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« C’est tuer ou être tué », Hamza Allal raconte ses combats clandestins

Quelque part au fin fond de la Suède, au beau milieu d’un terrain de hockey désaffecté deux hommes se font face en s’avançant l’un vers l’autre. L’un a le corps recouvert de tatouages, l’autre affiche un visage juvénile. Près d’une dizaine d’années séparent les deux hommes. « À ce moment-là, c’est tué ou être tué, explique Hamza Allal, le plus jeune des deux, originaire de Bordeaux. Passé ce petit moment où on se demande « mais qu’est-ce que je fais ici », c’est l’instinct qui reprend le dessus ».

Et pour cause le Kings of the Streets (KOTS) fait appel à ce qu’il y a de plus animal chez les combattants qui participent. Pas de règle, de limite de temps, de gants ou d’arbitre, seulement deux « guerriers » qui se font face et où seul l’abandon ou le K.-O. met fin au combat. Ce premier combat d’Hamza, en juin 2022, se soldera par une victoire par K.-O. technique au bout de huit minutes de combat. Les deux hommes finiront recouverts de sang, mais le plus important est ailleurs. « C’était le plus beau moment de ma vie, personne ne me donnait gagnant face à un adversaire qui était plus expérimenté, qui avait été champion d’Europe amateur de Kick-boxing », se souvient-il.

« Au début, cela m’a paru un peu barbare »

Hamza Allal est pourtant un mordu de sports de combat. Voilà maintenant dix ans qu’il suit le chemin de son père, boxeur. « J’ai commencé par le muay-thaï, aujourd’hui, je m’entraîne tous les jours, ou presque. » Après quelques combats au YFC et en Bare Knuckle (boxe à mains nues), il entend parler du KOTS par un ami et tombe rapidement sur des vidéos. « Au début, cela m’a paru un peu barbare, puis j’ai été séduit par l’ambiance qui règne là-bas, on ne la retrouve nulle part ailleurs. »

Bien souvent, l’organisation est prisée par des hooligans de l’Europe entière et dont certains combattent pour leurs idées politiques. « Il y a parfois des combats entre des fascistes et des antifascistes ou alors entre hooligans, mais toujours bien formés au combat, explique celui qui a rejoint la capitale girondine en 2018 en provenance de l’est de la France. Au KOTS on s’en fiche pas mal de qui tu es ou de ce que tu penses, l’important c’est que tu viennes pour combattre. » Hamza, lui, se définit comme « apolitique » et n’est pas vraiment branché foot alors c’est seulement accompagné de son entraîneur qu’il traverse l’Europe pour « représenter la France » dans un parking ou sur un terrain de hockey désaffecté.

Illégaux, mais pas amateurs

« C’est très bien organisé, on nous paye les billets d’avion et l’hôtel assez luxueux, ensuite on apprend le jour même l’endroit dans lequel on combat, c’est un peu la surprise. Par exemple, on ne savait pas qu’on allait combattre sur un terrain de hockey la première fois, mais j’étais content de savoir que c’était couvert déjà. » Seulement quelques spectateurs se trouvent au bord des « rings » de fortune : des membres de l’organisation, des entraîneurs ou des combattants qui attendent leur tour. Et de mettre l’accent sur la sécurité des combattants : « Il y a toujours des infirmiers qualifiés et des voitures qui sont à disposition pour transporter les combattants vers l’hôpital le plus proche. » Bien qu’Hamza n’en ait jamais eu besoin : « Ça n’arrive pas si souvent que ça ». Le premier adversaire du Bordelais en revanche avait dû y être transporté. « Il avait pris trop de coups à la tête, mais il va bien », se rassure le natif de Mulhouse.

« Chacun des combattants du KOTS va empocher au moins entre 500 et 1.000 euros s’il gagne, moi, je ne sais pas si j’ai le droit de dire la somme exacte », explique celui qu’on surnomme l’Inquisiteur. Le modèle économique est simple : une plateforme payante permet de regarder les combats en direct et parier sur un futur vainqueur.

Avec plus d’un million d’abonnés sur YouTube, l’organisation peut aussi compter sur des contrats de sponsoring avec des marques de vêtements destinés aux sports de combat.

Défait lors de son second combat en mars dernier contre un autre combattant français, Hamza va quitter les rings illégaux pour l’octogone. Le 17 juin prochain, il va participer au MMA GP à l’Arkéa Arena de Bordeaux.