. L’annonce du Conseil constitutionnel, la promulgation présidentielle ne referment pas le dossier. La constitutionnalité du texte ne devrait pas suffire à éteindre le ressentiment de dizaines de milliers de Français qui ont bravé le froid pendant des semaines, certains ont accepté des sacrifices salariaux pour pouvoir se joindre au mouvement de contestation. Le bras de fer n’est pas fini. Les mots du président ce lundi soir pourraient ne pas suffire.