Belgique

« Ce qui se passe est dramatique pour Dinant »

La sortie publique de l’échevin, qui n’a pas caché son ras-le-bol face au mépris de certains élus à son égard, était en lien avec le point lié au nouveau plan de stationnement, cher au bourgmestre Thierry Bodlet.

Robert Closset n’en veut pas. Et il l’a fait savoir, avant de quitter l’assemblée, en même temps que la minorité. Car il ne comprend pas l’acharnement du bourgmestre dans ce dossier qui fait débat depuis plusieurs années. « Qu’on taxe plutôt les commerces vides, les habitants qui ne rénovent pas leur maison, mais qu’on arrête de faire payer les citoyens. Il y a moyen de trouver l’argent ailleurs que dans le parcmètre. On peut amener des idées, mais pour ça, il faut écouter. Et ça, ce n’est pas possible. »

Car, d’après le premier échevin, il n’y a aucun dialogue dans la majorité. « Thierry (Bodlet), c’est une machine. C’est lui qui décide de tout. Quand je veux prendre la parole au collège, il me coupe directement. Même les points que je souhaite inscrire au collège, on me les balaie. »

Quant aux réunions de majorité qui auraient lieu les samedis matin, comme l’a avancé le bourgmestre lundi soir lors du conseil, d’après l’échevin, « ce sont juste des réunions de préparation, les samedis avant les conseils. Mais il sait que je ne suis pas là, vu que je porte les pistolets dans toute ma famille. C’est comme ça depuis toujours. Et de toute façon, tout est déjà décidé. On n’a rien à dire, on est des presse-bouton. » Robert Closset insiste toutefois: l’événement de lundi soir n’est pas un règlement de compte. « Mais ce qui se passe est dramatique pour Dinant. »

« Bob » Closset pourrait-il quitter le navire de la majorité ? « Ils peuvent me mettre dehors s’ils veulent, faire une motion de méfiance. Mais moi, je continuerai le collège comme si de rien n’était et je terminerai comme ça. Au conseil, lundi, je me suis désolidarisé de la majorité, pour le point particulier du parking. Car c’est trop. À un moment, j’ai besoin de dire ce que j’ai à dire et d’exprimer mon malaise. Mais je continuerai le boulot jusqu’au bout, même si je ne me sens pas bien. Je garde la tête haute. »

Robert Closset ne serait pas étonné que le point revienne dès le prochain conseil. « Mais si ça passe, ils en prendront la responsabilité car on sera parti pour 12 ans. Plus tard, si on casse le contrat, il faudra indemniser la société, et ce sera terrible. »

« Collectivement, la majorité s’est plantée »

Laurent Brion n’épargne pas non plus la majorité…
Laurent Brion n’épargne pas non plus la majorité… ©ÉdA – Florent Marot

Le son de cloche au niveau de la majorité n’est pas plus brillant du côté du conseiller Laurent Brion (groupe Closset, mais ils n’ont plus de contact entre eux ; Laurent Brion n’avait par ailleurs pas signé l’avenant au pacte de majorité en juin 2022). Lui aussi a quitté la salle du conseil lundi, pour marquer son désaccord par rapport au nouveau plan de stationnement. Il regrette que le dossier n’ait pas été construit par la majorité, mais par Thierry Bodlet, seul. « Nous, on est un peu les vaches à lait, on était un peu obligé de dire oui au début. Pour moi, ce plan de stationnement, ce ne sera pas un plus au niveau du commerce local. »

Laurent Brion participe « par respect » aux réunions du samedi, avant les conseils. « Mais c’est très gag. À la dernière, on était… deux. Thierry Bodlet et moi. Mais à ces réunions, tout est déjà réglé, on ne peut rien changer. » Lui non plus ne se sent pas bien dans cette majorité. « Je ne m’y retrouve plus. Personnellement, je suis satisfait d’avoir pu apporter deux ou trois choses. Mais collectivement, la majorité s’est plantée. On n’a rien fait pour les citoyens , alors que, par exemple, on a dépensé 400 000 € pour des études. Pour aucune réalisation. En tant que simple conseiller, on est impuissant« , confie-t-il, amère. Il estime que cette majorité bancale n’a pas de poids et ne ressemble plus à rien. « Pour moi, il n’y a plus de majorité.« 

Et d’ajouter: « Si Thierry Bodlet et la majorité sont intellectuellement honnêtes avec eux-mêmes, ils ne doivent pas remettre le point à l’ordre du jour des prochains conseils. Car il n’y a plus de majorité, plus de quorum et une réelle cassure. Il faut remettre ça dans dix mois. Attendre et faire comme un genre de référendum plus tard. On ne peut pas imposer ça comme ça aux gens, et encore moins en fin de législature, à 10 mois des élections. »

« C’était le seul moyen de bloquer le point sur le parking temporairement »

En sortant de la salle du conseil lundi soir, la minorité (LDB), menée par Alain Besohé, et le groupe « Dinant » de Robert Closset ont laissé le collège et les autres membres de la majorité à 11 autour de la table (sur les 20 personnes présentes au départ). Les débats n’ont plus pu reprendre, le quorum n’étant plus atteint.

