France

Le président équatorien dissout le Parlement pour éviter une destitution

La crise politique s’accélère en Equateur. Menacé par une procédure de destitution pour corruption, le président Guillermo Lasso a dissous mercredi le Parlement, entraînant des élections anticipées dont l’opposition pourrait cependant sortir renforcée.

Le chef de l’Etat conservateur, visé par un procès en destitution qui s’est ouvert mardi devant le Parlement où la gauche est majoritaire, a décidé de « dissoudre l’Assemblée nationale en raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs », selon un communiqué diffusé par ses services.

Des législatives et une présidentielle à venir

Impopulaire, Guillermo Lasso est accusé par l’opposition de malversations dans le cadre d’un contrat public portant sur le transport de pétrole brut. Il lui est reproché d’avoir eu connaissance de ce contrat préjudiciable à l’Equateur et de ne pas être intervenu pour y mettre un terme dès la prise de ses fonctions en mai 2021. Cet ancien banquier de 67 ans n’est cependant pas poursuivi par la justice dans le cadre de cette affaire. A l’ouverture de son procès en destitution, il a plaidé face aux députés sa « totale, évidente et incontestable innocence ».

Dans la foulée de l’annonce de la dissolution du Parlement, Guillermo Lasso a demandé au Conseil national électoral de convoquer des élections législatives et présidentielle anticipées, ainsi que le prévoit la Constitution. C’est par contre la première fois qu’un chef de l’Etat équatorien a recours à ce droit de dissolution, qui ne peut être utilisé qu’à une reprise au cours des trois premières années de son mandat.

Rafael Correa parle de « coup d’Etat »

L’ancien président Rafael Correa (2007-2017), qui dirige l’opposition malgré sa condamnation à huit ans de prison par contumace pour corruption et vit en exil en Belgique, a qualifié cette décision d’« illégale » et de « coup d’Etat ». Une alliance d’organisations de gauche a pour sa part appelé à défendre dans la rue « les droits et les libertés ».

Mercredi, le bâtiment du Parlement était gardé par des militaires et des policiers, tandis qu’autour du palais présidentiel, dans le centre historique de la capitale Quito, les hommes en uniforme étaient plus nombreux qu’habituellement. L’armée et la police ont averti que la Constitution devait « être pleinement respectée par tous les citoyens ».

Cette dissolution pourrait cependant profiter à l’opposition. « La mouvance de droite est affaiblie par un gouvernement qui a moins de 15 % de crédibilité », explique le politologue Santiago Cahuasqui, de l’université privée SEK. « Les mouvances du centre et de la gauche pourraient avoir plus de possibilités et de perspectives ». Et même si la gauche n’obtient pas la présidence, « une chose est certaine : ses députés, qui sont actuellement 49 sur 137, gagneront plus de sièges », avait de son côté assuré mardi le constitutionnaliste Rafael Oyarte.