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L’une des femmes les plus puissantes de Corée assassinée au sommet de son pouvoir

Daewongun, le père de Gojong, voulait que son fils se marie à une femme d’une famille noble. La future impératrice ne devait pas avoir d’ambition politique. Après de nombreuses recherches, il rencontra Myeongseong et estima qu’elle avait toutes les caractéristiques requises : la jeune fille provient d’une famille princière mais est orpheline. Daewongun vut cela d’un bon œil. Les parents de Min ne viendraient pas le concurrencer. Par ailleurs, elle est également éduquée, douce et en bonne santé. Le mariage a lieu le 20 mars 1866 et Myeongseong devient alors reine consort.

L’une des femmes les plus puissantes de Corée assassinée au sommet de son pouvoir ©Capture d’écran Youtube

Une union arrangée

Ce mariage est arrangé et les deux jeunes n’ont aucune attirance ni aucun amour l’un pour l’autre. Myeongseong passe ses journées à étudier, enfermée dans sa chambre, alors que son mari est beaucoup plus festoyeur. Il préfère sortir se délecter des banquets royaux. Avide de savoirs, Myeongseong se passionne de sciences, d’histoire et de philosophie en lisant des ouvrages interdits aux femmes de l’époque. Gojong ne lui apporte pas d’affection ou d’attention et est bien plus intéressé par sa concubine Yi Gwi-in, provenant d’un autre clan. D’ailleurs, lors de leur nuit de noce, il préfère rejoindre cette dernière que son épouse.

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Même si cette union n’est pas idéale, Myeongseong est tout de même reine et cela implique des responsabilités. On attend d’elle qu’elle s’investisse dans les relations extérieures du château. Elle est censée organiser des évènements, inviter des convives ou encore prendre soin de la famille royale mais la jeune mariée refuse d’exercer ces tâches. Elle préfère tenter d’entrer dans l’univers politique pour en modifier les règles.

Gojong (gauche) et Myeongseong (droite)Gojong (gauche) et Myeongseong (droite) ©Capture d’écran Youtube

S’opposer au prince Daewongun

Elle s’oppose rapidement au père de son mari, estimant que sa domination est trop forte et ses ambitions politiques désastreuses. De plus, Daewongun n’est pas tendre avec sa belle-fille. Suite à une fausse couche, il l’accuse d’être incapable de donner naissance à des garçons en bonne santé. On raconte d’ailleurs que Myeongseong l’aurait accusé d’avoir tué son futur enfant en lui donnant, lors de sa grossesse, un traitement douteux à base de ginseng.

Le prince Daewongun veut que son fils soit père d’un garçon et lui ordonne de le concevoir avec sa concubine. Celle-ci accouche le 16 avril 1868. Daewongun décide alors de donner ses titres royaux à ce jeune garçon.

Pour obtenir plus de pouvoir

Ces évènements amplifient la haine de Myeongseong envers son beau-père. Elle veut le renverser afin que son mari reprenne les rênes du pouvoir. Elle crée des alliances avec des hauts officiers. La reine Min utilise divers arguments, scandant que son mari, désormais âgé de 22 ans, est assez mature pour régner. Elle y parvient. Le père de Gojong est écarté, laissant le pouvoir à son fils et permettant à Myeongseong d’entrer dans la vie politique en aidant son mari à diriger le pays.

Celle qui est désormais impératrice commence par envoyer la concubine de Gojong et son fils dans un village lointain après les avoir déchus de leurs titres royaux. Elle place ensuite des membres de sa famille au sein de la Cour.

Malgré les oppositions de certains membres de l’armée soutenus par Daewong, Myeongseong est une personne ambitieuse, pleine de projets et d’idéologies pour la nation. Son grand investissement lui donne rapidement des responsabilités importantes dans le pays.

