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Stade Nelson Mandela de Baraki, une prouesse technologique et digitale de Schneider Electric

En janvier dernier, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré le nouveau stade de Baraki qui porte le nom du défunt leader sud africain, Nelson Mandela. Équipé d’un système de gestion électrique à la pointe de la technologie, signé Schneider Electric, le nouveau stade de Baraki est une prouesse unique en termes de solutions technologiques et digitales.

Dans cet entretien exclusif, Walid Sheta, Président pour la région Moyen-Orient et Afrique de Schneider Eletric, Laurent Roussel, Président du Pôle Afrique francophone et Îles chez Schneider Electric, et Anouar Chara, Directeur Général de Schneider Electric en Algérie et en Tunisie, ont abordé le projet du stade de Nelson Mandela de Baraki et ses avancées technologiques, en évoquant les perspectives de Schneider Electric en Algérie, ainsi que les défis auxquels le Groupe est confronté.

Schneider Electric est l’un des premiers Groupes à avoir investi lourdement en Algérie. Au cours de cette visite, qu’avez-vous constaté par rapport aux changements et aux opportunités ? Que pouvez-vous nous dire concernant les échanges que vous avez eux avec les dirigeants algériens ?

En effet, depuis notre dernière visite en 2013, il y a eu beaucoup de changements, cela fait déjà dix ans. Nous sommes là pour constater les changements et voir les opportunités d’investissement et de développement de nos affaires. D’ailleurs, depuis notre arrivée, nous avons rencontré beaucoup de dirigeants d’entreprises, de partenaires, mais pas seulement, nous avons également rencontré les dirigeants de grandes sociétés et institutions algériennes.

Ce que l’on peut constater, c’est le dynamisme très soutenu de la part des dirigeants et une volonté d’aller plus vite, d’accélérer, dans beaucoup de transformations digitales. Il faut savoir que Schneider Electric a pris le virage digital dans les années 2007-2008, avec l’acquisition d’énormément d’entreprises spécialisées dans les logiciels et les progiciels industriels.

Schneider Electric est connu dans le monde de la distribution électrique et les automatismes industriels. Vous connaissez l’histoire de Schneider, mais ce que peu de gens savent, c’est que Schneider Electric a fait l’acquisition de 70 entreprises, toutes spécialisées dans les progiciels industriels et tertiaires qui aident les clients à « digitiser » leurs installations, afin d’obtenir plus d’efficacité énergétique. Typiquement, dans un hôtel, par exemple, nous avons des progiciels qui aident à réduire la consommation énergétique, tout en garantissant le confort et la sécurité des utilisateurs.

Cela s’applique également aux industries et aux raffineries, mais aussi à toute industrie de process discontinue ou continue. Ainsi, c’est dans ce cadre-là que Schneider a fait toutes ces acquisitions. Évidemment, cette partie, un peu moins connue de Schneider, représente notre avenir. C’est la partie dans laquelle nous souhaitons nous développer aussi en Algérie.

C’est la raison de notre venue, pour continuer l’aventure avec des partenaires qui existent déjà ici et qui sont au nombre de plus de 70 partenaires conventionnés avec lesquels nous travaillons et un réseau de 200 collaborateurs. D’ailleurs, c’est ce qui fait la force et la fierté de Schneider Electric en Algérie. À savoir, son réseau de partenaires, avec une moyenne d’âge d’environ 20 ans.

Rien que l’année dernière, nous avons eu beaucoup de références sur le volet digitalisation, principalement au niveau des stades, des hôpitaux et des stations de dessalement. Alors que certains pensent, à tort, que l’Algérie n’est pas spécialement sensible à ce sujet. Or ce n’est pas le cas. Si nous prenons l’exemple de la zone qui couvre les 64 pays, l’Algérie n’était pas loin de la moitié des solutions digitales réalisées. Le digital permet de maîtriser sa consommation d’énergie et donc réduire les émissions de CO2. Depuis 20 ans, les sociétés algériennes s’engagent sur le digital et nous sommes là pour les accompagner.

Vous venez de citer quelques exemples de projets, pouvons-nous rebondir sur celui du Stade Nelson Mandela de Baraki, qui est équipé d’un système de gestion électrique à la pointe de la technologie. Quelle est la particularité de ce projet ? À quelle échelle peut-il être comparé à d’autres projets réalisés par Schneider Electric à travers le monde ?

