Suisse

Un infatigable défenseur du monde agricole tire sa révérence

Le Fribourgeois Jacques Bourgeois, qui aura passé 16 ans sous la Coupole, ne se représentera pas cet automne. Keystone / Anthony Anex

Jacques Bourgeois quittera son siège au Conseil national cet automne après l’avoir occupé durant 16 ans. Le député fribourgeois aura incarné le lobby agricole, mais aussi une certaine façon de faire de la politique sous la Coupole fédérale. Portrait. 

Ce contenu a été publié le 13 juin 2023




la votation du 13 juin 2021 sur deux initiatives visant à bannir les pesticides.

«L’évolution globale de l’agriculture suisse durant la période d’activité politique de Monsieur Bourgeois est préoccupante», estime ainsi Rudi Berli, maraîcher à Genève et secrétaire syndical chez Uniterre, organisation paysanne suisse. «La pression des prix sur les marchés et le retrait de l’encadrement du marché par des politiques publiques ont mené à la disparition de 15’000 fermes durant cette période. Les fermes restantes ont augmenté leur productivité. Cette évolution (mécanisation, spécialisation) impacte fortement l’environnement et les conditions de travail.»

Quel aura été le poids du lobby agricole suisse sous la coupole? Alors que les agriculteurs représentent environ 2% de la population suisse, 6,5% des parlementaires sont agriculteurs de profession (chiffres de 2019Lien externe). Au niveau international, ce lobby se classerait au niveau de ceux de l’Allemagne ou de la France. La comparaison reste difficile, évidemment, au vu des systèmes politiques différents. Mais, selon euroactiv.fr, un magazine dédié à l’actualité européenne, l’agriculture serait, juste derrière la santé, le secteur le plus investi par les lobbyistes.

Pas toujours en phase avec son parti

Et en Suisse, Jacques Bourgeois y aurait beaucoup contribué. Conseiller national du Centre et président de l’USP, Markus Ritter souligne que l’organisation faîtière lui doit notamment le développement de l’antenne à Berne et sa forte influence dans le développement de mesures en faveur des familles paysannes. «Sa capacité à créer des alliances, son implication à apporter une sensibilité paysanne au sein de son parti et son sens pragmatique pour trouver des solutions vont manquer au monde paysan», affirme-t-il.

Pierre-André Page relève de son côté que Jacques Bourgeois «n’a pas hésité à suivre à de nombreuses reprises la défense de l’agriculture plutôt que celle de son parti» pour aider l’UDC à faire avancer certains dossiers.

Jacques Nicolet © Keystone / Alessandro Della Valle

Agriculteur et UDC vaudois, le conseiller national Jacques Nicolet partage l’avis de son collègue tout en regrettant que Jacques Bourgeois n’ait pas réussi à conserver l’emprise qu’il avait sur son groupe politique, la droite libérale, sur les thématiques agricoles. «Cela nous a fait perdre quelques votes importants, notamment sur le fait de condamner 10’000 hectares de bonnes terres agricoles pour de la biodiversité supplémentaire», relève-t-il.

Un amoureux de la montagne

Jacques Bourgeois se réjouit désormais de retrouver du temps pour lui-même, et pour sa femme, ses deux enfants et ses deux petits-fils. «Je n’ai pas eu beaucoup de temps à leur consacrer. J’étais impliqué dans mes obligations de défense professionnelle et politiques à 200%.» Grand sportif, il a rejoint récemment le Conseil de fondation de l’Aide suisse à la montagne en tant que vice-président.

«C’est du pur bénévolat. Je pratique la montagne en hiver en peau de phoque et l’été par le biais de tours à vélo. A chaque fois ça me permet d’admirer les magnifiques paysages dont nous sommes gratifiés. Le sport a toujours été un équilibre pour moi. Il m’est parfois arrivé de prendre ma lampe frontale de la Patrouille des Glaciers et de partir en vélo dans la nuit noire parce que j’avais besoin de m’oxygéner. Je suis plus efficace après.»

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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