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CanneSeries : Pourquoi Sarah Michelle Gellar mérite-t-elle son Icon Award ?

Vingt ans après la fin de Buffy contre les vampires, Sarah Michelle Gellar suscite un engouement toujours aussi vif ! L’actrice est l’honneur à CanneSeries, qui ouvre ses portes ce vendredi, où elle recevra le Canal+ Icon Award. Les billets pour sa master class, initialement programmée ce mercredi à 14 heures, se sont envolés en quelques minutes. Face aux nombreux messages et à la déception des fans, les organisateurs du festival azuréens ont déplacé cette conversation dans le mythique auditorium Louis Lumière du Palais des Festivals et des Congrès, ce mercredi à 16 heures, afin de pouvoir accueillir plus de monde. Pourquoi Sarah Michelle Gellar est-elle devenue une telle icône ?

Une carrière d’actrice très précoce

Née le 14 avril 1977 à Long Island d’une mère enseignante en maternelle et d’un père ouvrier dans le textile, Sarah Michelle Gellar est repérée à l’âge de quatre ans dans un restaurant à New York par un directeur de casting.

À 5 ans, elle tourne dans une dizaine de pubs pour les fast-foods Burger King. Dans l’une de ces vidéos disponibles sur YouTube et datée de l’année 1981, la fillette critique ouvertement l’ennemi direct de la chaîne, McDonald’s. McDonald déposera une plainte en diffamation contre Burger King, dans laquelle Sarah Michelle Gellar est citée, ce qui empêchera la fille d’entrer dans les restaurants McDonald’s pour y fêter l’anniversaire de ses camarades.

Elle fait ses débuts à la télévision dans l’unitaire An Invasion of Privacy à l’âge de 6 ans. Elle enchaîne ainsi les petits rôles durant toute son enfance, au cinéma, à la télévision et dans de nombreux spots publicitaires. En 1992, elle tient le rôle principal dans la série dramatique pour adolescents Swans Crossing.

Elle devient populaire en interprétant Kendall Hart dans le feuilleton quotidien All My Children à 16 ans, pour lequel elle remporte un Emmy Award à l’âge de 18 ans seulement ! Comme toutes les stars qui ont commencé dans un soap, Sarah Michelle Gellar considère cette expérience comme un outil d’apprentissage inestimable. « Essayez d’être un personnage de feuilleton qui n’a pas d’amis. Je me parlais tout le temps. Quarante pages de monologue chaque jour ! », rit l’actrice en 2006 dans les colonnes du Belfast Telegraph.

L’emblématique héroïne de « Buffy contre les vampires »

Sarah Michelle Gellar défie les pronostics. Lorsqu’elle décide de quitter le feuilleton pour s’installer à Los Angeles, son agent n’est guère encourageant : « Vous n’y arriverez jamais. Tout le monde abandonne les soaps et y revient ». A Los Angeles, son nouvel agent voit sa cliente refuser toutes les possibilités qu’on lui présente durant dix-huit mois… Jusqu’à ce qu’un pilote de télévision appelé Buffy contre les vampires arrive.

Au travers 144 épisodes de 1997 à 2003, Buffy Summers combat de nombreux vampires et autres monstres, mais aussi de nombreux clichés ! La jeune fille blonde et menue et redoutable tueuse de vampires fait évoluer la figure de l’héroïne classique des séries télé, ce personnage secondaire au service de la quête du héros masculin.

Dans ce mix étonnant entre soap opera, teen series et fantastique, ce sont les femmes qui possèdent les pouvoirs : Buffy et Faith sont des tueuses, Willow et Tara, des sorcières, Anya, un démon vengeur, alors qu’Alex n’a aucun pouvoir particulier. Et Buffy assume pleinement sa féminité, en menant ses combats rapprochés en talons et minijupe.

Le succès de la série, qui lui vaut cinq Teen Choice Awards, un Saturn Award et une nomination aux Golden Globes, a surtout permis l’existence de nombreux personnages féminins dans les rôles-titres des séries télévisées.

