Belgique

« J’ai vécu un calvaire à l’école, à partir du moment où les autres élèves ont découvert la profession de mon père »

« C’était un calvaire ! Plus petite, tout allait bien mais arrivée à l’école secondaire, les problèmes ont commencé. Il fallait remplir une fiche pour le PMS avec la profession des parents. Quand les élèves ont vu que j’ai mis commissaire de police pour mon papa, le harcèlement a démarré. J’étais dans une école ixelloise connue pour être fréquentée par des jeunes particulièrement difficiles. C’était une école située pas très loin de chez moi donc très pratique. Sauf que la majorité des jeunes de cette école détestaient la police. C’est le moins qu’on puisse dire. Cela a commencé par des insultes. J’ai été traitée de tous les noms« , confie Julie qui n’en était alors qu’au début des ennuis.

Très vite, les mauvais coups commencent. « La nouvelle a rapidement fait le tour et dans la cour de récréation, j’étais pointée du doigt. On m’a pris mes fardes et on les a jeté par la fenêtre. On m’a mis du dentifrice dans mes chaussures de sport. J’ai été frappéee aussi, par des filles. Les filles étaient encore plus méchantes que les garçons avec moi. J’étais la fille d’un flic et donc forcément, une mauvaise à leurs yeux. J’avais honte quand mon papa me déposait devant l’école avec sa voiture de police. Lui, il ne comprenait pas pourquoi je me cachais. Je n’osais pas lui dire à l’époque. J’avais peur de lui faire de la peine« .

« Quand un policier est accusé de violences, on agit vite, mais quand c’est lui qui est menacé, il y a du laxisme »

Face à tant de haine, Julie apprendra alors à se défendre. « Au début, je pleurais tous les soirs dans ma chambre. Ce n’était plus vivable et il était hors de question pour moi de mêler mon père à cette histoire. J’ai appris à me défendre mais cela a mis énormément de temps« .

Si Julie n’a jamais songé à suivre le parcours paternel, elle n’en reste pas moins admirative de cette profession qui a baigné toute son enfance. « Mon papa travaillait énormément. Il donnait tout pour son métier, au risque de sa propre vie. Je ne comprends pas qu’en 2023, on puisse encore autant détester la police. J’ai l’impression que c’est pire qu’avant chez les jeunes. On les qualifiait de héros quand le terrorisme était à son plus haut niveau et maintenant que la menace a baissé, on les considère comme des moins que rien. Je suis infirmière et nous avons vécu exactement la même chose avec le Covid. La société oublie hélas bien vite ceux qui prennent des risques pour servir les autres« , termine Julie, avant d’ajouter qu’une sensibilisation au métier de policiers devrait être systématiquement organisée dans toutes les écoles.

« Près de 99 % des policiers font bien leur boulot, mais il y a quelques collègues qui dérapent »