Belgique

Jambon: « Le potentiel de nos ports et de l’aéroport de Zaventem doit être valorisé au maximum car ce sont les deux moteurs économiques de la Flandre »

C’était une passe difficile. Tout le monde était soulagé lorsqu’un accord a été trouvé. Si nous n’avions rien fait, on risquait de ne plus rien pouvoir construire ni entreprendre en Flandre. Industriels, agriculteurs, commençants… la Région flamande aurait été frappée par un embargo sans précédent comme c’est aujourd’hui le cas dans quatre provinces néerlandaises. Le grand public l’aurait senti dans son porte-monnaie… et il aurait reproché aux décideurs politiques de n’avoir rien fait. Pour nous, il s’agissait d’éviter une catastrophe.

Le gouvernement Jambon arrache un compromis “à la belge” dans le dossier azote

Vous avez jugé les normes du plan climat de l’Union européenne trop strictes, trop élevées pour la Flandre ?

Oui, elles sont trop élevées. La Flandre est densément peuplée, très industrialisée. Et sa superficie est petite. L’Europe devrait comprendre la spécificité flamande. La Flandre a fait des efforts gigantesques pour réduire ses émissions de CO2. Nous avons des objectifs chiffrés réalistes et des mesures que nous implémentons. Mais nous ne sommes pas obsédés par des pourcentages de réduction. C’est très facile de dire : “Réduisons nos émissions de CO2 de 47 % à l’horizon 2030”. Ce ne sera quand même pas de ma responsabilité, mais celle de mes successeurs. Et pourquoi pas 50 % ? Ce n’est pas comme cela qu’on doit fonctionner. Nous avons un plan climat et un plan énergie et nous proposons des mesures concrètes et vérifiables, réalistes.

La Flandre semble pousser à fond la voiture entièrement électrique ?

Notre plan climat stipule qu’à partir de 2029, tout véhicule nouveau proposé l’achat sera électrique. À trois conditions. Un : il faut une capacité de charge suffisante à travers la Flandre. Deux : le prix doit être comparable au prix d’achat des voitures à énergie fossile. Trois : la gamme de véhicules électriques proposée doit être assez large, il faudra aussi des véhicules plus petits et donc moins chers. Les véhicules d’occasion (à énergie fossile) seront toujours proposés à la vente, il faut penser aux revenus modestes.

Le gouvernement bruxellois veut profiter de la négociation du nouveau permis d’environnement de l’aéroport de Zaventem pour imposer des règles plus strictes visant les nuisances sonores. Il veut notamment étendre les restrictions en vigueur de 23 heures à 6 heures du matin. Y êtes-vous favorable ?

Les nuisances sonores et environnementales autour de l’aéroport ne peuvent être balayées d’un revers de la main, nous avons entendu les arguments des riverains. L’aéroport est en attente d’un nouveau permis environnemental. La Flandre appliquera ses normes en vigueur. J’imagine que l’aéroport de Zaventem devra aussi mettre de l’eau dans son vin. Mais le potentiel de nos ports, Anvers et Zeebruges, et de notre aéroport de Zaventem doit aussi être valorisé au maximum car ce sont les deux moteurs économiques de la Flandre. Une extension des activités économiques de l’aéroport me semble possible sans absolument développer encore davantage l’infrastructure aéroportuaire actuelle. Pour réduire les nuisances sonores dues au survol (de 23 h à 6 h du matin) de certaines communes par des avions, je crois qu’il faut compter sur les technologies de pointe dans le domaine aéronautique plutôt que d’imposer des mesures restrictives complémentaires au niveau des horaires de nuit.

Jan Jambon: « Il faut sortir du modèle fédéral »

Le projet d’élargissement du Ring au nord de Bruxelles porté par votre gouvernement est rentré dans une phase de consultation publique. Mais le gouvernement bruxellois marque encore des réticences. Avez-vous une solution ?

À l’évidence, le Ring est saturé aujourd’hui. Aujourd’hui, beaucoup de navetteurs prennent des chemins alternatifs, dans les quartiers résidentiels, pour éviter les bouchons. Le projet du Ring va soulager les riverains. Mais Écolo-Groen n’en veut pas. Nous constatons cependant que les autres partis sont plus ouverts. Nous discutons avec le gouvernement bruxellois. Nous espérons trouver un accord.

Comment remédier aux dysfonctionnements dans les structures d’accueil de la petite enfance en Flandre ?

Cette année, le budget a été majoré de 115 millions. Le marché de l’emploi flamand fait face à une pénurie de main-d’œuvre. Les secteurs privé et public sont touchés, l’enseignement y compris. La formule des emplois flexibles dans l’enseignement nous paraît une bonne mesure pour endiguer la pénurie. J’ai posé la question au fédéral auprès du ministre de l’Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS), NdlR- mais nous n’avons toujours pas eu de réponse.

La rémunération n’explique-t-elle pas en partie cette pénurie ?

Ce n’est pas seulement une question de salaire. On a augmenté les salaires du personnel soignant. On a constaté ensuite que beaucoup sont passés à 4/5e. D’autres critères interviennent comme l’équilibre travail vie privée. Évidemment nos ressources ne sont pas illimitées. Je rappelle que nous sommes la seule entité fédérée du pays à maintenir son budget en équilibre. Un budget en équilibre permet d’anticiper d’éventuelles crises.