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Le tremblement de terre au Maroc et l’organisation de l’aide

Le séisme, de magnitude 6,8 s’est produit le 8 septembre, peu après 23 heures. L’épicentre a été localisé dans la commune rurale d’Ighil, dans les montagnes du Haut Atlas, à 70 km au sud de Marrakech. Keystone / Yoan Valat

Le bilan du séisme qui endeuille le Maroc a dépassé les 2800 morts, tandis que plusieurs équipes d’aide et de secours étrangères travaillent sur place. Lundi, la Chaîne du Bonheur a lancé un appel aux dons. La Suisse a promis une aide humanitaire, mais elle attend toujours le feu vert de Rabat.

Ce contenu a été publié le 12 septembre 2023 – 17:22




appelLien externe aux dons pour les victimes du tremblement de terre.

La Chaîne du Bonheur a identifié deux organisations partenaires suisses au Maroc, CFDLien externe et Médecins du MondeLien externe, pour aider à fournir de l’aide d’urgence comme des couvertures, de la nourriture pour bébés et autres biens essentiels.

«Sur le terrain, la situation est très difficile», a déclaré Judith Schuler, directrice de la communication et de la recherche de fonds à la Chaîne du Bonheur. «Tout le monde cherche à savoir ce qu’il peut faire. Tout le monde veut faire quelque chose».

Quelle aide d’urgence la Suisse a-t-elle offerte au Maroc?

Samedi, le ministère suisse des Affaires étrangères a proposéLien externe de l’aide, notamment des abris d’urgence, et une assistance pour accéder à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que des médicaments et des techniques de construction. L’aide serait accompagnée par une équipe de huit spécialistes du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA). Ils sont prêts à être envoyés dans le pays, mais les autorités marocaines n’ont pas encore répondu formellement à l’offre suisse, indique le ministère.

Des familles ont été contraintes de s’abriter et de dormir en plein air, ayant perdu leur maison dans le tremblement de terre. Keystone / Jalal Morchidi

Autres offres d’aide internationale

Dimanche, les autorités marocaines ont déclaré avoir «répondu favorablement» aux offres d’aide des équipes de recherche et de sauvetage venues d’Espagne, du Qatar, de Grande-Bretagne et des Émirats arabes unis. En revanche, Rabat n’a pas encore accepté les offres d’aide de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique, d’Israël, de la Turquie et des États-Unis.

L’agence de presse de l’État a déclaré: «Les autorités marocaines ont procédé à une évaluation précise des besoins sur le terrain, sachant que l’absence de coordination dans de telles situations pourrait être contre-productive».

Le Maroc a déployé des ambulances, des équipes de secours et des soldats dans la région pour contribuer aux efforts d’intervention d’urgence.

Mardi, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), basée à Genève, a lancé un appel d’urgence afin de recueillir 100 millions de francs suisses pour fournir de l’eau, des installations sanitaires et des abris aux victimes du tremblement de terre au Maroc.

Une équipe de secours cherche sous un bâtiment effondré dans le village de Talat Talat N’Yaaqoub, au sud de Marrakech, le 11 septembre 2023. Keystone / Mohamed Messara

Pourquoi le Maroc hésite-t-il à accepter l’offre de soutien de la Suisse et d’autres pays?

Silvio Flückiger, chef adjoint de la cellule de crise du CSA, a déclaré lundi au journal Le Temps que l’équipe d’experts suisses était opérationnelle et qu’elle serait prête à embarquer dans les heures qui suivraient le feu vert des autorités marocaines.

Il estime que l’équipe suisse pourrait intervenir plus tard. Pour l’heure, le Maroc en est à la phase de sauvetage et de premiers secours, tandis que «l’offre de la Suisse s’adresse avant tout aux survivants», a-t-il déclaré.

«Chaque crise est différente et chaque pays réagit à sa manière à la catastrophe qui l’affecte. Il appartient à chaque État de déterminer le soutien dont il a besoin», a ajouté Silvio Flückiger. «Selon les informations qui nous ont été communiquées par l’ambassade de Suisse à Rabat, l’armée et la protection civile sont bien organisées et structurées pour répondre aux besoins. Mais il est vrai qu’il y a aussi beaucoup de problèmes d’accès dans ces régions reculées de l’Atlas».

Les observateurs ont d’autres avis sur les raisons de l’hésitation du Maroc. Il pourrait s’agir de raisons géopolitiques, comme l’a expliqué Beat Stauffer, expert de l’Afrique du Nord, à la radio publique alémanique SRF: «Le Maroc veut manifestement envoyer à la France le signal qu’il est indépendant et qu’il n’a plus besoin de l’ancienne puissance coloniale», a-t-il déclaré. «Le Maroc ne veut pas apparaître comme un pays en développement qui ne peut pas faire face lui-même à de telles catastrophes naturelles».

Des Marocains et des touristes dans un centre de transfusion sanguine à Marrakech donnent du sang pour les victimes du tremblement de terre. Keystone / Jalal Morchidi

Quelle est la situation humanitaire?

Le séisme, de magnitude 6,8 s’est produit le 8 septembre, peu après 23 heures. L’épicentre a été localisé dans la commune rurale d’Ighil, dans les montagnes du Haut Atlas, à 70 km au sud de Marrakech. De nombreux villages et villes de montagne ont vu leurs bâtiments s’effondrer et ont subi des dégâts considérables.

La télévision d’État a annoncé lundi en fin de journée que le nombre de morts s’élevait à 2862 et que 2562 personnes avaient été blessées, mais ce bilan risque de s’alourdir. L’Organisation mondiale de la santé a déclaré que plus de 300’000 personnes avaient été touchées par la catastrophe.

La majeure partie de la zone touchée par le séisme se trouvant dans des régions difficiles d’accès, les autorités n’ont publié aucune estimation du nombre de personnes disparues et les espoirs de retrouver des survivants sous les décombres s’amenuisent au fil des heures.

Comme la région la plus touchée se trouve sur un terrain accidenté et isolé, la situation mardi était très inégale: dans certaines zones, des camps de tentes organisés ont été mis en place et des fournitures acheminées par avion, tandis que dans d’autres endroits, aucune aide n’est arrivée, les routes étant bloquées par les rochers et la terre déplacés par le tremblement de terre.

Avec les difficultés qu’éprouvent les sauveteurs, de nombreux citoyens sont venus apporter spontanément leur aide. Par exemple, de nombreux habitants apportent de la nourriture, des couvertures et d’autres fournitures de secours à un point de collecte près de Marrakech, qui sont ensuite distribués dans les régions plus éloignées.

Le correspondant de SRF Daniel Glaus explique: «Les distances sont tout simplement immenses. On est souvent bloqué pendant longtemps parce que les routes n’ont qu’une seule voie et que certaines d’entre elles sont encore enterrées. En outre, il y a souvent un manque de coordination lorsqu’il s’agit d’apporter de l’aide. De nombreux convois d’aide sont en route, mais on ne sait pas qui va où. Il y a donc beaucoup de bonne volonté, mais beaucoup trop peu de coordination».

Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez

>> L’appel de la Chaîne du Bonheur pour les victimes du tremblement de terre au MarocLien externe

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