France

Bordeaux : Les cordonnières de chez Veja ont des paires (de sneakers) sur la planche

Plus d’excuses pour se traîner de vieilles baskets usées ou trouées. En juin 2020, le premier projet de cordonnerie de la marque de sneakers Veja a ouvert en juin 2020, sur le site de Darwin. Cette ancienne caserne militaire, lieu alternatif de la rive droite, regroupe des commerces, une pépinière, des espaces de coworking et de loisirs.

Trois ans plus tard, et alors que la marque branchée de sneakers a ouvert d’autres services de cordonneries, en région parisienne et à Berlin, l’expérimentation est plutôt un succès avec 2.590 paires réparées sur le site bordelais. Dans le magasin baptisé « Veja x Darwin », les clients peuvent aussi trouver des prototypes jamais lancés, des paires avec des défauts minimes à prix réduits et des paires d’anciennes collections.

Le prix des réparations compétitif par rapport au neuf

« Le temps que l’on passe sur une paire varie beaucoup selon la réparation mais on est rarement en dessous de trente minutes et en moyenne souvent autour d’une bonne heure, explique l’une des cordonnières de Veja, à Darwin. Les plus grosses réparations peuvent prendre quatre à cinq heures, en incluant toutes les étapes, notamment de séchage. » Les tarifs moyens des réparations pratiquées dans un délai d’environ une semaine y sont compris entre 35 et 40 euros. « Ce qui est très compétitif par rapport au neuf », remarque Daniel Schmitt, chargé de projets sociaux et environnementaux chez Veja.

Il faut dire que chez Veja, qui se présente comme la marque du « commerce équitable de la basket », il faut débourser entre 125 et 175 euros environ pour s’offrir une paire neuve. La stratégie de la marque est de délaisser la publicité, qui représente jusqu’à 70 % du prix du produit final pour des sneakers classiques, pour rémunérer davantage les producteurs de matières premières (coton bio et caoutchouc issus du Brésil). Pour le cuir, une attention particulière est portée « au tannage et à la traçabilité », précise Alice Dubuis, assistante communication chez Veja.

« Faire renaître des métiers oubliés »

Les cordonniers traditionnels, de plus en plus rares, ne sont pas toujours capables de réparer des sneakers, surtout quand elles mixent plusieurs matériaux. C’est la raison pour laquelle, les cordonniers de chez Veja ont l’avantage de se former spécifiquement à la réparation de baskets et pas seulement de la marque Veja. « Notre objectif avec celui d’augmenter la durée de vie des produits, c’est de faire renaître des métiers oubliés », précise Daniel Schmitt. En trois ans, ce sont au total 13.000 paires qui ont été et dix cordonniers qui ont été formés.

Selon le premier bilan, le taux de réparabilité est très élevé, soit 96 %. Et, les chaussures vraiment irréparables sont stockées en vue de procéder à un recyclage matière par matière et en vue « d’une matière recyclée de bonne qualité », précise le chargé de projets. Des rapports sur les défauts qui reviennent beaucoup sont aussi remontés par les cordonniers et permettent des améliorations en amont.

Le slogan de la marque dont l’ambition est « d’inventer le magasin du futur » laisse songeur : « les baskets les plus écologiques sont celles que vous portez déjà » car on se doute qu’elle n’a pas envie d’arrêter tout à fait de vendre des paires à ses clients. Daniel Schmitt explique qu’à la sortie de la cordonnerie l’idée est que le client reparte avec le même « attachement émotionnel » que lorsqu’il vient d’acheter une paire neuve. Une façon de fidéliser sa clientèle et de peaufiner son image de marque écolo.