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Israël utilise « la famine comme arme de guerre » pour déplacer les habitants de Gaza – Actualités Tunisie Focus

*Le gouvernement israélien utilise la famine imposée à des civils comme méthode de guerre dans la bande de Gaza, ce qui constitue un crime de guerre.

*Les responsables israéliens ont fait des déclarations publiques exprimant leur objectif de priver les civils de Gaza de nourriture, d’eau et de carburant ; ces déclarations sont reflétées dans les opérations militaires des forces israéliennes.

*Le gouvernement israélien devrait cesser d’attaquer des biens nécessaires à la survie de la population civile, lever le blocus de la bande de Gaza et rétablir l’accès à l’électricité et à l’eau.

Le gouvernement israélien utilise la famine imposée à des civils comme méthode de guerre dans la bande de Gaza occupée, ce qui constitue un crime de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les forces israéliennes bloquent délibérément l’approvisionnement en eau, nourriture et carburant ; en même temps, elles entravent intentionnellement l’aide humanitaire, rasent apparemment des terrains agricoles et privent la population civile des biens indispensables à sa survie.

Depuis que des combattants dirigés par le Hamas ont attaqué Israël le 7 octobre 2023, de hauts responsables israéliens, dont le ministre de la Défense Yoav Gallant, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre de l’Énergie Israel Katz, ont fait des déclarations publiques exprimant leur objectif de priver les civils de Gaza de nourriture, d’eau et de carburant ; ces déclarations reflètent une politique mise en œuvre par les forces israéliennes. D’autres responsables israéliens ont déclaré publiquement que l’aide humanitaire à Gaza serait conditionnée soit à la libération des otages illégalement détenus par le Hamas, soit à la destruction du Hamas.

« Depuis plus de deux mois, Israël prive la population de Gaza de nourriture et d’eau, une politique encouragée ou approuvée par de hauts responsables israéliens et qui reflète une intention d’affamer les civils en tant que méthode de guerre », a déclaré Omar Shakir, directeur pour Israël et la Palestine à Human Rights Watch. « Les dirigeants mondiaux devraient dénoncer cet odieux crime de guerre, qui a des effets dévastateurs sur la population de Gaza. »

Entre le 24 novembre et le 4 décembre, Human Rights Watch a mené des entretiens avec onze Palestiniens déplacés à Gaza. Ils ont décrit les profondes difficultés qu’ils rencontrent pour se procurer des produits de première nécessité. « Nous n’avions ni nourriture, ni électricité, ni Internet, rien du tout », a déclaré un homme ayant fui le nord de la bande de Gaza. « Nous ne savons pas comment nous avons survécu. »

Dans le sud de Gaza, les personnes interrogées ont décrit la pénurie d’eau potable, le manque de nourriture menant à des magasins vides et à de longues files d’attente, ainsi que des prix exorbitants. « Vous êtes constamment à la recherche des choses requises pour survivre », a déclaré un père de deux enfants. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a signalé le 6 décembre que 9 ménages sur 10 dans le nord de Gaza, et 2 ménages sur 3 dans le sud du territoire, avaient passé au moins une journée et une nuit complètes sans nourriture.

Le droit international humanitaire, ou droit de la guerre, interdit d’affamer les civils comme méthode de guerre. Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale stipule qu’« affamer délibérément des civils […] en les privant d’objets indispensables à leur survie, y compris en empêchant intentionnellement l’envoi des secours » constitue un crime de guerre. L’intention criminelle ne nécessite pas l’aveu de l’attaquant, mais peut également être déduite de l’ensemble des circonstances d’une campagne militaire.

En outre, le blocus continu de Gaza par Israël, ainsi que le bouclage de ce territoire depuis plus de 16 ans, constituent une punition collective de la population civile, autre crime de guerre. En tant que puissance occupante à Gaza, Israël a l’obligation, en vertu de la Quatrième Convention de Genève, d’assurer l’approvisionnement de la population civile « en vivres et en produits médicaux ».

Le 17 novembre, le PAM a averti qu’il y avait un « risque immédiat » de famine, soulignant que les approvisionnements en nourriture et en eau étaient pratiquement inexistants. Le 3 décembre, le PAM a de nouveau évoqué un « risque élevé de famine », estimant que le système alimentaire de Gaza était au bord de l’effondrement. Le 6 décembre, le PAM a signalé que 48 % des ménages du nord de Gaza et 38 % des personnes déplacées dans le sud du territoire avaient enduré des « niveaux de faim graves ».

Le 3 novembre, le Conseil norvégien pour les réfugiés a averti que Gaza était aux prises avec des « besoins catastrophiques en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène ». Les installations de traitement des eaux usées et de dessalement ont été fermées à la mi-octobre en raison de pénuries de carburant et d’électricité, et sont depuis lors largement inopérantes, selon l’Autorité palestinienne de l’eau. Même avant le 7 octobre, selon l’ONU, Gaza ne disposait que de très peu d’eau potable.

Le gouvernement israélien devrait immédiatement cesser d’utiliser la famine des civils comme méthode de guerre, a déclaré Human Rights Watch. Il devrait respecter l’interdiction des attaques contre des biens nécessaires à la survie de la population civile, et lever le blocus de la bande de Gaza. Le gouvernement devrait rétablir l’accès à l’eau et à l’électricité, et autoriser l’entrée à Gaza de la nourriture, de l’aide médicale et du carburant dont les habitants ont urgemment besoin, y compris via le point de passage à Kerem Shalom.

Les gouvernements concernés devraient appeler Israël à mettre fin à ces abus. Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Allemagne et d’autres pays devraient également suspendre leur assistance militaire et leurs ventes d’armes à Israël, tant que les forces de ce pays continueront de commettre impunément, à l’encontre des civils, des abus graves et généralisés constituant des crimes de guerre.