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Avant Prigojine, ces deux tentatives de coup d’État qui avaient déjà fait trembler le Kremlin

Du 19 au 21 août 1991, un groupe de nostalgiques de l’ordre communiste tente de s’emparer du pouvoir pour empêcher la signature d’un « Traité de la Fédération » accordant une large autonomie aux quinze Républiques membres de l’URSS. Le président soviétique Mikhail Gorbatchev, en vacances, est retenu prisonnier dans sa datcha en Crimée. Durant ces trois jours de tensions, des dizaines de milliers de personnes manifestent, notamment à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Dans la capitale, ils se rassemblent pour défendre la « Maison Blanche », le parlement russe, symbole de la résistance au putsch. L’image du président de la Fédération de Russie Boris Eltsine haranguant les foules debout sur la tourelle d’un char fait le tour du monde.

La nuit du 20 au 21 s’achève avec la mort de trois jeunes manifestants lors d’un affrontement avec les militaires. Le 21, le putsch est défait grâce à la détermination d’Eltsine. Le 22, Gorbatchev revient à Moscou, mais son pouvoir est chancelant face au très populaire président russe. Les jours suivants, Gorbatchev démissionne de son poste de secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). Interdites par les autorités de nombreuses républiques, les activités du Parti communiste sont « suspendues » par Eltsine en Russie. En quelques semaines, les républiques soviétiques, dont l’Ukraine, déclarent leur indépendance. Les trois républiques baltes, dont l’URSS reconnaît l’indépendance le 6 septembre, sont admises à l’ONU le 17. Les principaux conjurés rapidement arrêtés – deux d’entre eux se suicideront – bénéficieront en 1994 d’une amnistie parlementaire.

S’il s’est vraiment lancé seul dans cette mutinerie, “soit Prigojine est déjà mort, soit une tasse de thé chaud au polonium l’attend à Minsk »

L’insurrection de 1993

Du 21 septembre au 4 octobre 1993, la Russie connaît une crise politique et constitutionnelle majeure. Le 21 septembre, le président russe Boris Eltsine dissout le Soviet suprême, le parlement issu de l’époque soviétique, accusé d’obstruction et d’usurpation de pouvoirs. L’ex-président du parlement Rouslan Kasboulatov et l’ex-vice-président russe Alexandre Routskoï, qui mènent depuis plusieurs mois le combat politique contre le chef de l’État, se barricadent avec plusieurs centaines de députés dans le parlement. Le bâtiment est progressivement ceinturé par les forces gouvernementales.

Tout bascule le 3 octobre après des manifestations de l’opposition dans les rues de Moscou. Les partisans des rebelles de la « Maison-Blanche » s’attaquent à la Mairie et au centre de la télévision d’État. La bataille fait rage toute la nuit entre forces gouvernementales et manifestants. Boris Eltsine décrète l’état d’urgence, et le 4 au matin décide de donner l’assaut au parlement. Des chars tirent sur l’édifice. Les insurgés se rendent. Leurs chefs sont incarcérés. Les violences font officiellement 150 morts, plusieurs centaines selon diverses autres sources. En décembre, une nouvelle constitution renforçant sensiblement les pouvoirs du chef de l’État est adoptée par près de 60 % des votants mais les élections législatives qui se déroulent en même temps sont un échec pour les partisans d’Eltsine. Le 23 février 1994 la Douma (chambre basse) à majorité conservatrice, vote l’amnistie des responsables de l’insurrection de 1993.

En Russie, une mutinerie qui n’a duré que 24 heures: l’étrange sortie de l’homme qui voulait « aller jusqu’au bout »