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« Sa recette fétiche », « Parler à défaut d’entendre », « Ne pas se tromper d’interlocuteur »: la presse préface le rendez-vous de Macron avec les Français

Après avoir défendu la réforme au journal télévisé le mercredi 22 mars, le président Macron s’est fait discret. Il a gardé son cap et maintenu son agenda. Visite d’État en Chine, visite d’État aux Pays-Bas, conseil européen : parfois loin de la France et de la fronde sociale. Mais le temps n’a pas pacifié la situation. Les confrontations entre manifestants et policiers éclatent encore tous les jeudis dans les grandes villes françaises.

Dans cette atmosphère de crise politique et sociale, Emmanuel Macron va donc s’adresser aux Français ce lundi à 20h00 pour tenter de relancer son second quinquennat. Une allocution télévisée solennelle sans contradicteur qui illustre sa volonté de reprendre l’initiative. Le moment est très attendu dans l’Hexagone et déjà préfacé par de nombreux médias.

« Sa recette fétiche »

Emmanuel Macron va parler. “Enfin !”, respirent ses soutiens. “Encore !”, soupirent ses opposants. Les mots d’introduction du journal Monde illustrent bien la tension qui entoure l’allocution à venir du président de la République française. “Les troupes d’Emmanuel Macron attendent l’effet galvanisant et réparateur de la parole présidentielle. Comme avant ? Lors de la crise des gilets jaunes, comme celle du Covid-19, par ses mots à la population, le chef de l’État n’avait-il pas su relancer son quinquennat et emmener les foules à lutter contre le virus, sacrifiant leurs libertés individuelles. Emmanuel Macron applique, à nouveau, sa recette fétiche”, note le célèbre quotidien parisien.

Du côté de la rédaction de Libération, on se montre pessimiste à quelques heures du discours présidentiel. “Plutôt que des paroles clivantes, il lui faudra poser des actes rassembleurs et crédibiliser un profond changement de méthode. On a du mal à y croire”, avoue le principal quotidien de gauche en France.

Edito de La Libre : Macron égal à lui-même

”Parler à défaut d’entendre. Alors que ce lundi soir à 20 heures, il va s’adresser aux Français, Emmanuel Macron va s’appuyer sur une parole présidentielle qu’il a largement contribué à démonétiser. Confronté à une crise sociale que la promulgation express de la réforme des retraites est loin de solder, à une crise démocratique qui s’est intensifiée depuis sa réélection il y a à peine un an, et même à une crise de régime qu’il refuse de nommer comme telle, le président de la République est face à un exercice risqué”, écrit Libé. “Il ne suffira pas de faire du bruit avec sa bouche et d’éviter les provocations inutiles pour sortir la tête de l’eau. Si on imagine mal Emmanuel Macron se livrer à un exercice de mea culpa, retisser une forme de lien avec le pays au-delà du noyau rabougri des macronistes les plus inébranlables – ce qui, on l’espère, est son but – ne se fera pas en une allocution. Si tant est que cela soit possible, d’ailleurs.”

Dans les lignes du HuffPost, la prise de parole d’Emmanuel Macron est comparée à un service après-vente. “Désavoué par les syndicats, étrillé par les oppositions, désavoué par l’opinion et critiqué à l’international, le chef de l’État cumule les difficultés dans un contexte inflammable”, recadre le média. “Dans ce contexte, difficile de voir comment le chef de l’État pourrait capter l’attention de la part — majoritaire — des Français qui s’opposent à la réforme des retraites. Dans un sondage réalisé par Harris interactive après la décision du Conseil constitutionnel, 6 Français sur 10 souhaitent que les syndicats poursuivent la mobilisation.” Selon le HuffPost, le président devrait changer de posture s’il veut vraiment renouer avec les partenaires sociaux et poursuivre le travail sur d’autres réformes.

Dans son éditorial signé Yves Thréard, Le Figaro compare cette réforme à un match entre les syndicats et le président. “De manifestations en coups de théâtre au Parlement, le spectacle fut intense. Parfois même pitoyable, voire violent par la parole ou le geste. L’heure est désormais au bilan. Qui a gagné ? L’exécutif a obtenu gain de cause. Une victoire à la Pyrrhus ? Le président de la République va s’exprimer lundi soir avec l’espoir de faire baisser la tension”, annonce le quotidien marqué à droite. “S’il est probable que le chef de l’État respectera sa devise de ‘ne rien lâcher’, son allocution ne devra pas se tromper d’interlocuteur. Laurent Berger, Jean-Luc Mélenchon et d’autres peuvent en appeler au peuple, ils ne sont pas le peuple. Certes, d’après tous les sondages, une grande majorité des Français est hostile au passage à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, mais tous ne souhaitent pas que la confrontation continue et que la confusion s’empare du pays. L’objectif d’Emmanuel Macron ne doit pas être de renouer avec les syndicats mais avec les Français.”

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