International

L’avocat belge Alexis Deswaef expulsé de Djibouti: « Les policiers étaient nerveux »

Du côté de l’avocat belge, c’est l’incompréhension. “La délégation de la FIDH, après un premier refus, a été autorisée à se rendre dans ce pays. Quand je suis arrivé, j’ai été contrôlé à la frontière comme tous les autres passagers sans que cela pose le moindre problème. Le lendemain, une collègue qui arrivait par un autre vol, a été immédiatement refoulée.” L’avocat et les membres locaux de la FIDH comprennent alors que la suite du voyage ne sera peut-être pas un long fleuve tranquille. “On était suivi sans cesse mais nous avons pu enchaîner les rendez-vous que ce soit avec l’ambassadrice de France, le représentant du bureau des Nations unies, des membres de la société civile, des syndicalistes, des militants des droits de l’homme ou même des opposants”.

Plusieurs associations veulent l’interdiction de la reconnaissance faciale à Bruxelles, qui « entravera de nombreux droits et libertés »

Pouvoir sans partage

Une “espèce en voie de disparition” dans ce pays, qui compte approximativement un million d’âmes, dominé depuis 1999 par le parti de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) qui a confirmé son écrasante majorité lors des législatives du 24 février dernier, largement boycottées par les partis d’opposition. Sur les 65 sièges du parlement, l’UMP en occupe 58.

Le président Ismaël Omar Guelleh, 75 ans, au pouvoir depuis 24 ans, devrait arriver au terme de son 5e et dernier mandat en 2026. Il aura alors gouverné ce petit pays qui dispose d’une position stratégique dans la Corne de l’Afrique pendant près de 30 ans avec une poigne de fer jamais démentie.

À l’occasion de cette mission, la FIDH entendait dresser un état des lieux de la situation des défenseurs des droits humains à Djibouti et de les soutenir dans leur travail de dénonciation des nombreuses violations des droits humains commises par les autorités, selon un communiqué diffusé en début de semaine.

Une mission plus brève et qui s’est terminée de manière intempestive après 48 heures. “J’ai reçu appel de la réception de l’hôtel qui me demandait de descendre parce que j’avais un visiteur. Quand je me suis renseigné sur l’identité de celui-ci, on m’a répondu qu’il s’agissait de la police. J’ai prétexté que je sortais de ma douche pour gagner du temps et pouvoir contacter mes collègues locaux. Les policiers n’ont pas tardé à tambouriner à ma porte. Ils étaient nerveux. Ils voulaient absolument me mettre dans l’avion qui partait pour l’Éthiopie en soirée. On a traversé la ville à tombeau ouvert, mais j’étais un peu rassuré de voir qu’on prenait bien le chemin de l’aéroport”, explique Me Deswaef.

L’expulsion du vice-président de la FIDH, cueilli dans son hôtel par les services de sécurité qui l’ont exfiltré de l’établissement, lui ont confisqué son passeport, son téléphone portable, ses cartes SIM et ses notes avant de le mettre dans un avion en direction de Bruxelles, en passant par Addis-Abeba, plante une image d’un régime autoritaire qui n’entend pas assouplir sa position sous le regard passif de puissances comme la France, les États-Unis, le Japon ou la Chine qui disposent tous de bases militaires dans ce pays.

Emmanuel Macron veut redessiner la relation entre la France et l’Afrique