France

Réforme des retraites à Rennes : « Il n’y a pas d’impunité » pour les casseurs assure le préfet

« Il est temps d’arrêter cette pente dangereuse. Ne prenons pas le risque d’un drame pour regretter ce qui se passe sous nos yeux depuis de longs jours. » C’est par ces mots que le Medef d’Ille-et-Vilaine a enjoint le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à « renforcer au plus vite les moyens » pour lutter contre les dégradations commises depuis plusieurs semaines à Rennes. Alors que la contestation contre la réforme des retraites se déroulait presque sans heurts dans la plupart des villes françaises, la capitale bretonne se distingue depuis le début par la casse systématique de commerces et de mobiliers.

Pilotées par des individus radicaux proches de l’ultragauche, ces « actions » visent tout ce qui renvoie à une forme de capitalisme : banques, assurances, agences immobilières et grandes marques internationales ont été visées par des casseurs. Plus récemment, un magasin de vêtements, des hôtels et un salon de beauté ont également été saccagés par quelques individus cagoulés. Des dégradations systématiques qui font dire à certains que les casseurs peuvent agir en toute liberté. « Des casseurs, il y en a. Nous faisons face à une masse de personnes jeunes, rapides, mobiles et plutôt bien organisées, ce qui complique l’intervention des forces de l’ordre », reconnaît le patron des policiers Luca Togni. « Mais il n’y a aucune impunité », assure le préfet Emmanuel Berthier.

Pour le prouver, le préfet d’Ille-et-Vilaine s’est appuyé sur les chiffres du procureur de la République Philippe Astruc. Ce dernier a expliqué que 44 personnes avaient fait l’objet de poursuites judiciaires pour des faits commis en marge des manifestations : dégradations, jets de projectiles, violences ou attroupements. Un chiffre qui ne prenait pas en compte les 18 personnes placées en garde à vue après la manifestation du 15 mars. Mais bien souvent, les personnes interpellées sont libérées, faute de preuve. L’occasion pour Philippe Astruc de rappeler que « l’état de droit » devait perdurer. « Il y a peut-être des pays où le maintien de l’ordre est plus facile. En France, il n’y a pas de justice d’exception pour les manifestations rennaises. Si l’on doit condamner quelqu’un, on doit apporter la preuve de sa culpabilité. Ça ne veut pas dire qu’il y a une faiblesse de notre système », assure le procureur.

« Une ville n’est pas étanche »

Face aux dégradations qui touchent le centre-ville, la question de l’accès au centre historique a été posée aux autorités. A plusieurs reprises depuis le début du mouvement de contestation, des manifestants ont pu pénétrer en direction de la place des Lices ou de la place Sainte-Anne, bien loin du tracé déposé en préfecture par les syndicats. « La stratégie n’a pas changé depuis des années. Elle consiste à protéger avant tout les populations en fermant l’accès au centre-ville le long des quais. Mais une ville n’est pas étanche, on ne peut pas la rendre hermétique », assure Luca Togni. Mais pourquoi Rennes ? « Parce que nous faisons face à une nébuleuse de gens qui ont envie de casser. Nous avons des représentants de l’ultragauche ici. Ils sont plus nombreux qu’avant depuis l’abandon de Notre-Dame-des-Landes. Ils se sont décalés vers Rennes », avance le préfet.

Un rassemblement intersyndical est annoncé ce jeudi à 18 heures devant la nouvelle préfecture de Rennes, avant une neuvième journée de mobilisation et une nouvelle manifestation annoncée vendredi à 11 heures. Le choix du gouvernement de passer par le 49.3 ne va sûrement pas arranger les choses.