France

Toulouse : Antigaspi, ces paniers de fruits et légumes déclassés cultivent aussi l’insertion

Des kiwis trop petits pour trouver leur place dans les rayons des supermarchés ou encore des courges butternut pas assez belles pour les clients amateurs de fruits et légumes aux lignes parfaites. Ces légumes moches, biscornus ou déclassés à cause de petites marques sur leur peau trouvent grâce aux yeux de nombreux consommateurs qui ont décidé de passer au système de paniers commandés sur Internet, auprès de jeunes entreprises dont le credo est celui de l’anti-gaspillage.

Vecteur d’insertion

Dans un entrepôt de la périphérie toulousaine, depuis quelques semaines, Nadir, Clarisse et les autres salariés en insertion de la société Nouvelle Attitude garnissent des sacs de fruits et légumes pour le compte des sociétés Bene Bono et Pimp Up, qui partiront ensuite sur divers points de livraison de l’agglomération où les clients viendront les récupérer. « On a une fiche poids et on remplit en fonction de la commande. Si on manque de choux-raves par exemple on va le remplacer par deux fois plus de carottes », explique Nadir, présent depuis neuf mois au sein de cette entreprise et qui aimerait trouver à terme un emploi dans la logistique.

Dans son sillage, Clarisse, cariste, qui a démarré dans l’entreprise il y a deux ans sur la chaîne de tri papier, le cœur de métier de cette filiale de La Poste, prend du plaisir à s’occuper de ces paniers. « On sait que la cause est bonne, que cela permet de faire attention à la planète car sinon ces fruits et légumes seraient certainement jetés. Et pour nous ça change, ça permet de ne pas nous lasser », relève la jeune maman qui s’affaire à remplir les sacs.

La confection de ces paniers a été une opportunité de se diversifier pour Nouvelle Attitude. Une nécessité même. « Notre raison d’être est l’insertion par l’activité économique, avec comme activité historique celle du tri et du traitement des papiers et cartons collectés auprès des entreprises et collectivités. L’an dernier nous avons ainsi traité et trié 15.000 tonnes de papier et cartons qui sont ensuite recyclées. Mais les quantités baissent et vont continuer de baisser car la consommation de papier en général est moins importante », assure Julie Noël, responsable du site de Portet-sur-Garonne qui a ouvert ses portes il y a trois ans.

Après avoir ouvert un atelier de réparation de chariot roulant, de tri et réemploi de sac en Polypropylène, la préparation de paniers de fruits et légumes est venu compléter il y a quelques mois la panoplie de cette société qui emploie aujourd’hui sept salariés en insertion, souvent éloignés de l’emploi depuis un long moment.

Moins beaux mais moins chers

Chaque semaine, ils préparent ainsi environ 450 paniers et participent à l’économie circulaire. Un engagement important pour les fondatrices de la start-up Pimp Up qui se sont lancées il y a deux ans à Montpellier dans cette activité de paniers autour des valeurs antigaspi.

« Nous passons nos commandes auprès de coopératives ou directement des producteurs. Il y a les fruits et légumes biscornus, mais aussi le surplus qui était vendu à perte ou pas ramassés. Avant, une partie était transformée mais à un prix deux fois moins cher que ce que nous payons, nous, aux producteurs », assure Manon Pagnucco, l’un des deux créatrices de la jeune pousse. Pour alimenter la centaine de paniers vendus à Toulouse, elles sont en relation avec des agriculteurs du Tarn-et-Garonne, de l’Hérault ou encore de Corse pour des clémentines ou citrons bio. Tous trouvent là un débouché pour leurs fruits et légumes trop gros, trop tachés ou à date courte.

Un système qui permet aux consommateurs de manger des produits locaux, de qualité et de saison. « Mais aussi 30 à 40 % moins cher que dans le commerce, ce qui pour du Bio le rend accessible au plus grand nombre », assure Lory, le responsable de la société Bene Bono dans la Ville rose, qui enregistre chaque semaine entre 350 et 400 commandes de paniers. Pour l’instant, leurs livraisons entre l’atelier de confection de Nouvelle Attitude et les points de retrait se font en camion, mais l’entreprise qui s’est lancée il y a onze semaines sur Toulouse imagine d’ores et déjà passer à du « 100 % green » sur l’ensemble de la chaîne, du champ du maraîcher à l’assiette du consommateur. Afin que sur tous les tableaux, chacun y trouve son compte.