France

Marseille : Un homme condamné à un an de prison avec sursis pour avoir cyberharcelé Sandrine Rousseau

Entre deux gorgées d’eau, qu’il boit régulièrement avec une angoisse frénétique, G. explique à la barre du tribunal correctionnel de Marseille ce qui est pour lui une histoire d’amour. Une romance entre lui et la députée écologiste Sandrine Rousseau, qu’il n’a jamais rencontrée pourtant. « Il y a un an et demi, je suis tombé très amoureux de Sandrine Rousseau, au niveau politique et même physique, explique cet habitant de Belcodène, petite commune entre Marseille et Aix-en-Provence, qui fêtera dans quelques semaines ses 45 ans. Et comme j’ai une vie solitaire, j’ai projeté ma vie sur elle. J’ai vécu par procuration. Je suivais les émissions. Je vivais ma vie à travers elle, c’est vrai. J’étais en recherche au moins qu’elle puisse me parler. »

Alors, pour que Sandrine Rousseau le remarque, G. entre en contact avec la députée écologiste. Et pas qu’un peu. Le quadragénaire fait l’objet d’une plainte de la part de Sandrine Rousseau qui l’accuse de l’avoir harcelé sexuellement et menacé sur les réseaux sociaux. Entre avril 2022 et février 2023, les enquêteurs ont relevé plusieurs centaines de messages, sur Twitter, sur Facebook ou par mail adressés de G. à la parlementaire.

« J’étais très amoureux »

Des messages dans lesquels G. raconte à la députée sa vie, mais aussi lui déclare son « amour », selon lui, soulignant par exemple sa « joie de vivre indécente » dans une émission diffusée la veille dans un même message envoyé… à 15 reprises. Des déclarations qui sont souvent toutes particulières, à caractère sexuel. Un jour, le quadragénaire raconte à Sandrine Rousseau qu’il se masturbe en pensant à elle, un autre les fantasmes de ses relations sexuelles avec la députée, une autre fois qu’il s’endort avec « sa langue succulente. »

Et comme Sandrine Rousseau reste totalement hermétique à ses messages, G. opte pour le changement de ton. « J’étais très amoureux et quand je l’insultais, c’était de la tristesse, à cause du fait qu’elle n’ait jamais rien dit » raconte G. Face à l’ignorance de l’écologiste, G la qualifie tour à tour de « sale pute nymphomane » ou de « poufiasse », quand il n’affirme pas que Sandrine Rousseau « gâche [s] es dernières années où [elle] reste baisable. »

Trouble de l’adaptation

Il en vient aussi à la menacer, lui souhaitant d’être violée par des « islamistes radicaux » ou encore d’être « piquée par une raie manta et crever ». L’homme n’en est pas à sa première victime, puisqu’il a déjà été condamné pour des faits similaires envers une youtubeuse entre 2016 et 2017, dont il était amoureux, là aussi.

Les expertises psychiatriques et psychologiques de ce quadragénaire sans emploi soulignent « un trouble de l’adaptation, un isolement social, une personnalité fragile » et un manque de maturité affective. « Vous prenez des médicaments ? », lui demande la présidente du tribunal, Magali Vincent. « Non, je prends juste de la MDMA », répond le prévenu, qui se dit consommateur régulier d’ecstasy. « Mon client a une consommation de produits stupéfiants qui lui fait perdre pied avec la réalité, argue son avocat, Me Léo Sepulcre. Il s’est enlisé dans une obsession destructrice. Sandrine Rousseau incarnait un idéal d’égalité, un projet social qui fait écho à ses innombrables échecs. »

Le quadragénaire a bien tenté une psychothérapie… mais il est tombé amoureux de la thérapeute. « Il me faudrait un homme », lance G., qui clame avoir « besoin de quelqu’un » pour le « soutenir et être épaulé. ». « Ce serait trop facile de voir ce monsieur comme quelqu’un de paumé, s’agace la procureure, Eve Tassin. On est aussi sur quelqu’un capable de propos violents. » Allant au-delà des réquisitions, qui optaient pour une condamnation à 18 mois de prison avec sursis, le tribunal a condamné le quadragénaire à un an de sursis probatoire, assorti d’une obligation de soins, de travail ou de formation, d’une interdiction de contact avec la victime, le tout pendant trois ans, ainsi qu’une peine d’inéligibilité d’un an.