Explication du chef de file de l’opposition: « Ce projet de plan de stationnement ne va pas aider les Dinantais du centre-ville. Ça ne va pas stimuler les gens des villages, ni les habitants des communes voisines à venir dans le centre, vu que tout sera payant. La majorité actuelle manque de légitimité. Elle est dirigée par des personnes qui n’ont pas obtenu les meilleurs scores aux élections. C’est compliqué dès lors de prendre des décisions pareilles pour la ville, surtout pour une durée de 12 ans. »

Et d’ajouter: » On n’a pas voulu prendre le risque de passer au vote. Car 9 contre 11, ça passait, c’était trop risqué. »Alain Besohé insiste: « On n’est pas contre qu’un projet passe, mais ce projet, qui est uniquement celui de Thierry Bodlet, mal ficelé, mal préparé, on n’en veut pas. On a voulu marquer le coup. Ils ne demandent pas d’aide, ils font tout dans leur coin. Hé bien, nous, ce projet ne nous plaît pas, et on l’a montré . La majorité est bancale, ils n’y sont pas. C’était le seul moyen de bloquer le point sur le parking temporairement. »

Le point pourrait revenir lors d’un prochain conseil. Si lors de celui-ci, le quorum n’est pas atteint, le code de la démocratie local prévoit que le point peut être réinscrit à l’ordre du jour d’une troisième séance. Cette fois, quel que soit le nombre de conseillers présents, le point pourra passer. Au forceps. » Ils sont capables de tout !« , lâche Alain Besohé.

Le bourgmestre Bodlet charge l’échevin Closset, à balle de guerre

Thierry Bodlet (ID !) dit ne pas comprendre le choix de la minorité et des élus du groupe Closset d’avoir quitté l’assemblée, lundi. « C’est regrettable puisque nous avions rencontré les remarques des conseillers, tant de la majorité que de l’opposition,confiait le bourgmestre à la sortie du conseil, lundi.Le nouveau projet reprenait tout ce qui avait été demandé. Ce n’est pas démocratique d’agir comme ça, parce que la démocratie, c’est quand même la majorité. Je m’attendais à des mauvais coups, mais pas de ce genre-là. »

« Un hold-up »

Dans un communiqué de presse, envoyé dans la journée de mardi, Thierry Bodlet a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention d’abandonner ce nouveau plan de stationnement. Il regrette les événements de lundi et l’attitude des membres de la LDB, qui étaient « conscients que la finalisation du point par un vote démocratique aurait validé le projet, compte tenu du nombre de conseillers présents, les 11 conseillers restant de la majorité (NDLR: au détail près que Marie-Christine Vermer n’avait pas signé l’avenant au pacte de majorité à l’époque)étant plus nombreux que les 9 de la LDB et du groupe “Closset”« 

Et de poursuivre: « L’opposition a choisi de quitter la séance pour empêcher le vote, le quorum n’étant plus atteint. Ce faisant, ils ont complètement méprisé la population dinantaise qui est en attente d’un plan de stationnement digne de ce nom depuis plusieurs années. Ce “hold-up” arrive en fin de parcours administratif alors que de nombreuses consultations ont déjà eu lieu, qu’un cabinet d’avocats a été engagé pour présenter un document irréprochable et que de nombreux membres de l’administration y ont passé de longues heures de travail. »

Un « prétendu malaise »

Le bourgmestre ajoute: « Les possibilités ont été nombreuses pour Robert Closset et ses comparses de s’exprimer en amont du dossier. Avant d’arriver sur la table du conseil ce lundi, le dossier a par exemple été validé par le collège, et a été voté par les membres du groupe “Closset” au conseil communal du 6 février 2023, sans qu’aucune voix ne s’élève à son encontre. C’est donc un profond mépris qui est signifié par ces deux groupes (LDB et Closset) à l’encontre du travail de l’administration. Leur seul objectif était de produire un coup d’éclat en s’appuyant sur le mécontentement de Robert Closset et son prétendu “malaise au sein du collège”. »

Thierry Bodlet n’épargne pas son premier échevin. Il porte même de graves accusations: « Le Collège, dont l’objectif a été depuis le départ de travailler dans l’honnêteté et la transparence, n’a pas accepté certaines exigences. Il est en effet de notoriété publique que Robert Closset peine à distinguer ses intérêts privésde l’intérêt public. Le Collège, depuis le début de son mandat, tient quant à lui à réaffirmer son intégrité en la matière, même s’il subit régulièrement des pressions de la part du premier échevin (et de citer une série de dossiers dans lesquels Robert Closset aurait tenté de faire pression). Ce sont donc ces circonstances peu glorieuses qui ont permis aux membres de la LDB d’influencer Robert Closset et les membres de sa liste et de réaliser cette manœuvre de politique politicienne exempte du respect des principes démocratiques les plus élémentaires. »Et de conclure: »Le projet “Plan de stationnement”, clairement orienté au bénéfice des Dinantais, sera représenté lors d’un prochain Conseil. » Ça promet.