France

Pourquoi le prix des pâtes, du shampooings ou du café va baisser dès l’été

Dans un contexte d’inflation toujours très élevée, le gouvernement a mis la pression et les géants industriels français ont dit « ok ». Les négociations avec les distributeurs vont rouvrir de manière anticipée dans l’optique de faire baisser le prix des produits en rayon dès l’été.

Chaque année, les prix des produits vendus aux supermarchés sont fixés à l’issue d’une période de négociation. Celle pour 2023, achevée le 1er mars, a abouti à une hausse moyenne d’environ 10 % des prix payés par les enseignes aux industriels. Ces derniers réclamaient depuis des mois des hausses de tarifs pour tenir compte de l’augmentation de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages, etc.). Mais depuis, les coûts de certaines matières premières agricoles ou de l’énergie ont eu tendance à se stabiliser, voire à baisser.

Le gouvernement demandait donc depuis quelques semaines des baisses de prix, et avait brandi la menace fiscale sur les « marges indues » des industriels si aucun geste n’était fait. Interrogé mercredi en marge d’un déplacement, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est félicité de cet accord fraîchement trouvé : « C’est une excellente nouvelle pour les consommateurs. » « Ca veut dire que les prix vont être renégociés à la baisse de manière anticipée, donc nous pouvons casser la spirale inflationniste – comme nous nous y sommes engagés – d’ici l’automne prochain sur les prix alimentaires », a-t-il fait valoir.

« Le Top 75 » à la table des négociations avant la fin mai

Convoqués mercredi matin à Bercy, les représentants de l’Ania, principale instance représentative du secteur, et de l’Ilec, qui porte la voix des industriels des grandes marques nationales, ont donc en effet fait un pas dans le sens du gouvernement, qui leur réclamait depuis quelques semaines de revoir à la baisse le prix de vente de leurs yaourts, shampooings ou pâte à tartiner aux supermarchés. « On s’engage avant la fin du mois de mai à ce que  »le Top 75 », les 75 plus grandes entreprises en France de produits de grande consommation se remettent à la table des négociations », a indiqué le président de l’Ania, Jean-Philippe André, à l’issue de cette réunion avec le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure et Olivia Grégoire, ministre déléguée notamment au Commerce.

Le « Top 75 » rassemble, entre autres, Andros, Bonduelle, Coca-Cola, Pernod Ricard, Nestlé, Lactalis, Danone, Pasquier, Panzani, Unilever, Mars, Kellogg’s ou Saint-Michel. Et, au final, les produits essentiellement composés de blé, d’huile végétale ou encore d’arabica, dont les cours ont baissé, devraient voir leurs prix baisser plus rapidement.

Ces géants industriels sont concernés dès lors qu’ils ont « connu une baisse du coût de l’un de leurs intrants, affectant le prix de production, de plus de 20 % depuis le 1er mars 2023 », et qu’ils ont obtenu plus de 10 % de hausse de leurs tarifs lors des dernières négociations, précisent l’Ania et l’Ilec dans un communiqué. Les autres industriels pourront aussi se remettre à la table des négociations de leur plein gré.

Les industriels ont accepté, d’autre part, « de renforcer les promotions commerciales » pour contribuer à une baisse de prix immédiate en rayon, ont indiqué les représentants de l’Ania et de l’Ilec.

« Les PME n’ont rien à y faire »

Le fait que ces renégociations se concentrent uniquement sur les plus gros industriels de l’agroalimentaire permet « une fois pour toutes » de sortir « de ce débat les PME, qui n’ont rien à y faire », a souligné le président de l’Ania, Jean-Philippe André. De quoi soulager les plus petits groupes ou ceux avec une activité spécifique, qui s’étaient montrés très inquiets.

Mardi, le syndicat Brasseurs de France soulignait auprès de l’AFP que les coûts de production (verre, emballages) « restent à des niveaux très élevés », et que les tarifs de l’énergie ont été « multipliés par quatre » pour certaines PME, qui ont renouvelé leurs contrats en fin d’année, quand les cours étaient à des niveaux bien supérieurs. Les entreprises de charcuterie-traiteur, par la voix de leur fédération (FICT), avaient aussi fait part mardi de leurs craintes que de telles renégociations les mettent « davantage en péril », alors que le prix des pièces de découpe de porc qu’ils utilisent enregistre une nouvelle augmentation de « 15 à 20 % depuis le début de l’année ».

A noter que ces renégociations se feront sous l’œil inquiet des agriculteurs, qui craignent toujours que les guerres des prix se fassent au détriment de leurs propres revenus. « Comme promis, ces renégociations ne concerneront pas les PME, et n’impacteront pas les agriculteurs », a martelé pour sa part Olivia Grégoire, saluant mercredi dans un tweet « l’esprit de responsabilité » des grands industriels.