Une jeune femme arrêtée, les accusations de Moscou… Ce que l’on sait de l’attentat ayant tué un blogueur militaire russe à Saint-Pétersbourg
Dimanche, le blogueur connu sous le pseudonyme Vladlen Tatarskiï (de son vrai nom Maxime Fomine) a été tué dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg où il s’exprimait pour une conférence organisée par une organisation soutenant l’offensive russe en Ukraine, appelée “Cyber Z Front”. Le café lui-même appartenait au chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine. Ce dernier a indiqué lundi matin sur Telegram qu’il avait confié le restaurant en question au “Cyber Z Front”. Selon un dernier bilan, 32 personnes ont été blessées dans l’explosion, dont huit sont dans un état grave.
La suspecte avoue avoir amené la bombe
Ce lundi, les enquêteurs ont annoncé l’arrestation d’une jeune femme, Daria Trepova, une ressortissante russe présentée comme une militante du Fonds de lutte contre la corruption de M. Navalny, interdit en Russie depuis 2021. Selon Tass, elle avait été placée en détention pendant 10 jours en 2022 pour avoir manifesté contre l’assaut russe contre l’Ukraine le premier jour de celui-ci.
La jeune femme arrêtée est âgée de 26 ans. Selon de nombreux médias, notamment l’agence d’État Tass, Daria Trepova est suspectée d’avoir apporté à la conférence une bombe camouflée dans une statuette, qui a été remise au blogueur.
La police a ensuite diffusé une vidéo dans laquelle cette femme de 26 ans admet avoir amené une statuette piégée dont l’explosion a provoqué la mort du blogueur Maxime Fomine connu sous le pseudonyme de Vladlen Tatarskiï. Elle y refuse de dire pour l’instant d’où provenait la bombe et ne dit mot de l’organisation d’Alexeï Navalny. L’opposant, emprisonné depuis plus de deux ans, purge une peine de neuf ans de prison pour escroquerie.
Fervent défenseur de “l’opération spéciale en Ukraine”
L’homme tué par l’explosion était âgé de 40 ans et né dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Vladlen Tatarskiï était un personnage connu de la blogosphère militaire en Russie, avec plus d’un demi-million d’abonnés sur sa chaîne Telegram. Il a développé sa communauté sur Telegram notamment en publiant, depuis le début de l’offensive militaire russe en Ukraine en février 2022, des vidéos d’analyse sur la situation sur le terrain et de conseils pour les mobilisés, selon l’agence de presse Tass.
Il avait déclaré soutenir l’intervention de la Russie chez son voisin ukrainien. Selon les médias, avant de devenir blogueur, M. Fomine avait été incarcéré en Ukraine pour un braquage en 2011. En 2014, profitant des affrontements lors de la guerre déclenchée dans l’Est ukrainien par des séparatistes pilotés par Moscou, il s’est échappé de prison et a rejoint les rangs de ces combattants.
En 2019, il a quitté les forces armées des séparatistes de la région ukrainienne de Donetsk, selon le quotidien russe Kommersant, pour se faire un nom comme blogueur. Il a surtout été connu après que le président russe Vladimir Poutine a lancé son offensive contre l’Ukraine, bloguant et filmant depuis le front. Le blogueur avait choqué en septembre dernier lorsque, lors d’une réception au Kremlin, il avait dit face caméra : “On vaincra tout le monde, on tuera tout le monde, on volera tous les gens qu’il faudra, tout sera comme on aime”.
Accusations de Moscou
L’attentat « a été planifié par les services secrets de l’Ukraine, qui ont recruté des agents parmi ceux collaborant avec le prétendu Fonds de lutte contre la corruption de Navalny », a assuré le Comité antiterroriste de Russie lundi.
Le porte-parole du président russe Vladimir Poutine a quant à lui dénoncé « un acte de terrorisme ». La veille, un responsable de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak avait démenti sur Twitter toute implication, estimant qu’il s’agissait de « terrorisme intérieur » dû à des rivalités au sein du régime russe.
Après les accusations portées contre l’organisation de M. Navalny, sa porte-parole, Kira Iarmych, a dénoncé un coup monté du Kremlin.