France

Faillite de la banque SVB : Comment les autorités bancaires veulent éteindre l’incendie

En une seule semaine, trois banques américaines ont sombré. A savoir Silicon Valley Bank (SVB), la banque des start-up californiennes, Signature Bank, 21e banque américaine, mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies. Voici ce qu’il faut savoir de cette affaire qui menace l’économie mondiale

Comment en est-on arrivé là ?

Le resserrement monétaire de la Réserve Fédérale (Fed), via une hausse des taux, a mis les marges des banques sous pression, incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé le secteur des nouvelles technologies, gourmand en cash. La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance des trois banques. Les dépôts de SVB se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l’établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis. « Beaucoup de déposants sont des petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes » aux Etats-Unis, avait relevé Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, dimanche, sur la chaîne CBS.

Pour quoi c’est inquiétant ?

Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disaient préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà. SVB se targuait d’avoir pour clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains. En conséquence, les Bourses européennes continuaient de chuter ce lundi, connaissant leur pire séance de l’année. Vers 9h40 GMT, Paris reculait de 2,95 %, Francfort de 3,12 %, Londres de 2,43 % et Milan de 4,60 %. Parmi les banques, BNP Paribas chutait de 6,06 %, Santander de 7,37 %, ING de 8,30 % et Commerzbank de 12,02 %.

Que font les autorités américaines ?

Elles ont annoncé dimanche une série de mesures pour rassurer tout le monde et vont notamment garantir le retrait de l’intégralité des dépôts de SVB et Signature Bank. La Réserve fédérale (Fed) – la banque centrale américaine – s’est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d’autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden.

« Aujourd’hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l’économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué Fed, Trésor et FDIC dans leur communiqué. « Cette initiative va permettre au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d’accès au crédit pour ménages et entreprises », ont-ils poursuivi.

Mais ce soutien ne sera pas gratuit car Joe Biden a indiqué dans un communiqué être « fermement déterminé à demander des comptes aux responsables de ce gâchis ». De fait la solution annoncée dimanche protège les déposants mais « les investisseurs [actionnaires] de ces deux banques (SVB et Signature Bank) vont tout perdre » et leurs dirigeants seront remplacés, a souligné un responsable de la Fed.

Et en Europe ?

Les dirigeants européens se voulaient les plus rassurants possibles, à l’instar de Bruno Le Maire qui assurait ne pas voir « de risque de contagion, donc il n’y a pas d’alerte spécifique ». « Nous avons des banques qui sont solides », « un système bancaire qui est solide » et « un ratio de liquidités qui est élevé », a affirmé le ministre de l’Economie en ajoutant que les établissements bancaires français avaient « des secteurs d’activité très diversifiés ».

Même son de cloche en Allemagne où la faillite de la banque SVB ne constitue « pas une menace pour la stabilité financière » en Allemagne, a assuré le superviseur bancaire Bafin, car elle n’a « pas une importance systémique ».

Quel avenir pour SVB ?

Les autorités américaines ont mis aux enchères SVB avec l’objectif de trouver un repreneur au plus vite. La filiale britannique a déjà été acquise par HSBC pour une livre symbolique. « Silicon Valley Bank (UK) a été vendue aujourd’hui à HSBC. […] Les clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement à partir d’aujourd’hui », précise le Trésor américain.

Les autorités financières britanniques ont agi dans l’urgence tout le week-end après l’annonce de la faillite de SVB afin de rassurer les marchés et tenter de limiter les dégâts pour le secteur de la technologie pour qui ce dépôt de bilan pose un « risque sérieux », a admis le ministre des Finances Jeremy Hunt.