France

Pourquoi Orange veut abandonner tout son réseau cuivre

Les plus anciens ont été déroulés dans les années 1950 pour déployer ce qui n’était alors qu’un modeste réseau de téléphonie. Meurtrie par la Seconde Guerre mondiale, la France se relevait à peine et peu d’habitants possédaient un téléphone à leur domicile. L’arrivée progressive du réseau de cuivre allait tout changer. Chargé de faire circuler les conversations téléphoniques avant de faire fonctionner les fax et le désormais retraité Minitel, le réseau de communication orangé s’est ensuite adapté à l’arrivée d’Internet pour apporter le haut débit à des millions de foyers. Soixante-quinze ans après l’installation des premiers câbles de cuivre par les PTT, le réseau s’apprête à s’éteindre progressivement. Chahuté par les performances de la fibre, le réseau cuivre aura complètement disparu en 2030, a promis Orange.

Après quelques tests, l’opérateur téléphonique a obtenu le feu vert de l’Arcep, le gendarme des télécoms, pour démanteler son réseau cuivre dans sept quartiers de Rennes (lire encadré) et dans 162 autres communes plus ou moins denses. Réparties un peu partout en France, ces collectivités verront leur réseau cuivre s’éteindre le 31 mars 2025 faisant disparaître dans le même temps les offres ADSL que les plus jeunes d’entre vous n’ont sans doute jamais connues. Pourquoi ? « Parce que le réseau arrive à la limite de ses capacités. Nous l’avons poussé, monté en débit et en puissance mais on ne peut plus faire mieux », explique Jean-Marc Escalettes, directeur d’Orange Ouest.

Face à la fibre optique, le cuivre ne fait plus le poids. Plus lent, il déteste l’eau, faisant régulièrement subir des coupures d’Internet ou de TV lors des épisodes pluvieux. Impossible dans ces conditions de supporter les nouveaux usages de streaming vidéo, de télétravail ou de multi-écrans. Surtout, l’entretien du réseau coûte cher. « On a enregistré 350.000 interventions en 2022 liées aux intempéries rien qu’en Bretagne », explique le directeur régional.

La fin des vols de cuivre pour les opérateurs ?

Annoncé en 2019, le retrait du métal devenu précieux permettra aussi d’éviter les vols. Chaque année, des kilomètres de câble sont dérobés aux opérateurs. Acheté entre 8.000 et 9.000 euros la tonne quand il est neuf, le cuivre se revend à 4.000 euros la tonne sur le réseau parallèle. « Cela nous coûte cher et ça peut priver des habitants de réseau pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines », rappelle Jan Charny, qui dirige le projet de retrait chez Orange. La fibre étant faite en verre, elle n’est pas recherchée par les voleurs. Le retrait du réseau cuivre permettra aussi à l’opérateur historique de restituer la matière première à des associations de recyclage. Enfin, l’abandon du vieux réseau permettra d’alléger l’empreinte carbone : la fibre affiche une consommation énergétique trois à quatre fois inférieure à celle du cuivre.

Illustration d'une armoire de fibre optique ici de l'opérateur Orange dans la commune du Rheu, près de Rennes.
Illustration d’une armoire de fibre optique ici de l’opérateur Orange dans la commune du Rheu, près de Rennes. – C. Allain/20 Minutes

Avant de tirer sur ses câbles, l’opérateur téléphonique va devoir alerter ses clients. Il cessera dès 2024 de commercialiser des offres ADSL afin d’alerter ses abonnés sur la disparition progressive du haut débit. Ses concurrents Bouygues, Free et SFR devront faire de même. Il resterait en France plus de 22 millions de lignes actives, tout opérateur confondu. Si certaines sont peu ou pas utilisées, d’autres alimentent des systèmes d’alarmes ou les appels d’urgence d’ascenseurs qui devront s’adapter.

Informer les personnes âgées

Il reste aussi dans le pays un nombre important de foyers non raccordés à la fibre. Pour la plupart d’entre eux, la disparition du cuivre va les contraindre à changer de formule. « Nous devons le faire comprendre à certains de nos clients, notamment les plus âgés. Dans deux ans, leur téléphone devra passer par la fibre », explique Jean-Marc Escalettes. Le directeur d’Orange Ouest assure que l’offre ne coûtera pas plus cher pour l’abonné et que son entreprise prendra en charge les frais de raccordement. On ignore quelle sera la politique des autres opérateurs.