France

Réforme des retraites : L’IGPN va proposer des sanctions contre des policiers de la Brav-M mis en cause

L’excuse de la « fatigue » n’aura pas suffi à convaincre la police des polices. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) va « proposer des sanctions » contre les policiers de la Brav-M (Brigade de répression des actions violentes motorisée) ayant eu des propos menaçants et humiliants envers des manifestants interpellés lors d’un cortège sauvage contre la réforme des retraites en mars, a indiqué jeudi sa directrice.

« Je vous confirme que nous allons proposer des sanctions au préfet de police », a déclaré sur France Info Agnès Thibault-Lecuivre, la directrice de l’IGPN, ajoutant qu’elle était « sur le point » de remettre ses conclusions. Elle s’est dite « extrêmement choquée » par les propos des policiers, révélés dans un enregistrement sonore obtenu par Le Monde et le site Loopsider.

« Quand bien même (…) ce sont des policiers qui étaient à l’issue d’une vacation particulièrement complexe, dans un contexte de rétablissement de l’ordre tendu, ça n’autorise en rien d’avoir un comportement contraire à l’exemplarité, qui doit être attendue en toutes circonstances », a encore déclaré la directrice. Fin mars, quelques jours après la révélation de cet enregistrement, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé qu’il y aurait « évidemment » des sanctions contre les policiers.

59 enquêtes judiciaires depuis janvier

Dans la nuit du 20 au 21 mars, des membres de la Brav-M avaient interpellé sept jeunes manifestants, soupçonnés d’avoir pris part à des dégradations dans un cortège sauvage dans le centre de Paris. L’un des interpellés avait alors discrètement enregistré les échanges avec les policiers.

« La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital », peut-on entendre dans l’enregistrement. Deux bruits de gifles sont également audibles, avant que l’un des policiers lance : « Tu commences à bégayer ! T’en re-veux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite ? »

Dans des rapports à leur hiérarchie des agents de la Brav-M intervenus le soir des faits, obtenus par l’AFP, ceux-ci ont plaidé « la fatigue physique et morale ». Un brigadier décrit ainsi « des vacations de 14 heures, voire 16 heures » durant lesquelles « nos besoins fondamentaux et vitaux n’ont pas été respectés, s’hydrater et se restaurer étaient très compliqué ». Agnès Thibault-Lecuivre a en outre indiqué que l’IGPN avait été saisie de « 59 enquêtes judiciaires » depuis la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, en janvier.