France

Pour ses 10 ans, le Mucem à la recherche d’un public plus populaire

Un anniversaire « totalement dédié au public » et 100 % « fait maison », autrement dit sans agence d’événementiel ni ligne budgétaire de l’Etat supplémentaire. Pour ses 10 ans, fêtés à partir du premier week-end de juin, le Mucem veut mettre des paillettes dans les yeux… des Marseillais. « On veut dire au public que ce lieu est le leur », martèle le nouveau directeur Pierre-Olivier Costa, et ancien directeur de cabinet de Brigitte Macron. Car s’il est « le seul musée national à avoir retrouvé sa fréquentation d’avant Covid », avec 1,2 million d’entrées sur le site – le Mucem a pour particularité d’être un lieu-promenade, entre le fort Saint-Jean et la terrasse du J4 – le loup se cache dans les détails : un tiers seulement des visiteurs poussent la porte des salles d’exposition.

« Nous avons une surreprésentation de CSP + dans les expositions, relève ainsi Pierre-Olivier Costa en conférence de presse. Cela ressemble à une sociologie de musée parisien. Nous voulons changer la sociologie des visiteurs du Mucem, qu’elle ressemble à notre territoire. » Le directeur souligne là l’un des paradoxes de ce lieu culturel, à l’architecture signée Rudy Ricciotti, posé à l’entrée du Vieux-Port : « Le Mucem est devenu un lieu emblématique de la ville comme le stade Vélodrome ou Notre-Dame-de-la-Garde. C’est une énorme réussite, qui fait partie du patrimoine marseillais ». « L’impact a été culturel, poursuit-il. Beaucoup d’initiatives sont nées, entraînées par la vague du Mucem, des personnes qui nous disent  »vous êtes un peu le phare culturel du territoire, cela vous donne une responsabilité ». Sur le tourisme, les entreprises qui viennent s’installer à Marseille, ce n’est pas neutre non plus que le Mucem soit présent. » Pour autant donc, un certain public manque au rendez-vous.

Black M, Alonzo, Soolkingun…

Dans la continuité des bus « Destination Mucem », qui trois dimanches par mois proposent aux habitants des quartiers éloignés du musée de pouvoir s’y rendre plus facilement, un travail va être mené sur la signalétique des expositions. Sur leur titre aussi, indique le directeur qui cite comme contre-exemple, par son côté trop expert : « Alexandrie : futurs antérieurs ». Une nouvelle exposition permanente, baptisée « Populaire ? », mettra par ailleurs en avant les collections du Mucem en expliquant ce qu’est un musée de société. Mieux informer le public, mieux le guider mais aussi, relate Pierre-Olivier Costa, « réarmer le fort Saint-Jean de propositions culturelles » : « C’est nous qui allons aller vers le public, pour lui proposer des activités culturelles, et cela très vite », promet-il.

Le premier week-end de juin doit en être une illustration. C’est le première des dix dates événements qui vont rythmer, jusqu’en juin 2024, cette année anniversaire. Chacune sera financée grâce à des partenariats. « L’idée n’est pas de donner un rendez-vous précis, mais de surprendre les visiteurs, explique le directeur du Mucem. En déambulant, en ouvrant une porte, ils pourront voir dans le fort Saint-Jean un spectacle de danse contemporaine, en descendant dans le jardin, une troupe de théâtre, en remontant dans le J4 une proposition de musique classique, puis en redescendant de la musique rap, etc. » Au programme également, un grand concert le vendredi soir avec les rappeurs Black M, Alonzo et Soolkingun, un spectacle pyrotechnique du groupe F le samedi soir sur l’esplanade et le dimanche soir, pour clôturer la soirée, trois bals aux ambiances musicales différentes. Le tout entièrement en accès libre.