Belgique

Le plan du gouvernement bruxellois pour enfin embellir la porte d’entrée internationale dans Bruxelles, autour de la gare du Midi

L’aspect peu engageant du quartier, à cheval sur Saint-Gilles, Anderlecht et la Ville de Bruxelles, n’a pas échappé aux autorités. Et pourtant, depuis des décennies, le mal persiste.

Pas d’opposition politique

Une lumière blanche est enfin perceptible au bout du tunnel. Rudi Vervoort (PS), ministre-président bruxellois, a mis à l’ordre du jour de son gouvernement de ce jeudi le contrat de rénovation urbaine CRU 7 “Autour de la gare du midi”, pour une approbation définitive.

L’enquête publique, qui a commencé en octobre 2022, est terminée et n’a, selon une source gouvernementale, “rien révélé de bloquant”. Il s’agit, en clair, d’adopter les arrêtés de subvention et de financement et d’enfin avancer sur le réaménagement du site.

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Malgré les turbulences qui ont agité le gouvernement sur le dossier de la friche Josaphat, le projet ne devrait pas faire l’objet de blocage en interne. Les verts adhèrent au projet.

Le contrat se centre sur trois axes : l’Esplanade de l’Europe, le cœur de la gare et le parc des 2 Gares.

Vingt-deux millions d’euros

Au total, une enveloppe de 22 millions d’euros doit être consacrée à l’amélioration de l’espace public du quartier du midi, en suivant un plan élaboré par perspective.brussels et urban.brussels.

Sur cette enveloppe, 6,4 millions d’euros seront dédiés à des opérations de requalification d’espaces publics, en ce compris leur végétalisation, mais aussi 7,8 millions pour la création d’espaces verts.

Des moyens complémentaires seront aussi mis à disposition via les accords de coopération Beliris.

Il est en effet prévu de créer un nouveau parc public sur l’îlot des Deux Gares, le long de la Senne, laquelle sera mise à ciel ouvert.

Globalement, le gouvernement bruxellois veut réhabiliter les espaces publics existants, en améliorant la propreté et la sécurité.

Le contrat prévoit ainsi l’implantation d’équipements de proximité avec un pôle de sport urbain, la création de douches et toilettes publiques ainsi qu’une laverie dans le petit quadrilatère, mais aussi un hébergement pour MENA (Mineurs étrangers non accompagnés), boulevard du Midi.

Il s’agit également de relier entre eux les quartiers de la rue Couverte, de l’esplanade de l’Europe, de la place Victor Horta, de la rue de France, des carrefours Bara et Vétérinaires.

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Une fois le contrat approuvé par le gouvernement, plusieurs étapes sont encore à réaliser : lancer les marchés publics pour mission d’architecture (8 à 12 mois), effectuer les procédures de suivi, demander les permis d’urbanisme, lancer les marchés publics de travaux etc. L’objectif est que l’ensemble de cette rénovation urbaine soit terminé en 2030.

Mais la décision du gouvernement bruxellois, attendue ce jeudi, ne réglera pas tout.

Car outre ces méga contrats de quartiers, les outils urbanistiques pour rénover de fond en comble le quartier Midi se font encore attendre. Ainsi, le PAD Midi (plan d’aménagement directeur) a été mis au frigo l’an dernier par le gouvernement. Il est censé permettre, à terme, de renforcer le caractère résidentiel de ce quartier déserté en dehors des heures de bureau.

La SNCB prévoit par ailleurs de rassembler sur le site de l’ancien Tri postal l’ensemble de ses implantations éparpillées dans le quartier. La fin des travaux était prévue pour 2025. Mais des riverains mécontents ont décidé d’introduire un recours en annulation du permis d’urbanisme devant le Conseil d’État pour contester le permis d’urbanisme.

guillement

« Il y a plusieurs projets mais il manque une coordination entre eux. C’est la complexité bruxelloise dans sa banalité”

”Il faut apporter de la mixité dans le quartier et créer du logement, pour éviter d’en faire un deuxième quartier nord, avec uniquement des bureaux, analyse Kristiaan Borret, bouwmeester de la Région Bruxelles-Capitale. Ce qui se passe dans le quartier du midi est assez banal. Il y a plusieurs projets, mais il manque une coordination entre eux. C’est la complexité bruxelloise dans sa banalité.”

Plusieurs entités – la SNCB, les communes de Saint-Gilles et d’Anderlecht, Infrabel et la Région bruxelloise – se partagent la gestion de ce quartier, ce qui complique l’entretien de la gare et des espaces publics adjacents. Autre point noir : le manque d’investissements publics.

Bruxelles-midi, avec 58 000 voyageurs par jour, est pourtant la troisième gare la plus fréquentée de Belgique, un cheveu derrière Bruxelles Nord et Bruxelles Central, mais très largement devant Anvers, Louvain, Namur et Ottignies. “On peut se plaindre à Bruxelles du fait que la SNCB a beaucoup investi dans d’autres gares comme Anvers, Mons, Liège ou Namur. Mais il y a toujours eu peu d’investissements pour les gares à Bruxelles”, conclut le bouwmeester qui estime toutefois que “le CRU, avec ses investissements publics, contribue à avancer dans la réalisation d’un réaménagement du quartier Midi, qui traîne depuis trop longtemps.