France

Que se passe-t-il à Valence où 3 hommes sont morts par balle en quatre jours ?

Une série noire qui interroge. Peu habituée à la faire la une des journaux, la ville de Valence (Drôme) connaît depuis le début de la semaine un regain de violence, encore rarement observé. Trois hommes y ont été tués par balle, en l’espace de quatre jours. Règlements de compte ? Grand banditisme ? Les autorités ont décidé de renforcer la présence des effectifs de police sur le terrain. 20 Minutes fait le point.

Qui sont les victimes ?

La première victime, un homme de 29 ans, a été tuée mardi soir dans le quartier Fontbarlettes. Selon TF1, elle aurait été atteinte de sept balles dans le corps. Gisant au sol à l’arrivée des secours, inconscient, l’individu a été transporté à l’hôpital où il est décédé. L’un de ses amis, âgé de 26 ans, a lui aussi été visé par des tirs et de balles et aurait eu l’oreille arrachée. « Il dit avoir été enlevé et violenté plus tôt dans la soirée », précisait alors le parquet de Valence ouvrant une enquête pour « meurtre en bande organisée » et « enlèvement et séquestration ».

Deux jours plus tard, une seconde victime a été abattue en pleine nuit. Cette fois, il s’agissait d’un père de famille qui « avait pas loin de la quarantaine ». L’homme, qui circulait en scooter, a été pris en chasse au niveau d’un rond-point à la sortie du parking du centre commercial de Valence 2. La course-poursuite s’est soldée par une rafale de tirs ayant amené le conducteur du deux-roues à chuter sur la chaussée. « L’un des occupants du véhicule aurait quitté la voiture pour à nouveau ouvrir le feu sur la personne au sol », indiquait le procureur de la République de Valence Laurent de Caigny, lors d’un point presse. Son scooter a pris feu et « ce feu a aussi blessé, si elle n’était déjà morte, la personne au sol ». L’homme, connu des services de police et de justice, « était sorti de détention, il y a quelques semaines », détaillait Laurent de Caigny.

Le troisième homicide de ce type a été enregistré samedi matin. Le corps d’un homme de 38 ans a été retrouvé vers 9h30, criblé de balles dans un ancien bar, situé avenue de Chabeuil. Lui aussi, était connu des services de police pour des affaires de trafic de drogue. Selon Le Dauphiné Libéré, ses deux frères avaient déjà été tués, il y a deux ans et demi. Alors âgé de 30 ans, le premier avait été abattu au volant de sa voiture dans un lotissement de Bourg-lès-Valence. Le second, qui avait 37 ans, avait été tué le lendemain, sur le parking d’un hôtel à Valence.

Les trois affaires sont-elles liées ?

« Pour l’instant, il n’y a aucun lien qui est fait avec les deux précédents morts », a souligné Laurent de Caigny, au sujet de la troisième victime. « Si je prends ces éléments d’histoire contrastés de ce défunt, si je regarde ce mode opératoire, je pense que tout ça, sans avoir besoin de faire beaucoup de criminologie ou de cinéma, nous amène à du grand banditisme », poursuit-il, préférant toutefois se montrer « prudent ».

« Compte tenu de l’ampleur et la gravité des faits », les enquêtes, confiées aux polices judiciaires de Valence et Lyon, sont désormais sous l’autorité de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon, a précisé la préfecture de la Drôme.

Quels moyens déployés ?

Après les deux premiers homicides, la préfecture de la Drôme a annoncé vendredi une « augmentation notable » des effectifs de police sur le terrain. Mercredi, une demi-compagnie de CRS avait été déployée avant l’arrivée en renfort, vendredi, de la CRS 8 (une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines). Au total, cela concerne une centaine d’hommes supplémentaires. Des gendarmes de la Drôme ont également été mobilisés.

Le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux s’est rendu sur place samedi après-midi afin d’apporter « un message de soutien aux forces de l’ordre ». « Quand la folie meurtrière s’empare de ces individus qui n’ont peur ni de la mort, ni de la prison, c’est difficile. Le but est de dissuader un maximum, c’est ce qu’on fait déjà sur le terrain », a-t-il affirmé devant la presse, ajoutant que le dispositif des forces de l’ordre ne sera levé que « lorsque la situation sera établie ». Et de conclure : « A la fin, c’est toujours la police qui gagne. »