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Tunisie : des trajectoires alimentaires incertaines pour 2024 – Actualités Tunisie Focus

Le dernier rapport de Fitch-Solutions pour le premier trimestre 2024 est peu rassurant pour les perspectives alimentaires en Tunisie, pour les prochaines années. Si les dépenses alimentaires augmenteront de 9,4%, les dépenses en boissons alcoolisées connaitront une hausse de 20.5%. Le rapport annonce aussi de nombreux risques, entre autres en terme de pénurie et de recul du de la demande alimentaire, suite aux pertes du pouvoir d’achat et rationnements institués par l’État pour les déficits de la balance commerciales. Voici en résumé, quelques constats…

• En 2024, les dépenses alimentaires en Tunisie augmenteront de 9,4 % en glissement annuel pour atteindre 38,4 milliards de dinars (11,3 milliards de dollars). C’est moins que la croissance de 11,2 % estimée en 2023, lorsque les dépenses alimentaires avaient atteint 35,1 milliards de dinars (11,3 milliards de dollars). À moyen terme (2023-2027), nous prévoyons que les dépenses alimentaires augmenteront à un taux annuel moyen de 10,3 %, pour atteindre 51,5 milliards de dinars (14,3 milliards de dollars) d’ici la fin de 2027.

• Les dépenses en boissons alcoolisées augmenteront de 20,5 % en glissement annuel par rapport à 2024, pour atteindre 220 millions de dinars (60 millions de dollars). Cela représente une augmentation par rapport à la croissance de 14,0 % estimée en 2023 à 180 millions de dinars (60 millions de dollars), mais la croissance sera principalement tirée par l’inflation.

• La consommation totale d’alcool augmentera de 3,4 % en glissement annuel par rapport à 2024 pour atteindre près de 189 millions de litres. La croissance est stable par rapport à 2023 et 2022. Le tourisme international contribuera à stimuler la croissance du marché. À moyen terme, la consommation totale d’alcool augmentera à un taux annuel moyen de 3,4 %, pour atteindre 209,2 millions de litres d’ici 2027. À moyen terme (2023-2027), les dépenses en boissons alcoolisées devraient croître à un taux annuel moyen de 14,1 %, pour atteindre 300 millions de dinars (80 millions de dollars) d’ici la fin de 2027.

• Les dépenses en boissons non alcoolisées augmenteront de 9,4 % en glissement annuel pour atteindre 3,5 milliards de dinars (1,0 milliard de dollars) en 2024, soit un ralentissement par rapport à la croissance de 11,2 % enregistrée en 2023, lorsque les dépenses s’élevaient à 3,2 milliards de dinars (1 milliard de dollars). À moyen terme, les dépenses en boissons non alcoolisées augmenteront en moyenne de 10,3 % en glissement annuel pour atteindre 4,7 milliards de dinars (1,3 milliard de dollars) d’ici 2027.

• En août 2023, le ministère tunisien du Commerce a annoncé qu’il allait réapprovisionner en farine plus de 1 000 boulangeries non subventionnées. Cette décision fait suite à des pénuries de pain à la suite de la décision du ministère de réduire les allocations de farine subventionnée à environ 1 500 boulangeries. On espère que ce renversement contribuera à atténuer la pénurie de pain.

• Le 13 février 2023, le producteur tunisien de snacks Céréalis a été radié de la cote du marché principal de la Bourse de Tunis à la suite d’une offre publique d’achat de 335 133 dinars (110 605 USD) par Cardinal Brands Limited et Power Brands. Rapport sur l’alimentation et les boissons en Tunisie

• En janvier 2023, le gouvernement tunisien a abandonné les taxes sur les importations de lait en poudre et de beurre dans le but d’augmenter l’offre de ces produits sur le marché laitier local dans un contexte de difficultés de production.

Le taux de chômage élevé et l’inflation pèsent lourdement sur les dépenses de consommation. • Le gouvernement s’efforce de réformer son programme de subventions alimentaires malgré la montée en flèche des préoccupations budgétaires.

• De nombreux consommateurs ruraux sont trop pauvres pour consommer des quantités importantes de produits alimentaires transformés.

• L’infrastructure et le commerce de détail moderne font toujours défaut dans une grande partie de la région, en particulier à l’extérieur des grands centres urbains, ce qui entrave l’accès des consommateurs et des fournisseurs aux points de vente au détail d’épicerie de masse existants.

• Il existe de grandes inégalités de revenus entre les populations urbaines et rurales.

• Une grande partie du marché de l’épicerie rurale est approvisionnée par de petits détaillants indépendants, ce qui limite l’exposition à des produits nouveaux et de plus grande valeur.

Les pénuries alimentaires et la hausse des coûts d’importation entraînent une hausse de l’inflation, ce qui pèse sur le budget des consommateurs.

• L’augmentation de la demande de produits laitiers pèse sur l’offre intérieure de produits laitiers, déjà mise à rude épreuve.

• L’instabilité sociale et le risque politique s’intensifient en Tunisie, ce qui, selon nous, pèsera sur la confiance des consommateurs et les investissements dans le commerce de détail.

• L’investissement fixe restera tributaire du maintien d’un environnement de sécurité stable.

• Les risques pour la sécurité et l’instabilité politique persistante sont également préoccupants et pourraient freiner l’intérêt des investisseurs étrangers pour le marché.

• Le contexte de hausse de l’inflation causée par la hausse des coûts de l’énergie et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales érodent le pouvoir d’achat des ménages et, par extension, limitent la dynamique de croissance provenant de la consommation privée.

Source : E4T, 6 decembre2023

Source  : ( Tunisie risques alimentations selon Fitch ) en anglais