Belgique

Seuls la bière et le vin pourront être vendus aux jeunes âgés de 16 à 18 ans

Le ministre fédéral de la Santé, Franck Vandenbroucke (Vooruit), qui préside la Cim, se dit ravi de cette “belle avancée”. Mais la Société scientifique de médecine générale (SSMG), qui avait proposé un plan autrement plus ambitieux, est plutôt en mode gueule de bois. “Nous sommes très déçus : ce qui est proposé n’est pas très courageux”, réagit le docteur Eric Paquet, responsable de la cellule Alcool de la SSMG.

Voici les principales mesures qui ont été décidées.

1. Seuls la bière et le vin pourront être vendus aux 16-18 ans

Actuellement, les alcools obtenus par fermentation peuvent être vendus aux jeunes âgés de minimum 16 ans ; ceux obtenus par distillation (les spiritueux) sont interdits de vente aux mineurs. De nouveaux produits, hybrides ou mixtes, sont apparus sur le marché : alcopops (des limonades mêlées d’alcool fort), des eaux alcoolisées… Pas simple pour les barmen de savoir ce qu’on peut servir à qui. Idem pour les caissier(e) s des grandes surfaces et des magasins de nuit.

La nouvelle règle a le mérite de la clarté : seuls la bière et le vin pourront être vendus aux 16-18 ans. Plus question donc de leur fournir des alcopops ni du Porto, du Sherry ou du Martini (considérés jusqu’ici comme des vins).

Cela ne règle pas le problème, selon le docteur Paquet. “On fait passer le mauvais message. Qu’ils boivent une bière, un verre de vin ou un whisky, c’est le même alcool et ce sont les mêmes dégâts !”, déclare l’alcoologue. Une unité standard d’alcool (soit le volume de boisson contenant 10 grammes d’alcool pur) correspond à environ 250 ml de bière (à 5°), 100 ml de vin (à 12°) et 35 ml de spiritueux (à 40°). Plus que le type de boisson, c’est l’alcool en tant que tel qui pose problème en termes de santé. “En dessous de 18 ans, on ne devrait pas autoriser la vente de quelque boisson alcoolisée que ce soit”, tranche le Dr Paquet.

2. Plus de vente de boissons alcoolisées dans les distributeurs automatiques

Cette mesure veut lutter contre les achats impulsifs et à éviter que les jeunes puissent s’en procurer.

3. Interdiction de vendre de l’alcool le long des autoroutes pendant la nuit

L’alcool est un des principaux tueurs sur les routes. Dans 10 % des accidents, les conducteurs sont positifs à l’éthylotest. Pour réduire le nombre de victimes, il a été décidé d’interdire la vente d’alcool dans les magasins situés le long des autoroutes entre 22 heures et 7 heures. Et donc juste la nuit. La Société scientifique qui représente les médecins généralistes francophones plaide, elle, pour une interdiction totale de vente d’alcool dans les stations-services.

4. Le secteur Horeca sera encouragé à offrir de l’eau gratuitement

Les différents responsables du pays veulent collaborer avec les secteurs concernés (Horeca, activités pour jeunes, clubs sportifs…) pour offrir et encourager la consommation d’eau. Mais le Plan alcool ne pousse pas le bouchon jusqu’à obliger l’Horeca et les milieux festifs à mettre gratuitement de l’eau à disposition, qui est “la” mesure la plus efficace en termes de réduction des risques immédiats liés à l’alcool, s’indignent Univers santé et de nombreuses autres associations du secteur (dont Les Scouts).

5. La pub pour l’alcool destinée aux mineurs sera davantage réglementée

Un cadre légal interdira la publicité pour l’alcool à la radio et à la télé dans les moments qui encadrent les programmes destinés principalement aux mineurs (soit dans les 5 minutes avant et dans les 5 minutes après). L’interdiction de pub sera aussi de mise dans les journaux, magazines et supports digitaux, qui visent principalement les moins de 18 ans.

Une disposition cosmétique pour les acteurs de la santé. La SSMG réclame une interdiction complète de la publicité liée à l’alcool, sous toutes ses formes.

6. Adieu le slogan “Notre savoir-faire se déguste avec sagesse”…

Quand la publicité est autorisée, chaque message devra contenir une communication sur la santé, rédigée par le SPF Santé publique, fondée sur des données scientifiques probantes, annonce la Cim. Le slogan “Notre savoir-faire se déguste avec sagesse”, créé par l’industrie de l’alcool, va donc disparaître, annoncent les autorités de la santé.

Le secteur associatif réclame lui un véritable étiquetage des produits alcoolisés, comme les autres produits alimentaires, avec des informations précises : apports nutritionnels, nombre d’unités d’alcool, etc. Pour que le consommateur soit informé, en toutes circonstances, de ce qu’il ingurgite.