L’inversion des rôles et la question de l’émancipation des figures patriarcales sous-tendent toute la série, la femme y devient le sexe fort et l’homme, le sexe faible. « La mission première de la série, c’était la joie liée au pouvoir féminin : avoir le pouvoir, l’utiliser, le partager », explique Joss Whedon au lancement de la série. 

Aux avant-postes de l’inclusion

« Les monstres et les démons de la série sont autant de métaphores sur les horreurs de l’adolescence », écrivait Vincent Julé dans nos colonnes à l’occasion des vingt ans de la série. Buffy a ainsi exploré le manque de confiance en soi, la difficulté à s’intégrer, le sentiment d’être différent et les premières expériences sexuelles, parfois ratées…. 

Buffy contre le vampires a montré à toute une génération que la normalité n’existe pas et qu’aucune personne (ou démon) au monde n’est identique. Buffy est ainsi devenue la première série dans laquelle l’homosexualité féminine est ouvertement traitée de façon romantique avec une Willow qui se découvre lesbienne. 

« Je pense sincèrement qu’il s’agit d’une des meilleures séries de tous les temps et elle est rentrée dans l’histoire avec ce statut. Et je n’estime pas que c’est une déclaration insolente. Nous avons changé la façon dont les gens regardaient la télévision », estime Sarah Michelle Gellar dans une interview accordée à Esquire UK en décembre 2004.

Deux ans après Buffy contre les vampires, Sarah Michelle Gellar joue dans Sexe Intentions, l’adaptation du roman Les Liaisons dangereuses. L’une des scènes les plus connues du film est celle de son baiser langoureux avec Selma Blair. Ce dernier a été primé par le Best Kiss Award aux MTV Movie Awards et fait définitivement de l’actrice une icône lesbienne, ovationnée ors de sa présentation aux GLAAD Media Awards 2023

Une des remarquables « scream queen » du cinéma

Parallèlement au cinéma, elle s’illustre dans des films d’horreurs ou des comédies horrifiques : Souviens-toi l’été dernier (1997), sur le tournage duquel elle a rencontré son mari et père de ses deux enfants, l’acteur Freddie Prinze Jr., Scream 2 (1997), Scooby-Doo (2002), Scooby-Doo 2 (2004), ou encore The Grudge (2004).

Sarah Michelle Gellar donne la chair de poule à toute une nouvelle génération et devient une légende de l’horreur aux côtés de Neve Campbell, Janet Leigh et Jamie Lee Curtis. Elle devient l’une des meilleures scream queen – « reine de hurlement » en français, expression qui décrit une actrice phare de film d’horreur – de l’histoire du cinéma. 

En 2004, pendant la promotion de The Grudge, l’actrice parle de son lien avec l’horreur : « A la télévision, les femmes sont les stars, mais dans les films, nous avons encore du mal à jouer les rôles principaux. Ce genre particulier est celui où les femmes semblent obtenir les meilleurs rôles et peuvent vraiment briller . Et j’aime les films qui sont stimulants – je ne pourrais pas être juste la petite amie ou la femme dans un film. Je serai donc là où se trouvent les bons rôles féminins. J’aime l’horreur. » 

Sarah Michelle Gellar a participé à l’extension du jeu vidéo de zombies Call of Duty: Black Ops 2011 Call of the Dead aux côtés d’autres vétérans du genre comme Robert Englund, Danny Trejo, Michael Rooker et George A. Romero. 

Malgré quelques flops commerciaux et une longue pause pour s’occuper de sa famille, l’artiste revient à la fin des années 2010 dans son propre rôle dans la cultissime The Big Bang Theory. En 2023, elle revient à ses premières amours dans la série surnaturelle Wolf Pack, disponible sur la plateforme de streaming Paramount+, en tant qu’actrice et productrice, où elle fait découvrir à une autre génération les monstres qui nous traquent dans l’ombre… La légende est bouclée.