L’une des femmes les plus puissantes de Corée assassinée au sommet de son pouvoir ©Capture d’écran Youtube

La Corée, anciennement hermétique au Japon, commence progressivement à s’ouvrir à ce pays voisin. En 1876, un traité acte d’ailleurs la réouverture des frontières coréennes. Curieuse et avide de changement pour son pays, l’impératrice Myeongseong décide d’aller observer ce qui se fait outre-mer et envoie des émissaires au Japon. Plusieurs missions sont organisées, la Corée découvre alors un pays occidentalisé et moderne. Myeongseong voit ces innovations comme une source d’inspiration pour réorganiser sa propre nation. A l’inverse, certains membres de la royauté les perçoivent d’un mauvais œil, ils ont peur que cela détruise la stabilité du pays. Déterminée, l’impératrice ne s’arrête pas à ces oppositions et continue les missions en Occident et notamment aux Etats-Unis et en Chine.

Moderniser la Corée

La reine Min est séduite par ces expéditions occidentales : elle veut moderniser son pays dans différents domaines. Tout d’abord, elle veut agir sur l’éducation. Elle crée donc des écoles en anglais dans le but d’apprendre cette langue aux jeunes coréens. L’impératrice a une volonté : permettre à tous d’accéder à l’éducation. Si elle instaure une « école du palais » pour instruire les enfants des élites, elle crée aussi la première école ouverte aux filles et aux enfants défavorisés.

Ses voyages dans les pays occidentaux lui ont permis de découvrir les organes de presse des différentes nations. Elle fonde, dès lors, le premier journal du gouvernement, publié trois fois par mois. On peut y trouver divers articles propres à ses ambitions : on y parle notamment de l’Occident et de la modernité. C’est également sous son règne que le premier journal en coréen apparait. Cela permet de communiquer des informations à un plus large public.

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D’autres innovations ont également été apportées en matière d’armée, de médecine ou encore de religion. L’impératrice invite des missionnaires en Corée afin que les catholiques, jusqu’ici persécutés, soient désormais plus acceptés dans la société.

En contrant le Japon

L’impératrice Myeongseong se rend compte que la Corée n’a plus de supériorité militaire sur le Japon, elle voit progressivement son expansion en Corée comme une menace. Son plan est donc d’utiliser le Japon comme une aide afin de moderniser le « Pays du matin calme » et puis de le chasser grâce à l’aide des puissances occidentales. Elle lie notamment des relations avec la Russie afin de restreindre la puissance du Japon en Corée.

Le gouvernement japonais prend progressivement connaissance des ambitions de la reine Min. Les autorités la perçoivent comme une menace à éliminer. La nuit du 8 octobre 1895, des agents japonais s’infiltrent au cœur du palais royal. Ils rencontrent rapidement le fils de l’impératrice qu’ils menacent à l’aide d’une épée afin de savoir où cette dernière se trouve. Face au silence du jeune, ils décident d’abattre des dames de la cour. La reine Min, entendant les cris de la garde royale, se déguise pour passer inaperçue. Cette stratégie se révèle être inefficace.

L’impératrice est poursuivie avant d’être violée, assassinée et puis brulée.

Les suites de l’assassinat

Son mari et son fils, sous le choc, fuient en Russie pendant sept années. Ce n’est qu’à leur retour que de réelles funérailles sont organisées pour l’impératrice. L’assassinat de cette figure emblématique coréenne a provoqué l’indignation nationale et internationale. Certaines nations obligèrent le Japon à organiser un procès. Cela a été fait mais, faute de preuve, personne ne fut condamné.

Le décès de l'impératrice a provoqué des réactions internationales.Le décès de l’impératrice a provoqué des réactions internationales. ©Capture d’écran Youtube

Les années qui suivirent l’assassinat de l’impératrice ont été difficiles pour la Corée. En 1905, elle entre sous le protectorat du Japon et, cinq années plus tard, elle est annexée à ce pays.

Le film " The sword with no name" raconte l'histoire de l"impératrice MyeongseongLe film  » The sword with no name » raconte l’histoire de l’impératrice Myeongseong ©Capture d’écran Youtube

Suite au décès de l’impératrice Myeongseong, des écrits sur son parcours atypique ont été publiés et adaptés sur le petit et grand écran et même sur les planches. Sa reconnaissance ne cesse de croître aujourd’hui en Corée. Elle est d’ailleurs souvent considérée comme la mère de la Corée moderne.

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