France

Mais qui est vraiment Arnaud Rousseau, le nouveau dirigeant de la puissante FNSEA ?

Un nouveau visage pour le syndicat agricole majoritaire. Après deux mandats de Christiane Lambert, Arnaud Rousseau prend la tête de la puissante fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui revendique 210.000 adhérents. Seul candidat, l’homme de 49 ans veut prôner un syndicalisme « moderne et offensif » pendant son mandat de trois ans.

« Je vais mettre toute mon énergie à développer l’agriculture porteuse de solutions, pilier de nos souverainetés alimentaire et énergétique. C’est désormais mon devoir de la faire rayonner, d’accompagner sa transition pour préparer l’avenir et répondre aux défis actuels », a commenté le nouvel élu, sur Twitter. Qui est vraiment Arnaud Rousseau ? La FNSEA, interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics, va-t-elle changer de cap ? 20 Minutes vous présente le nouveau président du syndicat patronal.

Un maire et céréalier à la tête d’un mastodonte de l’huile

Un producteur de grandes cultures succède à une éleveuse de porc. Diplômé d’une école de commerce parisienne, Arnaud Rousseau a travaillé dans le courtage agricole avant de reprendre l’exploitation familiale à Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne), un village dont il est maire depuis 2014. Avec son épouse, il gère une immense exploitation de 700 hectares, dans le plus grand département d’Ile de France.

Mais l’homme, presque quinquagénaire, assume une double casquette. Comme Xavier Beulin, ex-président de la FNSEA jusqu’à son décès soudain en 2017, Arnaud Rousseau est président du groupe Avril, un géant agroalimentaire. Ce mastodonte des huiles, qui a pesé près de sept milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, est présent dans les placards des Français via les marques Lesieur et Puget, mais ce n’est qu’une partie de son activité. Il est aussi actif dans l’alimentation des animaux d’élevage, les agrocarburants ou encore la chimie des huiles et protéines végétales. Arnaud Rousseau a déjà indiqué qu’il en gardera la tête durant son mandat à la FNSEA.

Un partisan de « l’agriculture offensive » contre les « sirènes de la décroissance »

« Il faut qu’on continue à produire, et dire cela, ce n’est pas du productivisme », a martelé le nouvel élu. Vice-président de la FNSEA depuis 2020, Arnaud Rousseau était auparavant chargé des négociations sur la répartition des neuf milliards d’euros annuels des fonds européens de soutien à l’agriculture française.

Le père de famille a ciblé trois axes prioritaires : la souveraineté alimentaire et la compétitivité, l’attractivité du monde agricole, et « sortir du climat d’hystérisation ». « On est arrivés dans une culture binaire où on est pour ou contre les bassines [de stockage d’eau], pour ou contre les phytos [les produits phytosanitaires ou pesticides], pour ou contre la viande… Est-ce qu’on peut remettre un peu de rationalité et d’équilibre là-dedans ? », a estimé le nouveau dirigeant, qui plaide pour une « agriculture offensive (…) qui refuse de se laisser enfermer par les idéologies, les violences inacceptables, et les sirènes de la décroissance ».

La transition écologique, grande perdante de cette élection ?

Réunie en congrès fin mars à Angers, la FNSEA n’a abordé que très succinctement les problématiques liées au changement climatique. « Il n’y a pas de climatosceptiques dans le monde agricole », coupe le nouveau président qui plaide pour une « harmonisation européenne » sur les sujets climatiques et de santé.

Un discours loin de convaincre Nicolas Girod, le porte-parole de syndicat minoritaire classé à gauche. « Plus encore que d’autres, il incarne une agriculture liée à l’agro-industrie alors même qu’il faut penser la transition, penser la planification écologique dans le contexte du changement climatique », fustige-t-il.

« Ce nouveau président coche toutes les cases pour poursuivre sur une vision conservatrice de l’agriculture, où productivisme et agrobusiness dominent », alerte l’association Greenpeace. Eleveur laitier et coprésident du collectif Nourrir, qui réunit 52 organisations pour une refonte du système agricole et alimentaire, Mathieu Courgeau regrette que la FNSEA, par cette élection, ait tout fait « pour conserver le statu quo ».

Arnaud Rousseau, ancien officier de réserve de l’armée, dispose de trois ans pour donner des garanties dans ce domaine.