Belgique

Maxime Prévot: « Il y a trop de partis politiques, tant dans le nord que dans le sud du pays »

Au micro de Martin Buxant, le bourgmestre de Namur a notamment dressé le bilan du gouvernement fédéral qui, il le reconnaît, a dû gérer une crise inédite avec le Covid. “La gestion de la crise sanitaire a été bonne, le soutien au secteur économique et aux travailleurs était au rendez-vous, mais je ne suis pas certain qu’on en a tiré toutes les conclusions. L’un des enjeux c’était aussi de relocaliser certaines industries chez nous et je n’ai pas l’impression qu’on ait une véritable politique industrielle dans ce pays. Ensuite, en matière de soins de santé, on n’a pas tenu la promesse du réinvestissement, il y a des centaines de millions en moins pour un secteur essentiel”, déplore-t-il.

”C’est un gouvernement qui craque de partout, dont la solidarité est très relative”, estime encore Maxime Prévot. “En alliant gauche et droite, certains pensaient avoir une politique du centre, mais on a juste une politique de blocage. On ne parvient pas à mettre en œuvre des réformes structurelles, ni sur la fiscalité ni sur les pensions et on ne sait toujours pas à quelle sauce on va être mangé sur le plan énergétique”.

guillement

C’est un gouvernement qui craque de partout, dont la solidarité est très relative

Avant la fin de la législature, le président des Engagés espère que la Vivaldi arrivera à faire atterrir la réforme fiscale. “Notre système fiscal est dépassé, il est hérité de l’après-Seconde Guerre mondiale, et taxe ce qui était le plus disponible à l’époque, c’est-à-dire non pas le capital car il n’y en avait plus vraiment, mais les travailleurs. Il faut se moderniser, prendre en compte les changements numérique et climatique. Il faut beaucoup plus soutenir les parents solos, car les noyaux familiaux sont davantage éclatés. Il faudra aussi alléger les charges des employeurs. Nombre d’indépendants nous disent qu’ils ne savent pas engager car ça coûte trop cher”.

Parmi les propositions des Engagés, justement, un big bang fiscal présenté la semaine dernière. Avec quelques propositions concrètes. “Lutte contre le gaspillage d’argent public, meilleure perception de la TVA, lutte contre la fraude (travail au noir, fraude fiscale et sociale) et limitations des allocations de chômage dans le temps”, résume Maxime Prévot. “Limiter le chômage dans le temps permet d’augmenter les montants perçus au début, lorsqu’on perd son emploi, et après 2 ans ça se termine et s’ouvre alors un droit au travail, que l’état doit pouvoir proposer. Si le citoyen le refuse, il reste le filet de sécurité via les CPAS”.

Pour financer cette réforme, le capital doit également être taxé. “Il faut aussi qu’un euro des revenus du capital soit assimilé à un euro des revenus du travail”.

Concernant l’énergie, alors que l’accord avec Engie sur le nucléaire est toujours en attente, le président des Engagés souhaite que l’atome reste une part de notre mix énergétique à l’avenir. “On en a besoin, tout le monde le reconnaît, même les militants climatiques. Dans le futur, il faudrait sans doute de nouvelles centrales, plus modernes, pour avoir un quart de nucléaire, un quart de renouvelable, un quart de nouvelles énergies comme l’hydrogène et un quart de sobriété énergétique, soit une moindre consommation”.

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On a besoin du nucléaire, tout le monde le reconnaît

Avant les prochaines élections, Maxime Prévot reconnaît qu’il faudra travailler l’adhésion au projet des Engagés, qui est, selon lui, éminemment moderne. “Nous sommes la seule formation politique qui a quitté sa zone de confort. Nous sommes des centristes par conviction. On ne se demande pas comment servir une classe d’électeurs mais comment est-ce qu’on travaille au bien commun, comment on fait progresser tout le monde, avec de la nuance. Les problèmes d’aujourd’hui sont complexes et il n’y a pas de réponses simples et encore moins simplistes à ce genre de problèmes”.

Concernant le mariage raté avec DéFI, Maxime Prévot a quelques regrets. “Je dirais à François De Smet (président de DéFI) qu’il a loupé le coche, qu’il a été frileux. Je pense qu’en Belgique il y a trop de partis politiques, tant dans le nord que dans le sud du pays. Une recomposition va devoir s’envisager”.

En conclusion, après les prochaines élections, Maxime Prévot affirme qu’il refusera de travailler avec deux partis. “Je fais une exclusive uniquement aux extrêmes, à gauche et à droite. Je ne travaillerais donc pas avec le PTB et avec le Vlaams Belang. Mais pour les éviter il faudra peut-être travailler avec la N-VA, même si comme parti francophone on n’a pas spontanément envie de travailler avec eux”.

Le décryptage avec Dorian de Meeûs

A événement exceptionnel, dispositif exceptionnel. Toute cette semaine, les interviews politiques matinales de LN24 sont décryptées en plateau par Dorian de Meeûs, rédacteur en chef de La Libre, et Martin Buxant, journaliste de LN24 qui a réalisé l’entretien.