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Ce que révèlent les témoignages du 7 octobre : l’armée israélienne « bombarde » ses propres citoyens – Actualités Tunisie Focus

Les militaires israéliens ont reçu l’ordre de bombarder les maisons israéliennes et même leurs propres bases alors qu’ils étaient submergés par les militants du Hamas, le 7 octobre. Combien de citoyens israéliens déclarés « brûlés vifs » ont en fait été tués par des tirs amis ?

Plusieurs nouveaux témoignages d’Israéliens ayant assisté à l’attaque-surprise du Hamas sur le sud d’Israël, le 7 octobre, viennent s’ajouter aux preuves de plus en plus nombreuses que l’armée israélienne a tué ses propres citoyens, alors qu’elle se battait pour neutraliser les tireurs palestiniens.

Tuval Escapa, membre de l’équipe de sécurité du kibboutz de Be’eri, a mis en place une ligne téléphonique d’urgence pour assurer la coordination entre les résidents du kibboutz et l’armée. Il a déclaré au journal israélien Haaretz que lorsque le désespoir a commencé à s’installer, « les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles — notamment, de bombarder des maisons avec leurs occupants afin d’éliminer les terroristes en même temps que les otages ».

Un autre article publié dans le même média note que l’armée israélienne a été « contrainte de demander une frappe aérienne » contre ses propres installations à l’intérieur du point de passage d’Erez vers Gaza « afin de repousser les terroristes » qui avaient pris le contrôle. Cette base était, à ce moment-là, remplie d’officiers et de soldats de l’administration civile israélienne.

Ces rapports indiquent que le haut commandement militaire a donné l’ordre d’attaquer des maisons et d’autres zones en Israël, même au prix de nombreuses vies israéliennes.

Une Israélienne du nom de Yasmin Porat a confirmé dans une interview accordée à la radio israélienne que l’armée avait « sans aucun doute » tué de nombreux non-combattants israéliens lors des échanges de tirs avec les militants du Hamas, le 7 octobre. « Ils ont éliminé tout le monde, y compris les otages », a-t-elle déclaré en faisant explicitement référence aux forces spéciales israéliennes.

Comme l’ont rapporté David Sheen et Ali Abunimah dans Electronic Intifada, Porat a fait état de « feux croisés très, très nourris » et de tirs de chars israéliens qui ont fait de nombreuses victimes parmi les Israéliens.

Alors qu’elle avait été détenue par les hommes armés du Hamas, Porat s’est souvenue : « Ils ne nous ont pas maltraités. Nous avons été traités très humainement […] Personne ne nous a traités violemment. »

Elle a ajouté : « L’objectif était de nous kidnapper pour nous emmener à Gaza, pas de nous assassiner. »

Selon Haaretz, il est vrai que l’armée n’a pu reprendre le contrôle de Be’eri qu’après avoir « bombardé » les maisons des Israéliens qui avaient été faits prisonniers. « Le prix à payer a été terrible : au moins 112 habitants de Be’eri ont été tués », écrit le journal. « D’autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d’une mère et de son fils ont été découverts dans l’une des maisons détruites. On pense que d’autres corps gisent encore dans les décombres. »

La plupart des bombardements à Be’eri ont été effectués par des équipages de chars. Comme l’a noté, lors d’une visite à Be’eri, un journaliste de i24 — média parrainé par le ministère israélien des Affaires étrangères —, « des petites maisons pittoresques [ont été] bombardées ou détruites » et « des pelouses bien entretenues [ont été] déchirées par les chenilles d’un véhicule blindé, peut-être un char d’assaut ».

Les hélicoptères d’attaque Apache ont également joué un rôle important dans la réponse de l’armée, ce 7 octobre. Les pilotes ont déclaré aux médias israéliens qu’ils s’étaient précipités sur le champ de bataille sans aucun renseignement, incapables de faire la différence entre les combattants du Hamas et les non-combattants israéliens, et pourtant déterminés à « vider le ventre » de leurs machines de guerre. « Je me retrouve face à un dilemme pour savoir sur quoi tirer, parce qu’il y en a tellement », a commenté un pilote.

