Maroc

Entre le Conseil de l’Europe et le Maroc : Des recettes pratiques communes pour lutter contre les paris illégaux

Tout en rappelant l’apport du Conseil de l’Europe, le ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, annonce la réunion ce mercredi du groupe de Copenhague, qui est un réseau mondial d’experts, avec la Mdjs.

Sous un angle tout à fait différent, les préparatifs pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, ainsi que d’autres manifestations sportives de par le monde sont menés à fond. A Rabat, celui des paris illégaux est minutieusement diagnostiqué mardi, à l’initiative du Conseil de l’Europe et de la MDJS. Le tout en présence d’un responsable marocain de taille.

« Les paris illégaux sont complexes ». Le regard est porté par le ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, lors de la conférence de la communauté de Macolin pour «préserver l’intégrité du sport en luttant contre les paris illégaux». Un événement organisé avec le soutien de la Marocaine des Jeux et des Sports» (Mdjs) afin, entre autres, d’apporter, d’après le responsable gouvernemental, des « réponses efficaces ». Le tout en mettant le doigt là où ça fait mal.

Traiter les paris illégaux efficacement

Pour M. Benmoussa, qui trouve que « l’intégrité du sport est menacée par le dopage et les paris illégaux », ceux-ci sont « un fléau qui n’est pas traité efficacement ». Dans ce sens, il rappelle la dominance de la Toile. A cet égard, « les paris illégaux sont souvent liés à la criminalité ». Le tout en ressortant des dangers pour la « santé publique » de par «l’addiction». Quant à la convention de Macolin, comme seul instrument juridique international contre la manipulation des compétitions sportives, elle est, comme il le rappelle, signée par « le Maroc en 2021». «Le Maroc a mis en place, en mai dernier, une plateforme avec toutes les parties prenantes pour renforcer la lutte contre les paris illégaux », enchaîne-t-il d’emblée. Cette conférence permettra, de plus, à cette plateforme d’intégrer, d’après lui, le réseau des acteurs et bénéficier des expériences internationales de la lutte contre ce phénomène. Par la même occasion, le ministre, qui rappelle l’apport du Conseil de l’Europe, annonce la réunion ce mercredi du groupe de Copenhague, qui est un réseau mondial d’experts, avec la Mdjs.

Des démarches à adopter selon un angle euro

De son côté, Carmen Morte-Gomez, cheffe de bureau du Conseil de l’Europe à Rabat, livre ses regards sur l’essence des compétitions sportives. « La concurrence est ouverte et honnête. Chaque victoire se mérite», estime-t-elle en qualifiant le Conseil d’acteur « majeur de protection de l’intégrité». Entre-temps, elle ressort différentes conventions du Conseil adoptées dont celle de Macolin qui l’est par le Maroc en septembre 2021. L’intervenante, qui rappelle la création d’un réseau de coopération internationale de magistrats spécialisés en intégrité du sport, saisit son passage pour s’exprimer sur le «besoin en coopération internationale et harmonisation de cadre législatif». Quant aux problèmes à résoudre, ils concernent entre autres « la violence, la discrimination et le blanchiment d’argent ». Les paris illégaux, eux, sont un fléau qui touche tout le monde. « Tous les sports sont concernés», explicite-t-elle en appelant à la «consolidation d’un espace juridique commun».

Des chiffres en provenance de l’UE

Egalement de la partie, Isabelle Falque-Pierrotin, preìsidente du GREF (Gambling Regulators’ European Forum) en France, présente ce réseau de régulateurs de jeux européens. Un groupe sur la lutte contre l’offre illégale de paris y est installé. Elle ne manque pas d’expliquer la « complexité économique » qui marque le secteur des jeux outre d’autres comme la complexité sociologique. Et ce n’est pas tout ! Elle entérine les propos du ministre. Le tout en diagnostiquant la situation en Europe. « Les paris sportifs sont au cœur de la croissance des marchés des jeux en Europe», avance-t-elle. Dans ce sens, elle s’appuie sur des chiffres de l’UE avec le Royaume-Uni, les paris sportifs en ligne sont passés «de 7,7 milliards d’euros en 2019 à 13,6 milliards en 2022». «Alors que pour le poker, nous sommes passés d’1,2 milliard d’euros à 1,4 milliard d’euros et pour les paris épiques, nous sommes à 2 milliards», poursuit-elle en prenant le pari sportif en Europe, voire au Maroc visiblement, qui fait partie intégrante de l’expérience sportive. A son sens, il est également essentiel d’assurer «la protection des joueurs ». En France par exemple, 75% des parieurs sportifs ont moins de la trentaine. « Assurer l’intégrité du pari sportif » est, entre-temps, l’une des suggestions qu’elle fait. « L’enjeu de cette lutte contre le pari sportif illégal est par ailleurs variable selon les pays », ajoute-t-elle en donnant l’exemple de l’Italie où l’offre illégale est composée à 75% de paris sportifs. En Suède et Allemagne, l’offre illégale est plutôt composée majoritairement de jeux de casino que de paris sportifs illégaux. « La France est le pays d’Europe qui contrôle le plus ses paris sportifs », révèle-t-elle davantage en s’exprimant sur une offre de qualité outre une liste de sports qui limite les compétitions sur lesquelles les joueurs peuvent parier. De plus, les paris sportifs online y sont en croissance pour enregistrer une multiplication par 25 entre 2010 et 2020. Cependant, une offre illégale y existe. D’où une étude qui estime que l’offre illégale des jeux en ligne est estimée entre 1,07 milliard et 1,5 milliard d’euros sur l’année 2023, soit une part de marché de 8 à 11%. « La lutte contre l’offre illégale est une priorité dans toutes les juridictions. L’offre c’est variée. Aucun moyen n’est suffisant. Cette lutte gagnera à une coopération internationale. Nous pourrions mutualiser nos actions en matière de listes noires. Beaucoup de parieurs ne sont pas conscients qu’ils jouent sur une offre illégale. Nous pourrions coopérer sur de nouveaux jeunes sportifs », suggère-t-elle en mettant en avant l’apport de la blockchain.

Les réalisations en vertu de Macolin

Pour sa part, le président du comité de suivi de la Convention de Macolin, Georgios Mavrotas, qui prend le phénomène des paris illégaux pour « l’un des plus graves problèmes touchant le sport, qui nécessite la mobilisation de tous les intervenants pour préserver l’intégrité de la pratique sportive au niveau international », abonde dans le même sens. D’après lui cette convention prévoit de la « prévention, la coopération et d’autres mesures ». Cet instrument met également l’accent sur «l’échange d’informations» via «des platesformes nationales», des «juridictions et des procédures criminelles, des sanctions, une coopération judiciaire internationale et un suivi». Ce document désigne aussi des limites en excluant particulièrement les personnes âgées de « moins de 18 ans ». De plus, une détection et une traçabilité sont des outils essentiels. « Il faut lutter contre le pari illégal pour avoir une propre régulation », recommande-t-il en prenant le pari illégal pour une pratique nocive pour les opérateurs, les clients, les gouvernements et la discipline sportive. Aussi, le pari fertilise la manipulation des compétitions. « Macolin est le cadre de travail approprié », conclut-il.