France

Grèves contre la réforme des retraites : Transports, énergie, déchets… Le point sur les perturbations attendues vendredi

La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit jeudi, notamment dans les transports, les ports, le gaz et l’électricité, alors que le gouvernement a choisi le passage en force, via le 49.3, du projet contesté d’Emmanuel Macron.

Trafic aérien et ferroviaire perturbé

Le trafic doit s’améliorer à la SNCF, mais il restera perturbé vendredi avec, comme jeudi, deux TGV sur trois. Le taux de grévistes dans le groupe de transport s’établissait jeudi matin à 6 % : 36 % chez les conducteurs, 16 % chez les contrôleurs, 11 % chez les aiguilleurs, 5 % chez les agents du matériel, équipement et commercial, selon une source syndicale.

Selon la SNCF il n’y aura toujours aucun train de nuit et un TER sur deux en moyenne nationale. En région parisienne le trafic restera dégradé sur la ligne R mais il s’améliorera sur le RER D. La RATP attend un trafic quasiment normal sur le RER A et deux trains sur trois sur sa partie du RER B, contre la moitié des trains sur la partie SNCF.

La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d’annuler 20 % de leurs vols à Paris-Orly, en raison d’une grève des contrôleurs aériens.

Raffineries en grève, Feyzin flanche

La plupart des raffineries françaises étaient encore en grève jeudi, celle-ci étant « reconduite chez TotalEnergies à la raffinerie de La Mède, à Donges et sur le dépôt de Flandres », a indiqué à l’AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT pour le groupe. Mais les grévistes sont réticents à mettre les sites totalement à l’arrêt, les stocks étant quasiment pleins, car l’opération est techniquement délicate et le processus de redémarrage long. Si bien que quelques expéditions de carburant ont repris partiellement ces derniers jours à la raffinerie de Normandie.

Si la grève est très suivie à Donges et à Flandres avec respectivement 80 % et 100 % de grévistes sur le quart du matin, la mobilisation fléchissait en revanche à la raffinerie de Feyzin où les grévistes n’étaient « pas assez nombreux pour bloquer les expéditions » jeudi, selon Hakim Bellouz, de FO. Sur la production (raffinage et pétrochimie), « les débits sont réduits », a-t-il ajouté. A Donges par ailleurs, le dépôt de carburant SFDM appartenant à l’Etat, situé sur une partie du port, était bloqué par des barricades.

Au Havre, la Compagnie industrielle maritime (CIM), qui alimente en carburants la raffinerie de Normandie (Total), celle de Gravenchon (Exxon) ainsi que les aéroports parisiens, est bloquée depuis jeudi jusqu’à dimanche matin, contre la réforme des retraites et pour le pouvoir d’achat, selon la CGT.

Tensions dans le gaz

La CGT Energie a lancé un « ultimatum » à Storengy, filiale d’Engie, pour qu’elle mette en oeuvre une importante et rare baisse de pression dans les réseaux de gaz, sans quoi les grévistes s’en chargeront, ce qui pourrait priver de gaz des centrales et certains clients industriels. Une demande refusée par la direction.

Certains sites du groupe connaissent « des perturbations opérationnelles, sans impact à ce stade sur la sécurité d’approvisionnement », a indiqué Engie à l’AFP mercredi soir.

Baisses de production et coupures dans l’électricité

Les grévistes d’EDF ont procédé encore jeudi matin à de fortes baisses de production. La CGT Energie a revendiqué 17.000 MW de baisse de charge, soit l’équivalent de quelque 12 à 17 réacteurs nucléaires. « A 08H00, la baisse de charge sur l’ensemble des moyens de production était de 8.760 MW », a indiqué la direction d’EDF, dont une large part dans les centrales hydroélectriques. Les réacteurs nucléaires français produisent entre 900 et 1.450 MW d’électricité.

Des coupures ont été revendiquées par la CGT : 32.000 foyers impactés dans les Ardennes dans les villes de Sedan, Rethel et Vouziers, à partir de 6H00, selon le distributeur Enedis. Le courant a été rétabli à 11H30.

Poubelles à Paris : Déblocage d’un dépôt par la police

A Paris jeudi matin, 9.400 tonnes de déchets n’avaient pu être ramassées, selon la mairie. Une augmentation brutale par rapport à la veille (7.600 tonnes). La mairie a refusé de réquisitionner des éboueurs mais, sommée de donner la liste de ses agents pouvant être réquisitionnés, elle a envoyé jeudi matin la liste de ses 4.000 agents affectés au nettoyage de la voie publique et au ramassage des déchets. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez a dit jeudi qu’il devrait signer les réquisitions.

Par ailleurs, les forces de l’ordre ont débloqué jeudi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) un dépôt géré par Pizzorno Environnement, qui collecte les ordures du 15e arrondissement de Paris notamment. Une intervention consécutive à une décision mercredi du tribunal de Créteil, saisi par Pizzorno Environnement.

« Ports morts »

Les ports de Nantes-Saint-Nazaire, mais aussi ceux de Brest, du Havre et de Calais, étaient à l’arrêt jeudi dans le cadre de la journée « ports morts » lancée par la CGT, selon le syndicat et les préfectures.

A Brest, une cinquantaine de grévistes, des travailleurs portuaires et dockers, se trouvaient sur place, a constaté l’AFP. Trois conteneurs bloquaient la voie d’accès au port. Au Havre, les accès aux terminaux portuaires étaient bloqués depuis 6H00, par des camions, grues, feux de pneus et de palettes, selon la fédération CGT des ports et docks (FNPD).

A Calais, les grévistes empêchaient camions et véhicules particuliers d’accéder aux ferries pour le Royaume-Uni, selon la CGT. Des camions étaient immobilisés sur plusieurs kilomètres dans des zones de délestage le long des routes menant au port.

Transport maritime et fluvial

Depuis lundi la grève impacte les traversées de la compagnie de ferries Corsica Linea, contrainte d’annuler plusieurs traversées de Marseille vers la Corse et de reporter une traversée vers Alger, prévue mardi et qui pourrait finalement avoir lieu vendredi.

Dans l’Est, c’est la navigation fluviale sur le Rhin qui est ralentie en raison d’un mouvement des salariés CGT à l’écluse d’Ottmarsheim, près de Mulhouse.