France

La Réunion : Entre cérémonies et entretiens officiels, Elisabeth Borne en visite auprès des habitants

Élisabeth Borne a entamé jeudi son premier déplacement outre-mer, à La Réunion, où elle restera jusqu’à samedi pour « comprendre » et « répondre » aux « préoccupations quotidiennes » des habitants, sur fond de contestation annoncée des oppositions. L’avion de la Première ministre a atterri à 07h23 heure locale à Saint-Denis-de-la-Réunion. Le cortège a quitté la zone aéroportuaire sous un imposant dispositif policier, évitant les quelques dizaines de manifestants, certains munis de casseroles, qui attendaient son arrivée.

Après un dépôt de gerbe au Monument aux morts de Saint-Denis, la Première ministre visitera un projet de basculement des eaux (aqueduc souterrain) et inaugurera une maison France Service dans la commune de Salazie, au centre de l’île, avant de rencontrer l’après-midi plusieurs élus et acteurs économiques. Juste avant son départ mercredi soir, elle a célébré à Paris la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, une question qui reste sensible outre-mer.

Entre cérémonies et entretiens officiels, séquences dédiées à l’écologie, au logement, à l’emploi ou à l’agriculture, un intense programme attend la Première ministre pour cette visite de trois jours dans l’océan Indien, qu’elle effectue avec quatre ministres Christophe Béchu (Transition écologique), Marc Fesneau (Agriculture), Olivier Klein (Logement) et Jean-François Carenco (Outre-mer). « Le fil rouge, c’est vraiment la vie quotidienne, les préoccupations des habitants de l’île et comment on répond à toutes ces préoccupations », explique-t-on à Matignon. « Vous avez dû remarquer que j’avais eu un agenda parlementaire un peu chargé. C’est la première fois que je peux dégager un temps suffisant » pour une visite outre-mer, a expliqué Borne dans l’avion.

36 % des habitants sous le seuil de pauvreté

Une volonté affichée, également, d’aller au contact de la population dans un contexte de contestation persistante de la réforme des retraites et de déplacements officiels perturbés. La tâche s’annonce délicate pour la cheffe du gouvernement à La Réunion où les syndicats et La France insoumise ont lancé des appels à protester, casseroles en main, tout au long de la visite. Aucune interdiction de manifester n’est envisagée à ce stade. « La Première ministre vient pour aller à la rencontre des Réunionnais », insiste-t-on rue de Varenne.

Sans majorité absolue à l’Assemblée, fragilisée par l’utilisation du 49.3 sur les retraites, Élisabeth Borne affronte une équation politique des plus incertaines, nantie d’une nouvelle feuille de route gouvernementale imposante et mouvante -l’exécutif a une nouvelle fois changé de calendrier sur le volet immigration- et d’une clause de revoyure présidentielle fixée au 14 juillet.

C’est cette feuille de route, qui s’étend au-delà des « cent jours » décrétés par le chef de l’État, que Borne exposera à La Réunion. En amont d’un Comité interministériel sur l’outre-mer prévu « dans les prochaines semaines », selon Matignon. Dans ce département français de l’océan Indien, où selon l’Insee, 36 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et où les pensions sont les plus faibles de France, la réforme des retraites a soulevé un fort mécontentement. Le 31 janvier, 10.000 personnes avaient répondu à l’appel à manifester lancé par l’intersyndicale locale