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UDC International: pour une Suisse indépendante

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L’Union démocratique du centre (UDC) possède une section internationale depuis 1992. De la souveraineté de la Suisse vis-à-vis de l’Europe à son opposition au vote électronique, sa présidente Inge Schütz explique la vision du parti.

Ce contenu a été publié le 10 août 2023 – 09:21




heure des questionsLien externe au Conseil national. Celle-ci demandait que le matériel de vote soit envoyé par courriel. Le Parlement n’avait pas donné suite.

À propos du vote électronique, le parti se montre sceptique: «Le principe est bon, mais nous avons vu que le système peut être piraté. Nous sommes donc contre, car la démocratie directe ne fonctionne que si l’on peut avoir confiance dans le système».

Pas de représentation directe

Pour l’UDC International, une représentation directe des Suisses de l’étranger au Parlement, comme elle peut exister en France ou en Italie, n’est pas une priorité.

«De nombreuses revendications se situent au niveau des communes et des cantons. Cela n’a pas de sens de vouloir les traiter à l’échelle fédérale». Inge Schütz considère qu’il vaut mieux que les questions des Suisses de l’étranger soient portées par des représentantes et représentants locaux de leur parti.

Ainsi, le parti mise sur des listes électorales internationales pour les élections fédérales d’octobre 2023. Plusieurs sections cantonales ont déjà annoncé leur volonté d’en présenter, comme Lucerne, Zoug ou les Grisons (liste non exhaustive).

Bilan de législature: les tops

+ Le coup climatique de 2021: cette année-là, l’UDC a été le seul grand parti à s’opposer à la loi sur le CO2 et a remporté la votation. Toutefois, l’UDC n’a pas réussi à réitérer son coup, lors du vote sur la loi sur le climat, acceptée le 18 juin 2023.

+ Dans l’air du temps: l’UDC a à nouveau démontré qu’elle savait cerner et amplifier les humeurs du moment. Avec sa campagne contre le wokisme, elle s’est attaquée à un sujet qui, selon le baromètre électoral, agace de nombreuses personnes.

+ Progression au Conseil des États: pendant longtemps, les élections au Conseil des États, et donc les élections au système majoritaire, ont été un terrain difficile pour l’UDC. Esther Friedli a peut-être initié un changement en mai dernier en étant élue au Conseil des États.

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Bilan de législature: les flops

– Opposition à la politique sanitaire: l’UDC s’est massivement opposée à la politique de lutte contre le coronavirus du Conseil fédéral, en lui reprochant d’être dictatorial. Le parti a toutefois subi trois défaites dans les urnes sur ce thème.

– L’UDC contre les villes: la campagne menée par le parti contre les «villes vertes et de gauche» n’a pas du tout fonctionné. Le président Marco Chiesa n’a pas toujours porté cette campagne de manière crédible.

-Tentatives avortées d’entraver la libre circulation des personnes: l’UDC a clairement perdu en 2020 sur son thème principal avec son initiative de limitation, qui voulait en finir avec la libre circulation.

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Une économie libérale

Les problèmes bancaires sont l’une des plus grosses épines dans le pied des Suisses de l’étranger. À ce sujet, la présidente de l’UDC International est claire: «Pourquoi devrions-nous imposer quelque chose à l’économie?» Demander aux banques suisses d’offrir les mêmes prestations aux Suisses de l’étranger qu’à celles et ceux qui résident sur place reviendrait, selon elle, à une nationalisation du système bancaire.

«Chaque entreprise devrait se positionner de manière à avoir suffisamment de clientèle», estime Inge Schütz. Dans cette logique, elle est contre le fait que la Confédération soutienne les médias spécifiquement dédiés aux Suisses de l’étranger. Les réseaux tels que les écoles suisses à l’étranger ou swissnex devraient eux aussi être autosuffisants.

Les assurances sociales

Le parti ne soutient pas non plus une possible affiliation volontaire des Suisses de l’étranger à l’assurance maladie helvétique. Trouver une solution uniforme au niveau mondial lui paraît irréaliste, «car les États ont des fonctionnements totalement disparates». Et d’ajouter: «Un tel système serait incontrôlable et nous coûterait une fortune à nous ici, en Suisse».

Lorsqu’ils reviennent au pays, les Suisses de l’étranger ont des droits similaires à ceux des résidentes et résidents, notamment celui de bénéficier des prestations sociales, peu importe leurs connaissances linguistiques et leur lien avec le pays. Pour Inge Schütz, aucun changement n’est nécessaire en la matière: «Il ne faut discriminer personne. Les étrangers ont aussi les mêmes droits».

Thèmes de campagne et objectifs

  • Immigration: avec son «initiative pour la durabilité», l’UDC s’oppose pour la troisième fois à la libre circulation des personnes avec l’UE.
  • Asile: l’UDC exige un durcissement massif de la politique d’asile. Elle veut par exemple transférer les procédures d’asile à l’étranger.
  • Contre le wokisme: le parti s’adresse de manière ciblée aux électrices et électeurs qui sont agacé-es par les discussions sur le wokisme et la question du genre.
  • Neutralité: l’UDC est le seul parti gouvernemental à s’opposer aux assouplissements en matière de transfert d’armes et aux sanctions contre la Russie.

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Situation et perspectives du parti

Il y a quatre ans, le climat n’était pas favorable à l’UDC. Les thèmes dominants de l’époque, à savoir le climat et les femmes, n’ont pas aidé le parti. En conséquence, les élections nationales se sont soldées par un glissement vers la gauche, au profit des Vert-e-s, et par des pertes pour l’UDC. La tendance négative s’est d’abord poursuivie dans les cantons, puis le parti qui compte le plus d’électrices et d’électeurs a réussi à inverser la tendance et a désormais le vent en poupe.

Cette année, les thèmes abordés par l’UDC, tels que la guerre en Ukraine, la neutralité ou encore l’asile, font mouche. Le parti a progressé au niveau cantonal et dans les sondages électoraux nationaux. Le parti s’est fixé comme objectif électoral de gagner 100’000 électrices et électeurs supplémentaires. Cela lui permettrait de compenser les pertes de 2019. C’est ambitieux, mais pas irréaliste.

>> Le graphique suivant montre l’évolution de la force des partis depuis 1979:

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