Une vidéo filmée par des hommes du Hamas en uniforme montre clairement que l’armée a intentionnellement tiré sur de nombreux Israéliens avec des fusils Kalachnikov. Cependant, le gouvernement israélien refuse de s’appuyer sur des preuves vidéo vérifiées. Au lieu de cela, il continue d’avancer des allégations décrédibilisées de « bébés décapités » tout en distribuant des photographies de « corps brûlés au point d’être méconnaissables » pour insister sur le fait que les militants ont immolé leurs captifs de manière sadique et en ont même violé certains avant de les brûler vifs.

L’objectif de Tel-Aviv derrière cette exhibition d’atrocités est clair : dépeindre le Hamas comme « pire qu’ISIS » tout en encourageant le soutien au bombardement continu de l’armée sur la bande de Gaza, qui a fait plus de 7000 morts, dont au moins 2500 enfants au moment de la publication de cet article. Alors que des centaines d’enfants blessés à Gaza ont été soignés pour ce qu’un chirurgien a décrit comme des « brûlures au quatrième degré » causées par des armes nouvelles, l’attention des médias occidentaux reste focalisée sur les citoyens israéliens prétendument « brûlés vifs » le 7 octobre.

Pourtant, les preuves concernant des ordres de tirs amis donnés par les commandants de l’armée israélienne sont de plus en plus nombreuses. Elles suggèrent fortement qu’au moins certaines des images les plus choquantes présentées aux médias occidentaux — les cadavres israéliens carbonisés, les maisons israéliennes réduites à l’état de ruines et les carcasses de véhicules calcinées — étaient, en fait, l’œuvre d’équipages de chars et de pilotes d’hélicoptères. Ceux-ci couvraient le territoire du côté israélien d’obus, de tirs de canons et de missiles Hellfire.

En fait, il semble que l’armée israélienne ait eu recours aux mêmes tactiques que celles qu’elle a employées contre les civils à Gaza, faisant ainsi grimper, par l’utilisation aveugle d’armes lourdes, le nombre de morts parmi ses propres citoyens.

Israël bombarde sa propre base, le centre névralgique du siège de Gaza

Le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP) ont lancé l’opération Déluge d’al-Aqsa à 6 heures du matin, le 7 octobre, submergeant rapidement les bases militaires à partir desquelles Israël maintient le siège de la bande de Gaza. Le Hamas et le JIP avaient pour objectif principal la libération des Palestiniens emprisonnés par Israël, dont 700 enfants qui passent par le système chaque année, ainsi que 1 264 Palestiniens actuellement détenus sans aucune inculpation.

L’échange en 2011 de Gilad Shalit, un soldat israélien capturé cinq ans auparavant et libéré en échange de 1027 prisonniers, a clairement inspiré Déluge d’al-Aqsa. En prenant d’assaut les bases militaires et les kibboutz, les militants palestiniens avaient pour objectif de capturer le plus grand nombre possible de soldats et de civils israéliens pour les ramener vivants à Gaza.

L’assaut éclair a immédiatement submergé la Division de Gaza d’Israël. Des vidéos enregistrées par des caméras GoPro montées sur les casques des combattants palestiniens montrent des soldats israéliens abattus en une succession rapide, nombre d’entre eux étant encore en sous-vêtements et pris au dépourvu. Au moins 340 soldats et officiers de renseignement en activité ont été tués le 7 octobre, ce qui représente près de 50 % des décès israéliens confirmés. Parmi les victimes figuraient des officiers de haut rang comme le colonel Jonathan Steinberg, commandant de la brigade israélienne Nahal. (De nombreux secouristes et civils israéliens armés ont également été tués.)