Le nouveau stade de Baraki est pour le Groupe Schneider une référence unique dans la zone Moyen-Orient et Afrique par rapport aux solutions digitales installées. C’est une prouesse technologique ! On a installé toutes nos solutions digitales en dernière innovation au niveau de ce stade. C’est ce qui nous a permis aussi de garantir le succès de l’événement.

Pour vulgariser très simplement, il faut savoir que c’est un système qui permet le basculement des sources d’énergie en millième de seconde. En effet, on peut facilement basculer du réseau Sonelgaz vers les groupes électrogènes en millième de seconde sans que personne s’en rende compte, et ce, sans parler de l’efficacité énergétique. De plus, il convient de noter que le stade Nelson Mandela compte près de 300 tableaux de basse tension, qui sont tous connectés et communicants.

Concernant les économies réalisées en termes de consommation d’énergie, il est difficile d’avancer des chiffres, car c’est un projet neuf. Seulement, il est important de noter que nos solutions logicielles nous permettent de baisser la consommation électrique sans toucher au bâti. À titre d’exemple, prenons la consommation moyenne d’un bâtiment en Europe, qui s’élève à 330 kWh par mètre carré et par an.

Sans toucher au bâti, avec de la mesure, des technologies de software et des logiciels de captage de données, on est capable de passer de 330 à 180 kWh. Aujourd’hui, sur un projet neuf, comme c’est le cas du Stade de Baraki, on peut aller jusqu’à 37 kWh. On a un très bon exemple, celui du bâtiment de Schneider Electric à Grenoble à 37 kWh. En mixant énergies renouvelables, gestion des flux des personnes dans le bâtiment, de la climatisation, de l’éclairage, de l’énergie… C’est cette mesure-là qu’il faut prendre sur un bâtiment.

Justement, quels sont les impacts environnementaux du système de gestion utilisé dans le Stade de Baraki ?

Il y a la maîtrise totale de la consommation, c’est vrai. On est en pleine étude sur le niveau de baisse de la consommation à l’apport exact. Ce qui est clair, il y a une maîtrise totale. L’objectif quand on parle d’économie d’énergie est de réduire l’empreinte carbone de notre utilisation des installations, on pense donc souvent à la production, aux énergies renouvelables et leurs sources.

Mais on pense peu à la consommation et à la demande. Dans ce cadre-là, comme dans beaucoup de solutions que Schneider offre, nous traitons la demande qui présente 70 % du gisement de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Donc quand on regarde les 100 % de réduction d’émissions, on réalise qu’uniquement 30 % vont venir du moyen de production, que ce soit des éoliennes ou de l’énergie solaire, à la place des énergies fossiles.

Ainsi, 70 % vont provenir de la manière dont on dépense cette énergie. Donc les véhicules électriques et les systèmes d’efficacité énergétique. Dans un stade, la différence, c’est qu’à part dans certains pays où l’on climatise les stades, c’est la climatisation dans un bâtiment ou le chauffage qui va consommer beaucoup. C’est pour cela que c’est plus difficile à estimer. La valeur ajoutée, c’est plutôt la sécurisation de l’alimentation électrique. Comment faire dans un match ? La coupure n’est pas tolérable !

D’où les quelques millisecondes pour basculer d’une source à une autre. Le confort des spectateurs et la sécurité. Vous imaginez ce qui peut se passer s’il y a un blackout dans le stade pendant un match ? Un mouvement de panique, donc la sauvegarde de la bonne santé des spectateurs, etc. La valeur, dans ce cas-là, elle est plutôt orientée vers la sécurité et la sûreté.

Y a-t-il toujours une difficulté à concilier la croissance de la demande en termes énergétiques et la préservation des écosystèmes ?

Oui. Alors les deux, évidemment, c’est tout le dilemme que l’on doit résoudre. La mission première de Schneider Electric est de résoudre l’équation de la préservation de notre empreinte carbone. Donc, la réduction de notre empreinte carbone, tout en garantissant la sûreté, la sécurité, la disponibilité de l’énergie propre et enfin la durabilité de l’énergie propre que nous estimons être l’énergie électrique.

