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Turquie : Comment la campagne présidentielle d’Erdogan est perturbée par une grippe intestinale

Les intestins du président turc lui jouent des mauvais tours. Candidat à sa réélection, Recep Tayyip Erdogan a été obligé d’annuler plusieurs engagements publics mercredi et jeudi, torturé par une grippe intestinale. Un virus qui vient perturber la campagne présidentielle au pire moment alors que le vote est prévu pour le 14 mai prochain. En 2011, il avait déjà été opéré du gros intestin, ce qui avait alimenté des spéculations autour de sa santé.

Programme perturbé

Pas de discours, pas d’inauguration. Alors que le chef d’Etat avait espéré pouvoir repartir sur le terrain jeudi, il est contraint au repos forcé. Son programme chargé et le rythme effréné de ses déplacements s’en trouvent profondément perturbés. A commencer par la visite de deux régions d’Anatolie centrale où il devait prendre la parole. « Je vais me reposer à la maison aujourd’hui sur conseil des médecins. Malheureusement, nous ne pourrons pas nous réunir avec nos frères de Kirikkale, Yozgat et Sivas aujourd’hui. Je demande pardon à tous », a-t-il tweeté.

Le chef de l’Etat, depuis vingt au pouvoir, devait également renoncer à inaugurer jeudi la première centrale nucléaire du pays à Akkuyu, sur la côte sud de la Turquie, a annoncé le vice-président du parti AKP au pouvoir, Erkan Kandemir. Mais il est finalement apparu à l’inauguration de la centrale. Sur les images, diffusées par les télévisions turques, Erdogan apparaît les traits tirés, pour écouter un message par visioconférence de Vladimir Poutine.

Tout avait commencé mardi soir quand il avait dû interrompre une interview en direct à la télévision. Après une quinzaine de minutes, il était revenu à l’antenne, le teint pâle et les yeux rougis, en s’excusant d’avoir été malade. « Hier et aujourd’hui il y a eu beaucoup de travail. A cause de cela j’ai attrapé une grippe intestinale », avait-il justifié. « A un moment, je me suis demandé si ce serait mal pris que nous annulions l’émission. Mais nous avions promis. Je vous demande pardon ainsi qu’à vos téléspectateurs », avait-il ajouté, les traits tirés.

Un rythme effréné

Le chef de l’Etat avait prononcé trois discours de campagne en une journée avant l’émission, à moins de 20 jours des élections présidentielle et législatives que les sondages annoncent comme très disputées. Le président, à la démarche parfois ralentie, aligne deux à trois meetings quotidiens pour sa campagne et pendant le ramadan il a en outre partagé chaque soir un iftar – le repas de rupture du jeûne – dans une localité différente. Il avait prévu de maintenir un rythme de rencontres élevé à travers le pays dans la dernière ligne droite avant le double scrutin du 14 mai pour lequel tous les instituts de sondage annoncent un score serré.

Soutien de ses rivaux

Son principal rival, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, candidat de l’Alliance nationale qui réunit six partis de l’opposition, a aussitôt souhaité un « bon rétablissement » au chef de l’Etat. Mercredi soir lors d’une interview télévisée, il a réitéré ses vœux : « Nous appartenons à la même nation. Dès que j’ai su je lui ai souhaité un bon rétablissement via Twitter ».

Plusieurs autres dirigeants de l’Alliance ont adressé leurs vœux de rétablissement au président turc. « Je souhaite que M. Erdogan guérisse bientôt et lui souhaite un prompt rétablissement » a notamment tweeté Meral Aksener, présidente du Bon Parti, deuxième plus importante formation de la coalition d’opposition.

Des rumeurs autour d’un cancer

La santé du dirigeant turc avait alimenté les spéculations après une opération du gros intestin fin 2011, suivie d’une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. Erdogan, alors Premier ministre, avait démenti publiquement souffrir d’un cancer du côlon, expliquant que les opérations visaient à lui enlever des polypes.