Le point de passage d’Erez abrite une installation massive — militaire et de Coordination des activités gouvernementales dans les territoires [occupés] (COGAT) — qui fonctionne comme le centre névralgique du siège de Gaza. Lorsqu’il a été pris d’assaut par des combattants palestiniens, alors que de nombreux fonctionnaires de l’armée se trouvaient à l’intérieur, les militaires israéliens ont été pris de panique.

Selon Haaretz, le commandant de la Division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld, « s’est retranché dans la salle de guerre souterraine de la division avec une poignée de soldats et de soldates, essayant désespérément de sauver et d’organiser le secteur attaqué. De nombreux soldats, dont la plupart n’étaient pas des combattants, ont été tués ou blessés à l’extérieur. La division a été contrainte de demander une attaque aérienne contre la base [le point de passage d’Erez] elle-même afin de repousser les terroristes ».

Une vidéo publiée par la COGAT dix jours après la bataille — et la frappe aérienne israélienne — montre de graves dommages structurels sur le toit de l’installation du point de passage d’Erez.

Des hélicoptères Apache israéliens attaquent à l’intérieur d’Israël : « Je me retrouve face à un dilemme pour savoir sur quoi tirer »

À 10 h 30 du matin, selon un compte rendu de l’armée au média israélien Mako, « la plupart des forces [palestiniennes] de la première vague d’invasion avaient déjà quitté la région pour se rendre à Gaza ». Mais, avec l’effondrement rapide de la Division de Gaza d’Israël, les pillards, les simples badauds et les guérilleros bas de gamme qui ne sont pas nécessairement sous le commandement du Hamas ont afflué librement en Israël.

À ce stade, les deux escadrons israéliens d’hélicoptères Apache ne disposaient que de huit appareils dans les airs, « et il n’y avait pratiquement pas de renseignements pour aider à prendre les décisions cruciales ». Les escadrons n’ont atteint leur pleine capacité qu’à midi.

Alors que la vague d’infiltrations en provenance de Gaza semait le chaos au sol, les pilotes israéliens, déconcertés, ont déclenché une frénésie de salves de missiles et de mitrailleuses : « Les pilotes d’Apache témoignent qu’ils ont tiré une énorme quantité de munitions, ont vidé le “ventre de l’hélicoptère” en quelques minutes, se sont posés pour réarmer et ont redécollé, encore et encore. Mais, cela n’a servi à rien et ils le comprennent. »

Les hélicoptères Apache semblent s’être concentrés sur les véhicules qui rentraient à Gaza en provenance du festival de musique électronique Nova et des kibboutz voisins ; ils ont attaqué des voitures en sachant apparemment que des prisonniers israéliens pouvaient se trouver à l’intérieur. Ils ont également tiré sur des personnes non armées sortant de voitures ou marchant dans les champs à la périphérie de Gaza.

Dans une interview accordée à Mako, un pilote d’Apache a évoqué le dilemme tortueux qui consistait à tirer sur les personnes et les voitures qui rentraient à Gaza. Il savait que nombre de ces véhicules pouvaient contenir des prisonniers israéliens. Mais, il a choisi d’ouvrir le feu malgré tout. « Je choisis des cibles de ce type », a expliqué le pilote, « en me disant que le risque que je tire également sur des otages est faible ». Il a toutefois admis que son jugement « n’était pas à 100 % » fiable.

« Je comprends que nous devions tirer ici et rapidement », a déclaré à Mako, dans un article distinct, le chef de l’unité Apache, le lieutenant-colonel E. « Tirer sur des gens dans notre territoire, c’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire. »

Le lieutenant-colonel A., pilote de réserve dans la même unité, décrit un brouillard de confusion : « Je me retrouve face à un dilemme pour savoir sur quoi tirer, parce qu’il y en a tellement. »

Un article sur les escadrons d’Apache publié par le journal israélien Yedioth Ahronoth note que « les pilotes ont réalisé qu’il était extrêmement difficile de distinguer, au sein des avant-postes et des colonies occupées, qui était un terroriste et qui était un soldat ou un civil […] La cadence de tir contre les milliers de terroristes était énorme au début, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir les attaques et à sélectionner soigneusement les cibles ».