C’est ce que l’on définit comme étant l’électricité 4.0, qui est une énergie produite de manière renouvelable. Donc au lieu d’avoir de grandes centrales qui produisent de l’électricité, de grands réseaux de transport et ensuite de distribution, et avoir des personnes qui produisent et consomment individuellement, que ce soit dans une usine, dans un hôtel, ou même dans une résidence.

Tout ce beau monde va injecter de l’électricité sur le réseau et en même temps consommer. Pour gérer cette complexité d’énergie renouvelable, de consommation différente, il faut des technologies de progiciels très avancées. C’est ce que l’on appelle l’électricité 4.0.

Quels sont les principaux défis auxquels Schneider Electric est confronté lorsqu’il s’agit d’optimiser la consommation électrique à grande échelle ?

C’est un sujet mondial qui ne se limite pas qu’à l’Algérie ou à nos pays. Avant tout, c’est au niveau de la régulation. Donc, la législation doit permettre et encourager cette transition.

Dans ce cas-là, la plupart des pays ont déjà pris les bonnes initiatives pour encourager cette transition énergétique. Ensuite, d’un point de vue technique, on peut dire que ce n’est plus du tout un obstacle, puisque la technologie aujourd’hui fournit déjà la solution dans beaucoup de cas.

On parlait de dessalement tout à l’heure et d’économie, ça peut aller jusqu’à 30 %. Il faut savoir qu’il y a encore 10 ans, dessaler un mètre cube d’eau coûtait 15 kWh d’énergie. Aujourd’hui, cette valeur est descendue à 5 kWh, on a divisé par 3 l’énergie nécessaire pour dessaler l’eau de mer. Le hardware, les progiciels et les variateurs de vitesse, sans entrer dans la technicité, vous permettent d’optimiser cette production d’énergie.

Il n’est plus question de quelques pourcentages, mais d’un changement radical dans le business model. On a divisé par 3 le coût énergétique de la production d’un mètre cube d’eau en dessalement. Avec les beaux projets qui arrivent en Algérie, il y a 10 ans, ils auraient coûté très cher en énergie, aujourd’hui tout le monde en parle, ça devient une réalité, ce n’est plus une barrière !

À cet effet, pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ces nouveaux projets en Algérie ?

Le marché algérien présente un grand potentiel pour Schneider. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles on est établi avec deux plateformes industrielles, une équipe projet, et une volonté aussi, soit de la part du privé ou des pouvoirs publics, il y a une vraie volonté et un véritable engagement d’investir.

On essaie vraiment de pousser nos solutions digitales. Pour ces différents investissements, on arrive même à le pousser auprès des privés. Il y a pas mal de privés aussi qui sont en train d’investir, ils mettent l’accent sur l’orientation environnementale. Il y a aussi le secteur bancaire qui s’y intéresse avec les financements « Green », en accordant des avantages particuliers aux investissements qui prennent en considération le volet de la durabilité. Donc oui, le marché algérien présente un gros potentiel pour Schneider sur les années à venir, et ce, sur les différents segments d’activité, pratiquement tout segment confondu.

Quand on parle de ces investissements, il y a un élément que l’on nommait souvent, c’est que dans le monde du digital et des progiciels, l’investissement le plus précieux, c’est l’humain. Ce sont des heures de programmation d’ingénieurs hautement qualifiées. Donc quand on parle de hardware et d’équipements électriques, certes, nous avons des investissements dont nous sommes très fiers dans des usines.

Mais les investissements de demain sont les ingénieurs très qualifiés à forte valeur ajoutée, et c’est vers l’investissement dans la ressource humaine que l’on va s’orienter dans les années à venir, en Algérie, mais également en Afrique et dans le monde arabe en général. Puisque c’est là que la révolution digitale est en train de se passer et de s’accélérer, et c’est là que l’on a besoin de gens qui soient capables de développer ces logiciels.

Pour revenir au volet environnemental, quels sont les principaux bénéfices de la digitalisation et de l’automatisation des systèmes de gestion de l’énergie ?

D’abord, nous pensons que la volonté étatique est importante, mais elle est présente. En Algérie notamment, c’est ce que nous constatons, il y a une volonté forte de maîtriser cette gestion de l’énergie. Ce qui est très appréciable.

