Belgique

Dans un discours aux allures d’ode au fédéralisme belge, le Roi rend un hommage appuyé à son père, mais aussi à Baudouin “qui reste un exemple”

Le discours royal débute et se conclut d’ailleurs, une fois n’est pas coutume, par une série d’images de son premier discours en tant que Roi, 10 ans auparavant. Tandis qu’une série de références, en forme de clins d’œil, sont adressées à Baudouin dans le bureau du Roi, avec la présence à l’image d’une peinture représentant le roi Baudouin réalisée par le roi Philippe. La peinture, on le sait, est une passion du roi Philippe.

Le lien entre Philippe et le Roi Albert II

Il y a 10 ans, jour pour jour, j’ai prêté serment en tant que 7e Roi des Belges, succédant ainsi à mon père, le Roi Albert II, à qui je veux aujourd’hui rendre hommage. Vous nous avez réservé à la Reine et à moi un accueil chaleureux. Ce 21 juillet 2013 reste à jamais gravé dans nos mémoires. Il constitue aujourd’hui encore une source inépuisable de motivation et d’inspiration pour nous deux”. Une nouvelle indication du fait que, si les relations de Philippe avec ses parents n’ont pas toujours été des plus simples, le temps et les événements les ont rapprochés.

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Ceux qui ont connu Baudouin se souviendront de son sourire, de son regard et de sa poignée de main confiante. »

Il tient au sujet de Baudouin, son oncle qui a assuré une partie de son éducation d’enfant et de prince, des propos assez personnels et touchants. “Cet été, nous commémorons un autre anniversaire : les 30 ans du décès du Roi Baudouin. Ceux qui l’ont connu se souviendront de son sourire, de son regard et de sa poignée de main confiante. Je sais le bien considérable qu’a réalisé un tel homme autour de lui, par sa foi en l’humain, par son profond souci de chacun et du pays. Il a été et reste un exemple pour beaucoup, chez nous comme au-delà de nos frontières.”

Comme c’est le cas lors de presque chaque discours, le Roi a aussi tenu à rendre un hommage appuyé à son épouse, la reine Mathilde, et au duo qu’il forme avec elle. “La Reine a toujours été à mes côtés, en toutes circonstances. Son attention pour chaque personne qu’elle rencontre et son engagement constant ne cessent de m’émerveiller chaque jour.”

Le sens du compromis et l’humour belge

Le chef de l’État est ensuite rentré dans le vif du sujet. À l’occasion des 10 ans de son règne, Philippe n’est pas revenu sur l’année écoulée, mais sur la décennie, saluant la “solidarité qui vit” dans notre pays, en ajoutant une référence à deux qualités bien belges : “le sens du compromis”, mais aussi “notre humour.

”Nous devons, pour ce faire, chérir notre modèle de société et les qualités humaines qui le caractérisent”, préconise le Roi, selon qui “ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme acquis une fois pour toutes”.

La décennie écoulée a été riche en évènements, heureux et tristes. L’Histoire se souviendra d’une succession de crises, dont certaines sans précédent : les attentats du 22 mars, la pandémie, les sécheresses et inondations, la guerre en Ukraine ou encore la crise énergétique. Ces crises, nous les avons surmontées ensemble, au mieux de nos capacités et avec des résultats tangibles.”

Alors que 2024, année électorale pourrait voir à nouveau la Belgique trembler sur ses bases, le chef de l’État a insisté sur ce qui réunit les communautés, plutôt que ce qui les sépare.

Entre le Nord et le Sud, “le fond est le même”

Ce caractère profondément humain des Belges est une constante perceptible au Nord comme au Sud du pays. Nous en avons été témoins à travers nos multiples rencontres et visites”, avant d’ajouter que, même s’ilva de soi que chacun exprime ce caractère à travers sa langue, sa culture, ses convictions, le fond est le même”.

En effet, alors que les nationalistes flamands réclament le confédéralisme et l’évaporation de la Belgique, ce discours peut se lire comme une ode fédéralisme et aux réalisations belges, non pas lors de l’année écoulée, mais depuis les origines du pays. Son propos peut aussi s’analyser, même s’il ne les cite pas, comme un avertissement face au danger des partis extrêmes qui souhaitent remettre en cause le modèle belge, auquel croit Philippe. Le Roi souligne ainsi que “notre culture de la solidarité et de la concertation nous a permis de développer un système de sécurité sociale dont nous pouvons être fiers.” Il se félicite du fait que “des communautés de culture différente cohabitent au sein de notre État Fédéral.”

Le roi Philippe se dit encore convaincu qu’en collaborant, dans la diversité, la Belgique peut “développer davantage de créativité et d’innovation que n’importe où ailleurs.”

Le discours du roi Philippe : « La décennie écoulée a été riche en évènements, heureux et tristes »

« Affronter les défis du changement climatique »

Le chef de l’État pointe également, comme c’est devenu son habitude, les questions environnementales et l’importance “d’affronter les défis que sont le changement climatique, la préservation de la biodiversité, la transition énergétique”, avant d’égrener, sans presque omettre aucun défi futur, “l’utilisation adéquate de l’intelligence artificielle, la justice sociale, l’accueil juste de migrants, le vieillissement de la population ou encore la perte de confiance dans nos institutions et la démocratie.”

La liste est longue et ce n’est par hasard selon le Roi, qui estime qu’elle “témoigne du changement systémique auquel nous sommes actuellement confrontés”.

Le Roi clôture son discours par un nouvel anniversaire qui se profile. “Dans sept ans, la Belgique célébrera son bicentenaire. Ce sera un jalon important dans son histoire.”

Une indication voilée au passage de flambeau ? “Non”, assure un proche du Palais.

”Bientôt une nouvelle génération entrera dans la vie active”, ajoute-t-il. Faut-il y voir une indication voilée ?

Le symbole d’une montée sur le trône de la princesse Elisabeth à l’occasion du bicentenaire de la Belgique, en effet, serait puissant. Ce n’est toutefois pas ainsi qu’il faut le lire, selon un proche du Palais. Elisabeth aura 29 ans en 2030 et le roi Philippe, 70. Mais le roi Albert II avait régné jusqu’à l’âge de 79 ans. Et annoncer abdication 7 ans à l’avance n’aurait guère de sens, nous indique-t-on également.

Le Roi conclut par un message d’espoir. “Vous, la génération 2030, avec votre sensibilité, votre esprit critique et vos talents. Ensemble, préparons dès maintenant l’avenir. Avec tout ce qui fait la force de la Belgique !