Un commandant d’escadron a expliqué à Mako qu’il avait failli attaquer la maison d’une famille israélienne occupée par des militants du Hamas, et qu’il avait fini par tirer à côté avec des obus de canon. « Nos forces n’avaient pas encore eu le temps d’atteindre cette colonie », se souvient le pilote, « et j’avais déjà épuisé mes missiles, qui sont les armes les plus précises ».

Alors que la famille se trouvait à l’intérieur d’un abri anti-bombe fortifié, le pilote a « décidé de tirer au canon à 30 mètres de cette maison, une décision très difficile à prendre. Je tire pour que’ils entendent, s’ils sont là, les bombes à l’intérieur de la maison, qu’ils comprennent qu’on sait qu’ils sont là, et dans l’espoir qu’ils quittent cette maison. Je vous dis aussi la vérité, il m’est venu à l’esprit que je tirais sur la maison ».

Au bout du compte, les pilotes d’hélicoptères israéliens ont blâmé le Hamas, et ses tactiques habiles, pour leur incapacité à faire la distinction entre les militants armés et les non-combattants israéliens. « Il s’avère que l’armée du Hamas a délibérément compliqué la tâche des pilotes d’hélicoptères et des opérateurs de drones », peut-on lire dans Yedioth Ahronoth.

Selon le journal israélien, « il est apparu clair qu’on a demandé aux forces d’invasion, lors des derniers briefings, de marcher lentement vers les colonies et les avant-postes ou à l’intérieur de ceux-ci, et en aucun cas de courir, afin de faire croire aux pilotes qu’il s’agissait d’Israéliens. Cette tromperie a fonctionné pendant un bon moment, jusqu’à ce que les pilotes d’Apache se rendent compte qu’ils devaient ignorer toutes les restrictions. Ce n’est que vers 9 heures du matin que certains d’entre eux ont commencé à arroser les terroristes avec les canons, de leur propre chef, sans l’autorisation de leurs supérieurs ».

C’est ainsi que, sans aucun renseignement ni capacité à faire la distinction entre Palestiniens et Israéliens, les pilotes ont déclenché une furie de tirs de canons et de missiles sur les zones israéliennes au-dessous d’eux.

L’armée israélienne a « éliminé tout le monde, y compris les otages », en tirant des obus de chars sur les maisons du kibboutz

Les photos témoignant des combats dans les kibboutz comme Be’eri — et des bombardements israéliens sur ces communautés — montrent des décombres et des maisons calcinées qui ressemblent aux résultats des attaques des chars et de l’artillerie israéliens à l’intérieur de Gaza. Comme l’a expliqué à Haaretz Tuval Escapa, coordinateur de la sécurité au kibboutz de Be’eri, les commandants de l’armée israélienne avaient ordonné de « bombarder des maisons avec leurs occupants afin d’éliminer les terroristes en même temps que les otages ».

Yasmin Porat, qui a participé au festival de musique Nova et qui s’est réfugiée dans le kibboutz de Be’eri, a déclaré à la radio israélienne que lorsque les forces spéciales israéliennes sont arrivées pendant une des prises d’otages, « elles ont éliminé tout le monde, y compris les otages, parce qu’il y avait des feux croisés très, très nourris ».

« Après des feux croisés déments », a poursuivi Porat, « deux obus de chars ont été tirés sur la maison. C’est une petite maison de kibboutz, rien d’énorme ».