Ensuite, au niveau plus privé, c’est aussi l’action de chaque investisseur. C’est l’action de chaque entité, même privée, mais déjà chaque investisseur, chaque industrie, a un pouvoir décisionnaire fort dans la gestion du panier de l’énergie. Alors certes, le prix de l’énergie joue un rôle. Car le prix bas de l’énergie encourage moins les privés à y travailler, mais on voit quand même une tendance de fond pour gérer leur énergie de manière plus raisonnée.

En général, c’est la pression de la tarification qui a fait cette révolution en Europe. Ce n’est pas seulement la volonté de bien faire, c’est aussi une pression du coût de l’énergie qui fait que les privés engagent cette volonté de gestion de l’énergie de manière plus efficace. Néanmoins, la volonté étatique est importante aussi.

Comment Schneider Electric a intégré la digitalisation et l’automatisation dans ses solutions de gestion de l’énergie pour contribuer au développement durable ?

C’est le cœur de la raison pour laquelle on développe ceci. Si vous allez sur les réseaux sociaux et que vous voyez Schneider Electric et sa performance sur les marchés internationaux, vous verrez que c’est intimement lié à l’évolution du marché du développement durable.

Schneider a été élu à trois reprises comme étant l’entreprise la plus durable au monde. Ce n’est pas parce que nous travaillons seulement sur nous, sur nos propres usines, c’est aussi parce que l’on fournit à nos clients cette solution d’efficacité énergétique.

Donc la contribution à un développement durable, c’est notre métier. Notre métier, c’est de fournir à des industries aussi diverses que le dessalement de l’eau ou la production de biens de consommation générale, réduire la consommation d’énergie nécessaire à produire ces produits-là. Ainsi, notre objectif in fine aujourd’hui, c’est un développement durable de l’industrie, des bâtiments, des centres de données, des résidences qui consomment beaucoup d’énergie.

Pour les Smart Grids et les Off-Grid, est-ce qu’il est possible de développer ce genre de plateformes, par exemple, en région ?

Certes, Schneider a l’un des outils les plus avancés dans la gestion des Smart Grids et des Smart Cities, dans laquelle on utilise même l’intelligence artificielle et « le machine learning » pour détecter à l’avance les défauts ou les éventuelles ruptures de courant dans une ville, dans un pays ou dans un quartier. C’est quelque chose qui existe et qui est plus qu’applicable pour le cas de l’Algérie.

C’est un des sujets qui nous tient à cœur et qui est très important. Le Smart Grid est une réalité aujourd’hui qui existe dans plusieurs pays, en Afrique, et aussi dans les pays arabes. Le Sénégal vient de s’équiper de notre système de Smart Grid. Aujourd’hui, la Sénélec est très satisfaite de la supervision de leur réseau au niveau du pays. C’est une vraie réussite. On en a plein d’autres dans le monde. On a aussi eu des discussions sur l’Algérie. C’est un développement naturel.

Comment Schneider Electric a assorti la sécurité des systèmes de gestion de l’énergie numérisée et automatisée contre les cyberattaques ?

La cybersécurité est un sujet majeur qui fait partie de notre offre. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on a une équipe au niveau mondial et on fait en du business. C’est des services que l’on vend à nos clients sur la partie IT, mais surtout, c’était un des points de discussion avec notre client d’avant, surtout sur les équipements.

Aujourd’hui, il y a des hôpitaux qui sont pris en otage. Vous l’avez vu, dans le monde, il y a des hôpitaux qui sont pris en otage. Donc c’est très important de pouvoir sécuriser l’ensemble des équipements. Parce qu’imaginez que sur un Smart Grid, il y ait une intrusion, une prise d’otage, ça pourrait arriver assez facilement et être catastrophique. Donc on est une organisation de cybersécurité et on propose à nos clients de les accompagner.

Justement, il y a toujours une couche, encore une fois, logicielle qui vient protéger l’ensemble des systèmes et des solutions que l’on propose à nos clients. On est agréé ANSSI, qui est la société d’agrément et de certification pour la cybersécurité. Aujourd’hui, ça fait partie des objectifs principaux de développement et d’accompagnement de nos clients.

Utilisez-vous les mêmes technologies partout dans le monde ? Est-ce qu’il s’agit des mêmes standards en Afrique ou alors y a-t-il des gammes différentes ?

