France

Réforme des retraites : Des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves

La grève contre la réforme des retraites se durcit dans les raffineries. Résultat, de nombreuses stations françaises sont à sec pour la première fois depuis le début du conflit, principalement dans le sud-est où les préfectures du Vaucluse et du Gard ont décidé de contingenter les ventes. « Il n’y a plus aucun produit qui sort à cette heure » de l’ensemble des raffineries de France, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé ce lundi à l’AFP Eric Sellini, élu national de la CGT Chimie.

Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce week-end dans la plupart des raffineries. Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d’Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions, selon la CGT, ce que confirment les directions des deux groupes. « Jusqu’à jeudi soir, il n’y aura aucune sortie de carburant, que ce soit par wagon ou par camion », a indiqué Lionel Arbiol, délégué CGT à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer.

Plusieurs raffineries à l’arrêt ou menacées

Jusqu’à présent, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n’était pas expédié. Mais cela change avec l’arrêt ce week-end d’une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie. L’opération prend plusieurs jours et l’installation devrait complètement stopper « lundi soir ou mardi matin », selon Eric Sellini. A ce stade, certaines unités de la plateforme « restent en exploitation normale et assurent leur production », selon la direction.

D’autres raffineries pourraient suivre. Comme PétroIneos à Lavéra (Bouches-du-Rhône) où « la procédure d’arrêt » doit être lancée lundi après-midi, selon Sébastien Varagnol, délégué CGT. « Si une motion de censure est votée cet après-midi, nous entreprendrons bien sûr aussitôt les manœuvres de redémarrage de la raffinerie », dit-il.

Près de Lyon, l’heure n’est plus à reprendre le travail. D’après Jeff Vapillon, syndicaliste FO et salarié du site de Feyzin, l’équipe de 6 heures du matin n’est pas venue relever l’équipe de nuit lundi, contraignant celle-ci à prolonger son travail, afin de pousser la direction à prendre des « consignes d’arrêt ». La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait, elle, s’arrêter de produire lundi ou mardi au plus tard, faute de pétrole brut à raffiner, conséquence d’une grève au port pétrolier du Havre, selon la CGT. La production de la raffinerie est « réduite et ajustée en fonction des arrivées de pétrole brut, mais elle n’est pas arrêtée », selon la direction.

Des stations-service très touchées dans le Sud

La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquent ce lundi d’un type de carburant, et 37 % sont à sec, selon des données publiques analysées par l’AFP. La préfecture du Vaucluse a décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu’à jeudi inclus, afin d’éviter des phénomènes « d’achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement » de ces stations, une mesure également prise par la préfecture du Gard.

La pénurie a fait tache d’huile dans les départements voisins du Gard et du Vaucluse notamment mais le manque de carburants touche également quelques départements de l’Ouest, comme la Loire-Atlantique, où la raffinerie de Donges a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.

La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers ont anticipé pour éviter la pénurie géante d’octobre, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso. « Les dépôts fonctionnent quasiment tous normalement », a assuré Olivier Gantois, président de l’Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, qui a évoqué « entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués ». Pour Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, le phénomène est « essentiellement concentré dans la région Paca ».

Un constat qui pourrait faire long feu, à en croire Eric Sellini, lequel assure que le dépôt de Gennevilliers, qui alimente une grosse partie de la région parisienne, « n’a quasiment plus de produits ». La direction de TotalEnergies reconnaît que les approvisionnements sont « perturbés », mais assure que les tensions générées sont « temporaires ».