Une vidéo publiée sur le compte Telegram israélien South Responders montre les corps d’Israéliens découverts sous les décombres d’une maison détruite par une puissante explosion — vraisemblablement un obus de char d’assaut. Le quotidien de droite New York Post a publié un article sur un incident similaire concernant le corps d’un garçon retrouvé calciné sous les ruines de sa maison à Be’eri.

Le phénomène des cadavres carbonisés dont les mains et les chevilles avaient été attachées et qui ont été retrouvés en groupes sous les décombres de maisons détruites soulève également des questions sur les tirs de chars « amis ».

Yasmin Porat, l’otage qui a survécu à un affrontement à Be’eri, a décrit comment les militants du Hamas ont attaché les mains de son compagnon derrière son dos. Après qu’un commandant militant s’est rendu en l’utilisant comme bouclier humain pour assurer sa sécurité, elle a vu son partenaire allongé sur le sol, toujours en vie. Elle a déclaré que les forces de sécurité israéliennes l’avaient « sans aucun doute » tué, ainsi que les autres otages, alors qu’elles ouvraient le feu sur les militants restés à l’intérieur, notamment à l’aide d’obus de chars.

Les forces de sécurité israéliennes ont également ouvert le feu sur des Israéliens en fuite qu’elles ont pris pour des hommes armés du Hamas. Danielle Rachiel, une habitante d’Ashkelon, a raconté qu’elle avait failli être tuée après s’être échappée du festival de musique Nova lorsque celui-ci a été attaqué par des militants de Gaza. « Alors que nous atteignions le rond-point [d’un kibboutz], nous avons vu les forces de sécurité israéliennes ! », se souvient Rachiel. « Nous avons baissé la tête [parce que] nous savions automatiquement qu’ils se méfieraient de nous, dans une petite voiture déglinguée […] qui venait de la même direction que les terroristes. Nos forces ont commencé à nous tirer dessus ! »

« Lorsque nos forces ont tiré sur nous, nos vitres ont volé en éclats », poursuit-elle. Ce n’est que lorsqu’ils ont crié en hébreu « Nous sommes des Israéliens ! » que les tirs ont cessé et qu’ils ont été mis à l’abri.

Certains Israéliens n’ont pas eu la même chance que Danielle Rachiel. Adi Ohana a été abattu par la police israélienne près de son domicile après avoir été pris pour un guérillero palestinien. « Un homme innocent a été tué de la manière la plus négligente qui soit », s’est plainte sa nièce. Les médias israéliens regorgent désormais d’informations selon lesquelles l’armée a abattu des Israéliens, alors même que ces derniers défendaient leur maison contre des Palestiniens armés.

Les photos israéliennes des « atrocités du Hamas », aujourd’hui disparues, représentaient-elles des combattants du Hamas morts ?

L’une des vidéos les plus horribles des suites du 7 octobre, également publiée sur le compte Telegram South Responders, montre une voiture remplie de cadavres carbonisés (voir plus bas) à l’entrée du kibboutz de Be’eri. Tel-Aviv a présenté ces morts comme des Israéliens victimes de la violence sadique du Hamas. Cependant, la carrosserie en acier qui a fondu et le toit effondré de la voiture, ainsi que les corps complètement carbonisés à l’intérieur, témoignent qu’il s’agit plutôt du tir direct d’un missile Hellfire.

Il est également possible que les occupants masculins de la voiture soient des activistes du Hamas qui ont afflué après avoir ouvert des brèches dans les clôtures. Ils auraient également pu retourner à Gaza avec des prisonniers israéliens à bord de leur voiture.

L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Gilad Erdan, a apparemment fait la promotion de photos montrant des combattants du Hamas morts lors de sa tirade du 26 octobre aux Nations unies. Il a gesticulé avec colère sur le podium, hurlant que « nous combattons des animaux » avant de sortir un papier affichant un QR code légendé « Scannez pour voir les atrocités du Hamas ».