Sauf pour l’industrie, ce sont des gammes mondiales. Toutefois, il existe aussi des normes et des certifications qui font en sorte que vous avez des gammes particulières. Mais sinon, le monde entier est équipé des mêmes technologies. Aujourd’hui, Schneider est le distributeur officiel du logiciel Aveva en Afrique, qui propose les meilleures technologies, et ce, au niveau mondial. Donc, il n’y a pas de décalage.

Pour revenir à l’électricité 4.0, au GITEX, il y avait justement 10 panels ayant débattu à ce propos, en donnant l’exemple du Brésil. Pouvez-vous nous fournir plus d’explications par rapport à cette technologie ?

Oui, c’est plutôt un modèle et une idée qu’une technologie. L’électricité telle qu’on la connaît traditionnellement, c’est d’abord de grandes centrales de production d’électricité. Ensuite, de grandes lignes de haute tension qui font circuler l’électricité, qu’ils évacuent des centrales vers des réseaux de distribution électrique dans les villes. C’est ainsi que nous connaissons l’électricité.

Alors que l’électricité 4.0, c’est plutôt un champ d’éoliennes, un champ de photovoltaïque, un barrage, une centrale au gaz et un particulier qui a été motivé pour produire de l’énergie photovoltaïque sur son toit pour la revendre à Sonelgaz à un tarif préférentiel, parce que la compagnie nationale veut développer l’énergie photovoltaïque. Tout cela crée une nouvelle dynamique, une nouvelle manière de gérer l’électricité.

Si l’on considère également les véhicules électriques, et le fait que le soir, un véhicule électrique, une fois qu’il est chargé, peut devenir une batterie, donc un lieu de stockage de l’énergie, qu’il va restituer à l’aube quand tout le monde se réveille. Donc on peut utiliser les batteries des voitures électriques dans leurs garages comme étant une source d’énergie, puisque vous savez qu’il y a des pics au moment du coucher du soleil, quand tout le monde rentre à la maison, c’est ce qui s’appelle le « peak time ».

Donc cette partie-là est traitée par des engins de stockage. Pour gérer ça, c’est beaucoup plus complexe que de gérer juste une grande centrale qui produit et qui envoie de l’électricité partout dans le pays. C’est beaucoup plus complexe, comme vous l’avez deviné. Il y a beaucoup plus de contraintes, de complexités, et notamment de logiciels qui gèrent cette multidistribution.

Et si on y rajoute aussi le fait que les pays sont connectés entre eux, quand il est midi dans un pays, dans l’autre pays, il est encore 7 heures, etc., donc on peut gérer aussi les basculements. Et c’est ce qu’on disait des logiciels qui gèrent la « Smart Grid ». La « Smart Grid » aussi gère le réseau aussi complexe dans ce cas-là. Voilà le concept de l’électricité 4.0.

Contrairement aux autres énergies, l’électricité ne peut être stockée. Seulement, il existe des investissements et des solutions pour son stockage. Est-ce que General Electric développe ces systèmes permettant peut-être à vos partenaires de stocker cette énergie et de la déterrer au cas de besoin ?

Certes, nous avons parmi nos nombreuses solutions des solutions de systèmes de batterie, mais la solution à grande échelle n’est pas là uniquement. D’où l’émergence d’énergie alternative comme l’hydrogène, notamment l’hydrogène vert qui est généré à travers des moyens durables. Par exemple les panneaux photovoltaïques, qui pourraient créer de l’hydrogène, le stocker sous formes diverses et même le transporter et ensuite le brûler, ce qui produit de l’eau et ensuite de l’électricité.

Tout le monde travaille sur l’idée de stocker l’énergie électrique ou l’énergie propre, et les nombreuses idées sont en cours d’étude et plus même. La plus grande usine de production d’hydrogène vert a lieu en Arabie Saoudite en ce moment sur la côte de la mer Rouge. Elle est en train de se construire pour, un jour, remplacer dans très longtemps les énergies fossiles.

L’Algérie a l’ambition de produire et de développer les énergies renouvelables, mais aussi de produire de l’électricité à partir des énergies renouvelables, et met tout un système pour son injection dans le réseau de son gaz. Est-ce que le Schneider Electric a des solutions dans ce sens ? 

Absolument. Donc c’est des systèmes que l’on maîtrise depuis plusieurs années maintenant, de gestion et d’injection, notamment du photovoltaïque, qui a quelques harmoniques dans le réseau électrique qui injectent quelques perturbations, donc on gère ça avec non seulement des logiciels, mais également des outils du hardware, que l’on installe pour gérer l’injection de l’énergie photovoltaïque sur le réseau, et limiter l’instabilité.

