France

Comment l’entreprise Chrysval est devenue l’un des plus gros fabricants de calots rigolos

Au plus fort de la crise du Covid-19, alors que la France s’était arrêtée, Cynthia André, elle, n’a pas chômé. Les confinements et les couvre-feux, cette Héraultaise les a passés derrière sa machine à coudre, à confectionner des calots pour des soignants des quatre coins du pays. « C’est à peine si je voyais ma famille ! », se souvient cette couturière.

L’histoire de Chrysval, la petite entreprise de fabrication de calots qu’elle a créée, a commencé bien avant que la Terre n’arrête de tourner. C’était en 2012. Cette année-là, Cynthia André, originaire du Gard, s’expatrie à Montpellier (Hérault). « Jusque-là, j’étais déjà couturière, mais je travaillais essentiellement en sous-traitance, pour un fabricant de sous-vêtements, confie-t-elle. J’étais dans la dentelle. J’avais aussi lancé des pochettes de cigarettes électroniques, ça a très bien fonctionné. Et à Montpellier, j’ai vécu chez ma tante, qui est infirmière à la Clinique du Millénaire. Un jour, elle m’a demandé de me fabriquer un calot. » Cynthia André confectionne alors avec amour un protège-cheveux pour sa tatie… Sans savoir les répercussions folles que ça allait engendrer.

A la clinique, « tout le monde en a voulu un ! »

Car les couvre-chefs faits à la main par Cynthia André ne sont pas comme les autres. Ils sont colorés, originaux… Et personnalisés. A la clinique, ça a fait mouche. « Tout le monde en a voulu un ! J’ai commencé à travailler, comme ça, poursuit la couturière. Puis j’ai créé un site Internet. Et ça s’est développé. A l’époque, j’étais la seule, à faire ça, en France. »

Puis est arrivée la crise du Covid-19. Les commandes ont explosé, pour la petite entreprise de Cynthia André. « Il n’y avait plus de charlottes jetables, nulle part », se souvient l’entrepreneuse. Alors sur la boutique en ligne de l’Héraultaise, les ventes n’arrêtent pas. « Je travaillais jour et nuit, raconte-t-elle. C’est à peine si je m’en sortais. J’étais toute seule, jusque-là. Et en mai 2020, j’ai embauché sept personnes, d’un coup. J’étais dans un tout petit local de 30 m2, j’ai dû déménager ailleurs. Et j’ai investi dans des machines à coudre ! Je faisais, avant le Covid-19, environ 30.000 pièces chaque année. Pendant le Covid-19, j’en fabriquais à peu près… 60.000 par mois ! »

Les calots de l'entreprise Chrysval sont fabriqués à la main.
Les calots de l’entreprise Chrysval sont fabriqués à la main. – Chrysval

Même un célèbre site chinois tente de la concurrencer

Cynthia André a même songé, devant l’afflux de commandes, à « couper son site Internet ». Les calots partaient comme des petits pains. « Mon webmaster m’en a dissuadé, en me disant que c’était l’occasion de développer mon activité, confie-t-elle. J’ai tout de même retiré quelques produits. Mon mari m’aidait à couper le tissu. » Le tissu, une denrée rare, en pleine crise sanitaire. « C’était compliqué, c’est vrai. Les magasins nous ouvraient un peu en catimini, pour que l’on puisse leur acheter ! », sourit-elle.

Aujourd’hui encore, Chrysval tourne à plein régime. Les commandes sont moins importantes, bien sûr, qu’au plus fort de la crise, mais le rythme reste soutenu. Des colis de calots partent partout en France, mais aussi dans le monde. Quatre personnes travaillent encore, aujourd’hui, à l’atelier, à la confection de couvre-chefs, mais aussi de pantalons, de blouses ou de surchaussures, pour les secteurs du médical ou de la restauration. Le succès de la petite entreprise de Cynthia André, leader en France dans ce domaine, est tel qu’un célèbre site chinois, connu pour casser les prix, propose aujourd’hui des calots à des prix dérisoires, lorsque l’on tape « Chrysval », dans son moteur de recherche. « Bien sûr, on ne peut pas proposer les mêmes prix qu’eux », déplore la couturière, qui vend ses calots entre 17 et 21 euros. Mais la qualité est loin d’être la même. Chez Chrysval, on fabrique tout à la main, derrière une machine à coudre.