Lorsque j’ai scanné le code ce jour-là à midi, j’ai trouvé environ 8 images macabres de corps brûlés et de parties de corps noircies. L’une d’entre elles montrait une pile de cadavres d’hommes complètement carbonisés, empilés dans une benne à ordures. Les sauveteurs et les médecins israéliens se seraient-ils débarrassés des cadavres d’Israéliens juifs d’une telle manière ?

Tous les Israéliens tués le 7 octobre semblent avoir été rassemblés dans des sacs mortuaires individuels et transportés dans des morgues. Pendant ce temps, de nombreuses vidéos enregistrées par des Israéliens montrent ces derniers en train de souiller les cadavres d’hommes armés du Hamas tués par les forces de sécurité — en les déshabillant, en urinant dessus et en mutilant leurs corps. Jeter leurs corps dans une benne à ordures semble bien faire partie de la politique de facto d’atteinte au respect dû aux morts.

Un peu plus de douze heures après que l’ambassadeur Erdan a présenté à l’ONU les photos des atrocités supposées du Hamas, le dossier Google Drive ne contenait plus qu’une brève vidéo. Parmi les photos mystérieusement disparues figurait l’image de la benne à ordures remplie de corps brûlés. A-t-elle été supprimée parce qu’elle montrait des combattants du Hamas brûlés par un missile Hellfire, et non des Israéliens « brûlés à mort » par le Hamas ?

Les destructions rappellent les attaques israéliennes sur Gaza

Certains secouristes arrivés sur les lieux du carnage dans le sud d’Israël, après le 7 octobre, ont déclaré qu’ils n’avaient jamais vu de telles destructions. Pour ceux qui ont déjà été témoins des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, les images de maisons détruites et de voitures brûlées devraient être familières.

Lors d’un reportage sur l’assaut israélien de 51 jours sur Gaza en 2014, je suis tombé sur un véhicule détruit dans le centre de la ville, appartenant à un jeune chauffeur de taxi nommé Fadel Alawan ; celui-ci avait été assassiné par un drone israélien après avoir déposé dans un hôpital voisin un homme blessé, sans savoir qu’il s’agissait d’un combattant du Hamas. À l’intérieur de la voiture, on pouvait encore voir les restes de la sandale d’Alawan fondus dans la pédale d’accélérateur.

Dans l’après-midi du 7 octobre, les villages tranquilles et les routes du désert du sud d’Israël étaient carbonisés et bordés de voitures bombardées qui ressemblaient beaucoup à celle d’Alawan. Les combattants du Hamas, peu armés, étaient-ils réellement capables de causer des dommages d’une telle ampleur ?

Le gouvernement israélien diffuse-t-il les photos de victimes de tirs amis ?

Le 23 octobre dernier, le gouvernement israélien a réuni des membres de la presse internationale pour une séance de propagande off the record. À l’intérieur d’une base militaire fermée, les responsables ont bombardé la presse de snuff movies et d’une collection d’allégations crues illustrées par des « scènes déchirantes de meurtre, de torture et de décapitation lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre », selon le Times of Israel.

Dans le document peut-être le plus troublant présenté par le gouvernement israélien, les journalistes ont pu voir une vidéo montrant « un cadavre de femme partiellement brûlé, avec une tête mutilée […] La robe de la femme morte est remontée jusqu’à la taille et sa culotte a été enlevée ».

Daniel Amram, le blogueur de news privées le plus populaire en Israël, a tweeté la vidéo en question en affirmant que la femme « a été violée et brûlée vive ».

En fait, la jeune femme a vraisemblablement été tuée instantanément par une puissante explosion. Et elle semble avoir été enlevée de la voiture dans laquelle elle se trouvait — et qui pourrait avoir appartenu à un ravisseur de Gaza. Le véhicule a été entièrement détruit et se trouvait sur un champ de terre, comme beaucoup d’autres véhicules attaqués par les hélicoptères Apache. La femme était légèrement vêtue, les jambes écartées.

