Belgique

Le service de renseignement militaire belge alerte sur la menace terroriste: « La Russie constitue la menace principale et la plus directe »

Ce premier rapport annuel jamais produit par le service de renseignement militaire souligne également qu’en Asie, les relations conflictuelles entre les puissances nucléaires que sont le Pakistan et l’Inde, l’essor de la Chine – qualifiée, tout comme la Russie, d’État révisionniste – sur la scène internationale. Et les développements nucléaires de la Corée du Nord « demeurent préoccupants ».

« La menace terroriste en Belgique n’a pas disparu »

Selon la Direction Renseignement du SGRS, l’architecture de non-prolifération des armes de destruction massive (ADM, qui peuvent être nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques) « continue globalement de s’éroder ». « Cette tendance mine les relations internationales, favorise la course à l’armement avec comme conséquence l’augmentation du risque d’escalade et d’erreur de calcul », souligne le rapport, rendu public dans un souci inédit de transparence.

« Dans cette perspective, la Russie constitue la menace principale et la plus directe pour la paix euro-atlantique, en particulier dans le contexte actuel de son invasion de l’Ukraine », estime le service de renseignement militaire.

Selon lui, au Moyen-Orient, le comportement de l’Iran (développements balistiques et nucléaires, ingérence) constitue un « important potentiel de déstabilisation dans une région d’intérêt majeur pour l’économie mondiale » en raison notamment de sa production pétrolière. Le régime syrien, avec le support de la Russie, demeure un défi pour le désarmement chimique.

En Asie, les relations conflictuelles entre les puissances nucléaires pakistanaises et indiennes, l’essor de la Chine, et les développements nucléaires de la Corée du Nord demeurent préoccupants.

En Occident, la menace terroriste CBRN (chimique, radiologique, bactériologique et nucléaire) « reste d’actualité » et le nombre d’incidents, qui de par la nature de leur motivation peuvent être qualifiés d’attaques terroristes religieuses, devrait être stable en 2023 par rapport à 2022..

La même direction du SGRS souligne que plusieurs expulsions de membres du personnel diplomatique russe de Belgique ont entraîné une réduction « temporaire » des capacités de renseignement russe sur le territoire belge. Celle de 21 diplomates russes attachés à l’ambassade de Russie en Belgique et au consulat à Anvers le 29 mars. Mais aussi celle de 19 diplomates russes travaillant à la mission russe auprès de l’UE le 5 avril. Toutefois, prévient le rapport, « les services de renseignement russes s’adapteront à l’évolution de la situation pour répondre à leurs besoins en matière de renseignement ».

Le SGRS note que des acteurs étatiques russes ont également été observés en train de mener une « cyber-reconnaissance » contre des infrastructures critiques dans des pays occidentaux. Les analystes s’inquiètent d’une éventuelle attaque contre les infrastructures critiques occidentales si la guerre en Ukraine s’étend au-delà du théâtre ukrainien.

Les « hacktivistes pro-russes » ont mené un nombre croissant de cyber-attaques perturbatrices contre presque tous les pays de l’Otan (et même au-delà), souvent en réaction aux mesures prises par ces pays que la Russie perçoit comme menaçantes. Ces cyber-attaques perturbatrices se poursuivront en 2023 et sont souvent une réaction russe à une déclaration politique forte ou à la livraison d’équipements militaires à l’Ukraine, explique le rapport.

En Chine, le président XI Jinping ayant obtenu son troisième mandat, les besoins en renseignements du Parti communiste chinois (PCC) se concentrent de plus en plus sur l’étranger, note la Direction Renseignement

Pour la première fois, un chef du renseignement fait partie du Bureau politique (ou « Politburo », la plus haute instance décisionnelle du PCC), « ce qui se traduira par une augmentation des ressources pour les agences de renseignement. Celles-ci doivent fournir des renseignements qui permettront à la Chine de devenir technologiquement autonome, de se positionner dans les conflits avec l’Occident et de garantir les intérêts économiques de la Chine à l’échelle mondiale », souligne le rapport.

« Avec la collecte de renseignements et l’influence vers l’Union européenne et l’Otan, l’importance de la Belgique dans le travail de renseignement chinois ne fera qu’augmenter », avertit encore le SGRS.