D’ailleurs, c’est notre spécialité. À savoir les engins hardware et software qui font que l’électricité qui sort des panneaux peut être utilisée dans le réseau.

Donc ce sont des solutions qui sont proposées aux partenaires algériens ?

Oui ! Absolument. De plus, ces solutions sont déjà disponibles en Algérie.

Quelles sont les prochaines étapes pour Schneider Electric dans la région du Moyen-Orient et Afrique concernant la gestion d’énergies durables et innovations technologiques ?

Pour le Moyen-Orient, nous constatons beaucoup de mouvement, de dynamisme et d’investissements dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC). Pour accompagner cette dynamique, nous avons décidé d’investir nous-mêmes localement dans des ressources locales, et de ne plus dépendre d’autres géographies pour avoir nos propres solutions. On l’avait déjà abordé, l’investissement le plus important, c’est dans la formation des talents qui sauront programmer ces outils informatiques et ces logiciels.

Pour l’Afrique, il y a un sujet un peu différent qui ne concerne pas forcément le Maghreb et qui n’est autre que l’accès à l’énergie. La moyenne d’accès à l’énergie en Afrique de l’Ouest est de 45 % et en Afrique centrale de 25 %. Dans les pays comme le Kinshasa, en République du Congo ou à Madagascar, c’est plus compliqué, cette moyenne peut atteindre entre 10 % et 15 %.

Donc, il y a un enjeu majeur pour l’ensemble de ces pays, celui de fournir l’énergie. Parce que l’accès à l’énergie permet beaucoup de choses. L’accès aux télécoms, avec en plus de nouveaux services proposés par l’ensemble des opérateurs, comme le « mobile pay », vous permettant de payer avec votre téléphone. Finalement, où que vous soyez en Afrique, même si vous n’avez pas forcément accès à l’énergie, vous pouvez avoir accès à l’éducation, à Internet et aux services.

Encore une fois, le Sénégal est équipé d’un Smart Grid, Abidjan pourrait aussi passer sur un Smart Grid. Donc globalement, il va y avoir un rattrapage assez fort grâce à la digitalisation, de ce retard qui finalement existe. Aujourd’hui, vous prenez tous les pays du Maghreb, vous êtes connectés à 99,9 %.

Vous voyez un peu la différence avec les pays d’Afrique subsaharienne. En conséquence, c’est ce que représente l’enjeu de l’Afrique. Après, il y a plein d’autres enjeux, comme celui de l’eau au Maghreb, et dont on a parlé cette semaine avec nos clients. L’accès à l’eau va devenir très compliqué. C’est un enjeu pour tous les pays du Maghreb. Donc là aussi, nous proposons des solutions d’accompagnement et des technologies fortes pour être beaucoup plus efficaces là-dessus.

Pour clore cette interview, quel est le bilan de votre visite en Algérie ?

En arrivant en Algérie, nous étions prédisposés à avoir de très belles initiatives. C’est la raison même de ce voyage. Néanmoins, nous avons été agréablement surpris, d’une part par le dynamisme d’une génération de talents jeunes, très motivés et extrêmement compétents, qui peuvent nous aider à aller très vite. D’une autre part, avec des clients, des partenaires qui ont été très positifs sur l’avenir, et ça fait plaisir à voir.

Dès notre arrivée à l’aéroport, nous ressentons l’enthousiasme qui s’est affirmé lors de nos rencontre avec la plupart de nos clients ou encore avec nos collègues dans l’usine. Nous sommes également extrêmement fiers de notre équipe en Algérie, avec sa motivation et son engagement extraordinaire. C’est une stimulation très forte.

Au-delà de ça, après avoir rencontré les clients, on se sent tout à fait en phase avec la stratégie de l’Algérie, de par la localisation. Aujourd’hui, on est la plus locale des entreprises globales, mais c’est la réalité ! On est une société algérienne, on fabrique en Algérie, on a même une Joint-Venture (JV) avec une société étatique algérienne. Donc, on est tout à fait en phase dans la localisation et l’accompagnement local de tous les projets de toutes ces grandes sociétés algériennes. Cela donne beaucoup d’envie et beaucoup d’optimisme pour l’avenir.