Bien qu’elle ait participé au festival de musique électronique Nova — où de nombreuses femmes étaient vêtues de tenues légères — et que les membres pliés soient typiques d’un corps qui était assis dans une voiture, la rigidité cadavérique faisant ensuite son effet, les commentateurs et les responsables israéliens ont affirmé qu’elle avait été violée.

Mais, les allégations d’agression sexuelle se sont jusqu’à présent révélées sans fondement. Le porte-parole de l’armée israélienne, Mickey Edelstein, a insisté auprès des journalistes lors de la conférence de presse du 23 octobre sur le fait que « nous avons des preuves » de viol, mais lorsqu’on lui a demandé de les fournir, il a déclaré au Times of Israel, « nous ne pouvons pas les partager ».

Cette jeune femme était-elle une nouvelle victime des tirs amis ordonnés par l’armée israélienne ? Seule une enquête indépendante peut déterminer la vérité.

L’armée israélienne tue des captifs israéliens à l’intérieur de Gaza, et se plaint de la libération de ceux qui sont vivants

À l’intérieur de Gaza, où quelque 200 citoyens israéliens sont retenus en otage, il n’y a guère de doute quant à l’identité de ceux qui tuent les prisonniers. Le 26 octobre, la branche armée du Hamas, connue sous le nom de Brigades al-Qassam, a annoncé qu’Israël avait tué « près de 50 captifs » lors de frappes de missiles.

Si l’armée israélienne avait intentionnellement ciblé des zones où elle savait que les otages étaient détenus, ses actions auraient été conformes à la directive Hannibal d’Israël. Cette procédure militaire a été mise en place en 1986 à la suite de l’accord Jibril qui prévoyait l’échange de 1 150 prisonniers palestiniens contre trois soldats israéliens. À la suite d’une forte réaction politique, l’armée israélienne a rédigé un ordre de mission secret afin d’empêcher les enlèvements à l’avenir. L’opération proposée tire son nom du général carthaginois qui a préféré s’empoisonner plutôt que d’être fait prisonnier par l’ennemi.

La dernière application confirmée de la directive Hannibal a eu lieu le 1er août 2014 à Rafah, dans la bande de Gaza, lorsque des combattants du Hamas ont capturé un officier israélien, le lieutenant Hadar Goldin ; cela a incité l’armée à lancer plus de 2 000 bombes, missiles et obuss sur la zone, tuant le soldat ainsi que plus de 100 civils palestiniens.

Qu’Israël tue ou non intentionnellement ses citoyens captifs à Gaza, il s’est montré étrangement allergique à leur libération immédiate. Le 22 octobre, après avoir refusé l’offre du Hamas de libérer 50 otages en échange de carburant, Israël a également rejeté la proposition du Hamas de libérer Yocheved Lifshitz, une militante israélienne pour la paix âgée de 85 ans, et son amie Nurit Cooper, âgée de 79 ans.

Lorsqu’Israël a finalement accepté leur libération un jour plus tard, une vidéo a montré Yocheved Lifshitz en train de serrer la main d’un militant du Hamas et de lui dire « Shalom » alors qu’il l’escortait hors de la bande de Gaza. Lors d’une conférence de presse tenue ce jour-là, Lifshitz a raconté le traitement humain que lui ont réservé ses ravisseurs.

Le spectacle de la libération de Lifshitz a été traité comme un désastre de propagande par les doreurs d’image du gouvernement israélien : les officiels ont grogné que l’autoriser à parler publiquement était une grave « erreur ».

L’armée israélienne a été tout aussi mécontente de cette soudaine libération. Comme l’a rapporté le Times of Israel, « l’armée craint que de nouvelles libérations d’otages par le Hamas n’amènent les dirigeants politiques à retarder une incursion terrestre, voire à l’interrompre en cours de route ».

article traduit et publié sur le site web En dehors de la boîte

article original (en anglais) publié sur le site web The Grayzone